Le président français Emmanuel Macron a rencontré le pape François le 26 juin 2018 au Vatican. | © Flickr/Arno Mikkor/CC BY 2.0
International

France: allègement du confinement, les évêques «déçus et surpris»

Annonçant au soir du 24 novembre 2020 l’allègement du confinement, le président Emmanuel Macron a mentionné «la stricte limite de 30 personnes» autorisées dans le cadre de l’exercice public du culte à partir du 28 novembre. Réagissant immédiatement à cette annonce, la Conférence des évêques de France (CEF) s’est dite «à la fois déçue et surprise», affirmant que «les catholiques n’ont pas été entendus».

Suite à «l’incompréhension manifestée par les catholiques et d’autres» quant au nombre de 30 personnes autorisées à assister à une célébration publique à partir du 28 novembre, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la CEF, a eu un échange téléphonique au soir du 24 novembre avec Emmanuel Macron.

Le dialogue se poursuit

«Il ressort qu’une jauge réaliste, tout en restant stricte, sera définie d’ici le 26 novembre pour une mise en application en deux étapes: samedi 28 novembre puis après la réévaluation du 15 décembre. C’est dans cette perspective que la CEF continue son dialogue avec les services du Premier Ministre et du Ministre de l’Intérieur», écrit la CEF dans un communiqué.

«Cette annonce n’est pas du tout conforme aux discussions qui ont eu lieu ces dernières semaines avec les ministres concernés». Dès le soir du 24 novembre, avec des représentants d’autres confessions chrétiennes, dont le pasteur François Clavairoly, président de la Fédération Protestante de France (FPF) et le métropolite orthodoxe Emmanuel, Mgr Eric de Moulins-Beaufort a interpellé Emmanuel Macron pour demander que soit révisée cette mesure. En effet, estime la CEF, «cette mesure irréaliste et inapplicable est tout à fait irrespectueuse de la réalité de la pratique religieuse des catholiques».

Le gouvernement «paraît ignorer» le sens des responsabilités des fidèles

L’Eglise catholique a proposé dans son protocole un espace de 4m2 autour de chaque fidèle et une occupation partielle de l’église au 1/3 de la capacité habituelle. «Les catholiques sont conscients des enjeux sanitaires et sont capables de faire preuve d’une totale responsabilité dans l’application des règles de protection», insiste la CEF.

«La mesure annoncée paraît ignorer ce sens des responsabilités dont ils ont déjà su faire preuve depuis le début de l’épidémie. La période de l’Avent qui s’ouvre devant nous est un temps fondamental de préparation à Noël. Le rassemblement dominical constitue une étape essentielle pour les fidèles durant cette période».

«Irrespectueux, irréaliste, inapplicable»

La jauge maximale de trente fidèles limite sévèrement le retour des assemblées eucharistiques et les réseaux sociaux se déchaînent. Le Père Hervé Grosjean, fameux «cybercuré», répercute la parole des évêques dans son tweet: «Irrespectueux, irréaliste, inapplicable’. Les évêques en colère après la décision de l’@Elysee de limiter à 30 personnes l’assistance aux messes, quelle que soit la superficie de l’église. Ils ont demandé dès ce soir à @EmmanuelMacron que cette mesure soit révisée».

Pour Vincent Neymon, porte-parole de la CEF, Emmanuel Macron n’a donné aucune précision sur la deuxième période du 15 décembre au 20 janvier, durant laquelle auront lieu les célébrations de Noël.  

«Il faut apprendre à compter !»

«30 personnes dans ma cathédrale, c’est ridicule et absurde. Elle fait 96 m de long et 25 m de large (transept 40m) sur 30 m de hauteur. Total = 2500 m² : avec 4 m² par personne, on peut mettre 600 personnes ! Il faut apprendre à compter !», enrage sur twitter Mgr François Touvet, évêque de Châlons-en-Champagne.

«J’ai mal entendu ? 30 personnes ? Quelle que soit la taille des églises ?», martèle Mgr Xavier Malle, évêque de Gap et d’Embrun, qui se démultiplie sur twitter, suivi par Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne  qui se demande: «Sur quels critères allons-nous sélectionner les 30 heureux élus qui seront autorisés par M. Macron à participer à la messe?»

Les catholiques «ultras» et les élections présidentielles de 2022

Sur la toile, le ton est majoritairement à la défiance face aux mesures gouvernementales. De leur côté, les «catholiques ultras» s’en donnent à cœur joie pour pourfendre les mesures prescrites, donnant rendez-vous aux Français pour sanctionner le gouvernement lors des élections présidentielles de 2022. (cath.ch/cef/be)

Le président français Emmanuel Macron a rencontré le pape François le 26 juin 2018 au Vatican. | © Flickr/Arno Mikkor/CC BY 2.0
25 novembre 2020 | 11:40
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
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