Il y a 20 ans, deux religieuses françaises étaient

France: Besançon et Belfort-Montbéliard se souviennent des sœurs A. Domon et L. Duquet

assassinées par la dictature militaire argentine

Belfort, 15 octobre 1997 (APIC) Il y a vingt ans cette année que périssaient, sous les coups des tortionnaires de la dictature militaire argentine, deux religieuses françaises du diocèse de Besançon, les sœurs Alice Domon et Léonie Duquet. Dimanche prochain, 19 octobre, les diocèses de Besançon et de Belfort-Montbéliard feront mémoire des deux disparues, séquestrées par les «escadrons de la mort» du tristement célèbre lieutenant de vaisseau Alfredo Astiz.

Une messe solennelle sera présidée par Mgr Lucien Daloz, archevêque de Besançon, et par Mgr Eugène Lecrosnier, évêque de Belfort-Montbéliard, à Notre-Dame de la Consolation, à une soixantaine de km à l’Est de Besançon. Une table-ronde sur le témoignage évangélique et le martyre de ces deux religieuses qui ont donné leur vie pour les tout petits et les pauvres d’Amérique latine, sera animée par le Père Charles Antoine, ancien directeur de l’agence DIAL (Diffusion de l’information sur l’Amérique latine).

Des opposants jetés vivants à la mer du haut d’avions militaires

Sous l’accusation fallacieuse de «subversion communiste» – un motif sempiternellement évoqué par les dictatures latino-américaines pour justifier l’extermination de l’opposition et pour s’attirer, avec un certain succès, les grâces d’une hiérarchie catholique aveuglée, dans une forte proportion, par l’idéologie dominante – les deux religieuses ont été enlevées en décembre 1977, torturées, violées et assassinées. «Leur destin tragique relève du lourd contentieux politique et humain des quelque 15’000 ’détenus disparus’, victimes d’unités militaires des trois armes, agissant sur ordre supérieur, à l’époque de la dictature des généraux au pouvoir à Buenos Aires de 1976 à 1983», écrit le P. Charles Antoine, dans la dernière livraison de SNOP, la lettre d’information de la Conférence des Evêques de France.

Le Père Charles Antoine rappelle que l’une des méthodes d’extermination des opposants ou considérés tels était de les jeter à la mer du haut d’avions militaires, dénudés, endormis par piqûre mais toujours vivants. Une opération effectuée sous le contrôle d’officiers argentins, dont certains sont passés aux aveux publics. Un sort atroce qu’ont sans doute subi les deux religieuses martyres.

Une vie dédiée aux pauvres d’Amérique latine

Alice Domon et Léonie Duquet, appartenaient toutes deux à l’Institut des Missions étrangères de Notre-Dame de la Motte, fondé par une argentine dans le diocèse de Toulouse. L. Duquet est envoyée en Argentine dès 1949, où elle travaillera dans la catéchèse des enfants et des jeunes. De plus en plus sensibilisée à la misère des banlieues de la capitale argentine, les «villas miserias», et à la marginalisation des populations indiennes. Le 10 décembre 1977, elle est enlevée par des militaires sous prétexte qu’elle avait hébergé Sœur Alice Domon.

Cette dernière, arrivée en Argentine en 1967, a d’abord débuté auprès des enfants, notamment handicapés mentaux, avant de radicaliser son engagement auprès des pauvres des «villas miserias» de Buenos Aires, puis en milieu rural. Menacée dans son village, elle travaille ensuite avec le groupe des «Mères de la Place de Mai» qui luttent pour retrouver les «disparus» enlevés par les «escadrons de la mort» des généraux argentins. Le soir du 8 décembre 1977, elle est séquestrée en compagnie de douze autres mères de disparus, alors que le groupe sort de l’église de Santa Cruz. Depuis, le silence des autorités argentines est total sur les religieuses et les mères enlevées.

L’assassin prend du grade, malgré un mandat d’arrêt international

Le 20 octobre 1989, la justice française se saisissait d’une plainte contre le lieutenant de vaisseau Alfredo Astiz, citoyen argentin accusé de l’arrestation illégale des deux religieuses françaises, de leur séquestration et de pratique de tortures physiques sur leurs personnes. Le 16 mars 1990, la Cour d’Assise de Paris condamnait par contumace Astiz à la peine de réclusion criminelle à perpétuité. «Un mandat d’arrêt international est lancé depuis contre celui qui a été successivement promu par le gouvernement argentin capitaine de corvette en 1987 et capitaine de frégate en 1993», rappelle le Père Charles Antoine. (apic/snop/be)

10 avril 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!