Benoît XVI invite à une réflexion sur le sens de la laïcité
France: Le pape reçu à l’Elysée par le président Sarkozy
Paris, 12 septembre 2008 (Apic) Benoît XVI a souligné la «nécessité», pour la France, de mener une «nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité» lors de son tout premier discours sur le sol français, au Palais de l’Elysée, le 12 septembre. Un discours attendu, après les propos du président Sarkozy lors de sa visite à Rome, en décembre dernier à Rome sur la «laïcité positive».
Benoît XVI est intervenu au cours de la cérémonie d’accueil et après sa visite de courtoisie au président de la République Nicolas Sarkozy. Dans ce discours, le pape a aussi évoqué sa «préoccupation majeure» pour les jeunes, ainsi que l’importance de «légiférer pour éradiquer les injustices».
Dans son discours en français, le pape a ainsi parlé de la question des «rapports de l’Eglise et de l’Etat», reprenant l’expression de «laïcité positive» utilisée par Nicolas Sarkozy lors de sa visite à Rome en décembre 2007, «pour qualifier cette compréhension plus ouverte». «En ce moment historique où les cultures s’entrecroisent de plus en plus, je suis profondément convaincu qu’une nouvelle réflexion sur le vrai sens et sur l’importance de la laïcité est devenu nécessaire», a-t-il affirmé.
Pour le pape, «il est en effet fondamental, d’une part, d’insister sur la distinction entre le politique et le religieux, afin de garantir aussi bien la liberté religieuse des citoyens que la responsabilité de l’Etat envers eux, et d’autre part, de prendre une conscience plus claire de la fonction irremplaçable de la religion pour la formation des consciences et de la contribution qu’elle peut apporter, avec d’autres instances, à la création d’un consensus éthique fondamental dans la société».
L’Europe et les jeunes
Benoît XVI a ensuite évoqué la présidence de l’Union Européenne, actuellement menée par la France. «Lorsque l’Européen verra et expérimentera personnellement que les droits inaliénables de la personne humaine, depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, ainsi que ceux relatifs à son éducation libre, à sa vie familiale, à son travail, sans oublier naturellement ses droits religieux, lorsque donc cet Européen saisira que ces droits, qui constituent un tout indissociable, sont promus et respectés, alors il comprendra pleinement la grandeur de la construction de l’Union et en deviendra un artisan actif», a-t-il dit.
Unité sans uniformité
«Devant le danger de l’émergence d’anciennes méfiances, de tensions et d’oppositions entre les nations, dont nous sommes aujourd’hui les témoins préoccupés, la France, historiquement sensible à la réconciliation des peuples, est appelée à aider l’Europe à construire la paix dans ses frontières et dans le monde entier», a ajouté Benoît XVI. «A cet égard, il est important de promouvoir une unité qui ne peut pas et ne veut pas être une uniformité, mais qui est capable de garantir le respect des différences nationales et des diverses traditions culturelles qui constituent une richesse dans la symphonie européenne».
Dans son discours prononcé au Palais de l’Elysée devant un parterre d’invités, Benoît XVI a aussi évoqué «les jeunes», qui sont sa «préoccupation majeure». «Parfois marginalisés et souvent abandonnés à eux-mêmes, ils sont fragiles et ils doivent affronter seuls une réalité qui les dépasse», a regretté le pape. «Il est donc nécessaire de leur offrir un bon cadre éducatif et de les encourager à respecter et à aider les autres, afin qu’ils arrivent sereinement à l’âge responsable».
Le souci des plus pauvres et de l’environnement
Le pape s’est également soucié de «la situation sociale occidentale, hélas marquée par une avancée sournoise de la distance entre les riches et les pauvres». Benoît XVI a ainsi souhaité que l’on trouve «de justes solutions» afin de «protéger les faibles et de promouvoir leur dignité». «L’Eglise, tout comme de nombreuses associations dans votre pays, tente souvent de parer à l’immédiat, mais c’est à l’Etat qu’il revient de légiférer pour éradiquer les injustices».
Benoît XVI s’est enfin préoccupé de «l’état de notre planète». Invitant à «respecter» et «protéger» le monde, le pape a souhaité «des propositions plus constructives pour garantir le bien des générations futures».
C’est à 12h30 que Benoît XVI est arrivé au Palais de l’Elysée. Accueilli sur le perron du palais présidentiel par Nicolas Sarkozy. Le pape a alors salué avec entrain les journalistes et la foule présente. Le pape et Nicolas Sarkozy se sont ensuite entretenus en privé pendant une quinzaine de minutes.
Le président français, en présence de son épouse, a ensuite offert au pape une lithographie et un ouvrage de Pascal. Benoît XVI a quant à lui fait don d’une vue de la basilique Saint-Jean-de-Latran de Piranèse. Les deux chefs d’Etats se sont ensuite rendus dans la grande salle des fêtes, où ils se sont exprimés.
Nicolas Sarkozy est entre autres revenu une nouvelle fois sur le concept de «laïcité positive». Il a indiqué que «la quête de spiritualité» n’était «pas un danger pour la démocratie» ou «un danger pour la laïcité».
Après ce premier rendez-vous d’une heure à l’Elysée, Benoît XVI est allé déjeuner et se reposer à la nonciature apostolique de Paris, son lieu de résidence dans la capitale française. C’est là qu’il rencontrera brièvement, à 17h, des représentants de la communauté juive, avant d’intervenir au Collège des Bernardins devant «le monde de la culture». (apic/imedia/ms/pr)