France: Mgr Vingt-Trois: la messe en latin: une «question de volonté de vivre ensemble»
Débat au sein des évêques de France lors de l’Assemblée plénière?
Lourdes, 17 octobre 2006 (Apic) L’archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois, a estimé lundi que le fond du débat sur une éventuelle autorisation de la messe en latin était la «volonté de vivre ensemble». L’archevêque de Paris participe actuellement à l’Assemblée plénière des évêques de France, du 4 au 9 novembre à Lourdes. La question sera-t-elle abordée?
«Le fond du problème est de savoir comment on va construire une communion de l’Eglise», a-t-il estimé dans une interview lundi à France-Info, reprise par l’Agence France presse. «Est-ce une communion de l’Eglise uniformisée et uniformisante ou qui fait droit à des différences de sensibilité, d’approche?».
«Dans ce débat il y a des gens qui ont une sensibilité particulière, qui sont tout à fait respectables et qui doivent être accompagnés dans cette sensibilité pourvu qu’ils respectent le coeur de la vie ecclésiale et qu’ils n’en fassent pas une affaire de scission», ajoute-t-il dans une allusion aux traditionalistes.
Toutefois Mgr Vingt-Trois s’est montré prudent sur le sujet estimant que pour le moment «on parle d’un texte que personne ne connaît et que personne n’a vu».
La discussion au sujet d’un rapprochement de Rome avec les traditionalistes suscite un véritable débat, et même des oppositions au sein de la curie.
Document du pape en préparation
Le pape Benoît XVI prépare en effet actuellement un Motu Proprio en vue de libéraliser la messe traditionnelle de saint Pie V, ont confirmé des sources vaticanes, le 10 octobre 2006. Il s’agit d’un «indult qui remplacera le dernier» datant de 1988 et de la création de la Commission «Ecclesia Dei», chargée du dossier des traditionalistes. Le pape cherche ainsi à favoriser l’intégration des traditionalistes et celle des intégristes dans l’Eglise catholique, commentait-on encore au Vatican.
Toujours de source vaticane, le document ne porterait pas seulement sur la messe de saint Pie V, mais aurait une dimension liturgique plus large autour des questions traditionalistes.
Le pape «attend une occasion favorable» pour promulguer son document sur l’usage de la messe en latin, avaient confié des sources traditionalistes à I.Media, l’Agence partenaire de l’Apic à Rome, début octobre 2006. D’après ces sources, «le texte est rédigé» et est «en train d’être relu» par différentes Congrégations vaticanes. Selon ces mêmes sources, «la colonne vertébrale» de ce document s’articulerait autour du principe «qu’il n’y a qu’un rite latin, avec deux formes : ordinaire (vernaculaire) et extraordinaire (traditionnelle)» et que «ces deux formes ont égalité de droit». Le texte pourrait paraître au cours du mois de novembre.
Au Vatican, la libéralisation de la messe saint Pie V suscite des oppositions. C’est le cas au sein de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. «Il faut laisser mûrir, ne pas précipiter» les choses, y confie-t-on. En tous cas, Benoît XVI, qui avait indiqué aux cardinaux son désir «de se rapprocher des traditionalistes» lors du consistoire de mars dernier, travaille aux conditions de l’élargissement de l’usage du missel préconciliaire. Il était jusqu’ici permis mais dans des conditions restrictives.
Depuis le début de son pontificat, Benoît XVI a entrepris un rapprochement avec les intégristes qui sont sortis de l’Eglise catholique en 1988. Il a ainsi rencontré Mgr Bernard Fellay en août 2005 et consulté ensuite ses proches collaborateurs sur la question traditionaliste. En septembre 2006, il a fondé l’Institut du Bon pasteur, accueillant en France plusieurs prêtres traditionalistes, exclus de la Fraternité saint Pie X et souhaitant réintégrer l’Eglise. Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Joseph Ratzinger avait négocié pendant longtemps avec Mgr Lefebvre afin d’éviter le schisme en 1988. Il a toujours suivi le dossier de près. (apic/ag/imedia/arch/pr)