France: regard de l’évêque de Bobo Dioulasso sur le Burkina Faso (060389)
«Le développement est l’expression concrète de la parole de Dieu»
Lyon, 6mars(APIC) Mgr Anselme Sanon, évêque de Bobo Dioulasso (Burkina
Faso) et président de la Caritas d’Afrique de l’Ouest, est actuellement en
France dans le cadre de la campagne de carême du CCFD (Comité catholique
contre la faim et pour le développement). Intervenant récemment à Lyon sur
le thème de l’»Eglise au service du développement», il soulignait combien
pour l’Eglise du Burkina Faso «le développement est second par rapport à
l’évangélisation», «second mais pas secondaire», devait-il préciser.
«Il faut tenir compte de toutes les dimensions de l’être pour un vrai
développement». Selon Mgr Sanon, qui est lui même issu de la religion traditionnelle, l’Evangile est le premier bien à apporter au monde. Mais porter l’Evangile, ça veut dire le mettre à la portée des pauvres à travers
des actions concrètes. Le développement est donc l’expression concrète de
la parole de Dieu. Depuis le début de l’évangélisation du Burkina Faso en
1900, a souligné l’évêque de Bobo Dioulasso, l’Eglise missionnaire, puis
autochtone, n’a cessé de «développer en évangélisant et d’évangéliser en
développant».
En 1973, l’épiscopat du Burkina Faso, sentant la nécessité d’unifier et
d’harmoniser les initiatives de développement et d’évangélisation, met en
place un bureau d’étude et de liaison (BEL). A l’heure actuelle, l’Eglise
collabore au programme social de la révolution du pays. «Au fur et à mesure
que la révolution définissait ces programmes en mettant l’homme au centre,
a expliqué Mgr Sanon, il apparaissait clairement que c’étaient les mêmes
préoccupations que celles que nous avons… même si les motivations et les
modes d’approche ne sont pas les mêmes, nous avons les mêmes cibles».
Une réelle collaboration existe donc pour les problèmes de l’eau, de la
santé, de l’éducation ou de l’alphabétisation, évitant ainsi de dédoubler
les initiatives. Dans les rapports Eglise/Etat, comme dans les relations
avec les musulmans et les animistes, majoritaires au Burkina Faso, c’est
toujours la relation personnelle, le «lien de famille», qui prime sur les
clivages. Depuis 1977, l’Eglise du pays a d’ailleurs optée pour une «Eglise
famille». Ce titre a été entériné par Jean Paul II en 1985 et va dans le
sens de «l’Eglise communion» du Concile Vatican II.
Les communautés chrétiennes de base jouent un rôle important au Burkina
Faso comme cellules diocésaines. «Nous nous retrouvons, précise Mgr Sanon,
parce que nous sommes du Christ. C’est ça, la communauté chrétienne!». Pour
l’évêque de Bobo Dioulasso, les communautés chrétiennes de base n’ont pas à
opter entre développement et évangélisation mais à vivre chrétiennement. Il
faut qu’»elles vivent comme des cellules saines dans la société et dans la
communauté chrétienne, alors, c’est le tissu humain qui est renforcé, le
tissu social qui est plus solide».
Chaque diocèse est invité à établir «un plan cadre de la pastorale sociale» selon ses propres priorités. L’insistance est mise sur la formation
par l’information et l’éducation, car il faut mettre en place «une génération nouvelle qui grignotera le système international actuel» et oeuvrera à
un développement qui respecte les valeurs fondamentales de l’Afrique.
(apic/kw/pr)