La Fédération protestante s’inquiète de la situation des tsiganes
France: Sécurité intérieure et loi Sarkosy
Paris, 25 octobre 2002 (APIC) La Fédération protestante de France (FPF) dont est membre la Mission évangélique tsigane, s’inquiète de la situation faite aux gens du voyage. L’inquiétude est d’autant plus grande après l’approbation, par le Conseil des ministres, du projet de loi sur la sécurité intérieur du ministre Sarkosy, qui prévoit des peines d’emprisonnement et des amendes pour réprimer les stationnements de caravanes sur des terrains non autorisés.
«Ce projet de loi approuvé par le Conseil des ministres français est un scandale. C’est de l’exclusion. A travers cela, on veut simplement que les tsiganes se sédentarisent et disparaissent», déclare, le pasteur Christian D’Hont, de la Mission évangélique tsigane et responsable de l’Association sociale nationale et internationale tsigane évangélique (ASNITE), dans un entretien accordé à l’Agence oecuménique ENI.
Membre de la FPF, la Mission évangélique tsigane revendique 150’000 fidèles baptisés et toucherait, selon les chiffres donnés par l’Eglise, au moins 200’000 personnes. Elle est largement majoritaire parmi les gens du voyage dont le nombre, en France, est estimé entre 300’000 et 350’000 personnes. Depuis une trentaine d’années, le protestantisme évangélique est très actif dans ces milieux, organisant d’importantes missions d’évangélisation.
Elaboré par le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, le texte de la loi sur la sécurité intérieure instaure une répression accrue contre la prostitution, la mendicité, les squatters et les gens du voyage. Partis et syndicats de gauche ainsi que de nombreuses associations sont très critiques à l’égard de ces dispositions qu’ils qualifient de «guerre contre les pauvres».
Scolarisation des enfants préoccupante
Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la FPF, a été reçu le 24 octobre par le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin pour aborder notamment la question des gens du voyage. «Même si le texte de loi a été revu dans un sens positif après des contacts avec le ministère de l’Intérieur, nous demeurons préoccupés», a déclare Jean-Arnold de Clermont après cette rencontre.
Réuni à la mi-octobre, le Conseil national de la FPF avait notamment demandé le retrait de l’article de la loi de sécurité intérieure concernant les gens du voyage et la mise en place d’un délégué interministériel en charge du dossier des tsiganes. «La FPF sera très attentive aux débats qui s’instaurent autour de la question des gens du voyage pour que ne se développent pas des positions qui relèvent parfois du racisme», affirmait un communiqué, diffusé à l’issue du Conseil national.
La scolarisation des enfants est l’un des problèmes cruciaux rencontrés actuellement par les gens du voyage. «Il est pratiquement impossible que nos enfants soient scolarisés à cause des limitations imposées au stationnement des caravanes», explique Christian D’Hont.
Une délégation de la Mission évangélique tsigane sera reçue le 8 novembre par Sarkozy. Elle compte lui soumettre des propositions pour notamment tenter de régler le problème épineux des terrains accessibles au stationnement des caravanes.
La Mission évangélique tsigane est particulièrement confrontée à cette difficulté. De mai à novembre chaque année, elle organise, à travers toute la France, des missions d’évangélisation qui réunissent des groupes de 200 à 500 personnes. Ces rassemblements ont lieu le plus souvent dans le cadre de campements «sauvages» de plusieurs dizaines de caravanes, provoquant de nombreux conflits avec les autorités locales. (apic/eni/pr)