Le reliquaire du Précieux Sang de Fécamp | DR
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France: une relique volée à Fécamp retrouvée aux Pays-Bas

La relique du «Précieux Sang du Christ» volée en juin 2022 à l’abbatiale de Fécamp, dans le nord de la France, a été mystérieusement restituée le 1er juillet à un détective d’art néerlandais.

Selon la tradition, la relique renferme deux fioles métalliques contenant des gouttes de sang de Jésus recueillies lors de la Passion. Conservé depuis un millénaire  dans l’abbatiale de Fécamp, dans le nord de la France, l’objet avait été volé en juin.

Le détective d’art néerlandais Arthur Brand, vient de retrouver la relique intacte, rapporte l’AFP. Prévenu par mail par un expéditeur anonyme, il raconte que la boîte en carton a été déposée devant sa porte, après un coup de sonnette dans la nuit du 1er juillet.

Le reliquaire, retrouvé intact, sera restitué  aux forces de l’ordre aux Pays-Bas après que ces dernières ont reçu une demande d’entraide de la France, pour une enquête sur l’identité du voleur et l’authenticité de la pièce.

Pour le détective, mettre la main sur cette relique a été particulièrement extraordinaire. Surnommé «l’Indiana Jones du monde de l’art», Arthur Brand, 52 ans, est l’un des experts et détectives d’art les plus célèbres au monde. Le Néerlandais a notamment retrouvé un Picasso, une bague d’Oscar Wilde et «Les chevaux d’Hitler», des sculptures en bronze grandeur nature.

Quand les voleurs ont réalisé qu’ils avaient dérobé des reliques «invendables» car aucun acheteur n’en voudrait, ils ont compris qu’ils devaient s’en débarrasser, a expliqué Arthur Brand. Comme il était trop risqué de les restituer directement l’abbatiale, les voleurs, connaissant sa réputation, ont choisi de passer par son intermédiaire.  Le carton contenait également d’autres éléments du trésor de l’abbatiale volés avec le reliquaire dans la sacristie durant la nuit du 1er au 2 juin 2022 : plusieurs plaques liturgiques en cuivre, des représentations de saints et un gobelet orné.

«Véritable» reliquaire

Le reliquaire n’a pas encore été examiné pour vérifier son authenticité. Mais Arthur Brand, dit n’avoir aucun doute: «Les objets religieux sont presque impossibles à contrefaire».

La disparition de la relique avait suscité une vive émotion, à quelques jours de la fête où le Précieux Sang devait être vénéré par la population fécampoise, le 14 juin. Mgr Jean-Luc Brunin, évêque du Havre, dont dépend Fécamp avait alors dénoncé « une atteinte insupportable à la foi de toutes les personnes faisant mémoire du salut obtenu par le sacrifice du Christ »

Après la découverte, l’évêque a fait part de sa satisfaction. «C’est une surprise, je ne m’attendais pas à ce qu’on retrouve la relique aussi vite, je m’interrogeais même de savoir si on allait la retrouver un jour», a-t-il dit. «L’abbatiale de Fécamp a été construite autour de ces reliques. C’est une affaire un peu rocambolesque», a-t-il ajouté. 

Mgr Brunin dit espérer que les reliques seront restituées à l’abbatiale début septembre. La sécurisation du trésor, qui n’était pas protégé par un système d’alarme, devra être discutée par la commission d’art sacré avec la mairie et au-delà avec le département la région. (cath.ch/ag/mp)

Une double «invention» aux XIe et XIIe siècles
Une première relique serait apparue peu avant l’an 1 000 dans l’église de Saint-Léonard, près de Fécamp, explique le journal La Croix. Selon la tradition, elle serait liée à un miracle au cours duquel le prêtre aurait vu le vin de l’eucharistie se changer en sang du Christ. La collégiale de Fécamp, fondée en 990 en l’honneur de la Sainte-Trinité par le duc de Normandie Richard Ier aurait alors «capté» cette précieuse relique.
Pourtant, selon Jacques Le Maho, historien et archéologue médiéviste, de l’Université de Caen)il a fallu attendre « l’invention » d’une deuxième relique au XIIe siècle, pour que s’enclenche véritablement la dévotion populaire envers le Précieux Sang conservé par l’abbatiale.
Cette relique aurait été découverte, dans les fondations de l’abbatiale, ravagée par un incendie, lors des travaux de reconstruction engagés vers 1170 par l’abbé Henri de Sully. Celui-ci avait besoin de beaucoup d’argent pour rebâtir son église qui prenait une importante croissante sur le plan matériel comme spirituel, observe l’historien. Et la découverte de ces nouvelles reliques, rapidement suivie de plusieurs miracles, fut véritablement providentielle puisque dès la fin du XIIe siècle, un pèlerinage se développe vigoureusement à Fécamp autour du Précieux Sang. Après un temps de déclin au XIVe siècle, il avait connu un regain sous le Second Empire. MP

Le reliquaire du Précieux Sang de Fécamp | DR
14 juillet 2022 | 10:57
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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