Frère Jean-Marie Lequin: «les familles de Nice sont touchées par l’invitation du pape»
Le 24 septembre 2016, le pape François recevra au Vatican les familles des victimes de l’attentat islamiste commis à Nice le 14 juillet dernier. I.MEDIA a interrogé le dominicain Jean-Marie Lequin, aumônier des artistes de la ville de Nice. Il fait partie de la délégation officielle emmenée par son évêque, Mgr André Marceau, et Christian Estrosi, ancien maire de Nice et président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. La rencontre avec le pape François est un «cadeau» aux familles de victimes, assure-t-il, car c’est la première fois depuis l’attentat que toutes les familles se retrouveront «ensemble».
A quel titre participerez-vous à l’audience privée avec le pape François, le 24 septembre au Vatican?
J’accompagne une famille ayant perdu un proche dans l’attentat du 14 juillet et dont j’avais célébré les obsèques. Depuis cet événement tragique, un lien de proximité s’est créé avec la famille et notre venue s’inscrit dans un pèlerinage de foi. Je représente également le frère de la victime qui ne peut malheureusement pas nous accompagner. Apprenant par ailleurs ma venue, notre évêque, Mgr André Marceau, m’a demandé par la suite de faire partie de la délégation officielle avec les autres représentants des cultes.
Comment ont réagi les familles des victimes à l’invitation du pape?
Croyantes ou non, elles ont toutes été touchées par cette invitation. Le pape représente pour les familles une valeur morale, c’est une figure de rassemblement. Savoir que le pape prend une heure de son temps pour une audience privée est un cadeau pour les familles. Deux mois après l’attentat, c’est important pour elles de savoir qu’elles ne sont pas seules à supporter le deuil et le traumatisme. Soulignons aussi le fait que l’audience va être le premier moment depuis l’attentat où toutes les familles seront ensemble.
Comment se passe la vie à Nice deux mois après l’attentat?
Il y a eu tout d’abord le choc puis le silence et maintenant la prise de conscience. Après toute la médiatisation autour de l’attentat, la rentrée est pour la population un moment difficile car c’est le temps de la prise de conscience et de la solitude. Notre devoir, en tant que prêtre, est d’être plus que jamais présent pour les familles endeuillées. Une présence qui passe notamment par l’écoute. Nous ne devons pas aussi oublier les blessés et la dizaine de personnes dont le pronostic vital est toujours engagé. Il y a par ailleurs une chose qui a changé dans la ville, c’est la solidarité. Elle est beaucoup plus présente car nous avons tous été touchés, de près ou de loin, par ces événements tragiques. Cette solidarité es t pour moi la clef car elle permettra de nous reconstruire. Nous ne pouvons le faire chacun de notre coté, il faut être ensemble. (cath.ch-apic/imedia/mfa/pp)