Fribourg avait été marqué en 1972 par «l’affaire Pfürtner»

Allemagne: Stephan Pfürtner est décédé à l’âge de 89 ans

Marburg, 4 juillet 2012 (Apic) Stephan Hubertus Pfürtner, ancien dominicain et professeur de théologie morale à l’Université de Fribourg, est décédé le 2 juillet à l’âge de 89 ans, a appris le lendemain l’Apic par des membres de sa famille. Le monde catholique européen avait été secoué, dans les années 1970, par ses prises de position contraires à l’enseignement de l’Eglise en matière sexuelle.

Stephan Pfürtner est né à Danzig en Allemagne en 1922. Il étudie la médecine et la philosophie durant la Deuxième guerre mondiale, à côté de son service militaire. Il est arrêté par la Gestapo et jugé par le tribunal populaire de Lübeck dans le cadre de la campagne de procès contre les chrétiens. Au terme de la guerre, il rejoint l’ordre des dominicains et étudie la philosophie et la théologie à Bonn, à Fribourg en Suisse et à Rome, où il rédige son travail de doctorat.

«L’affaire Pfürtner» au début des années 70

En 1955, le Père Pfürtner devient professeur de théologie morale à la Haute école des dominicains à Walberberg près de Bonn et en 1966 à l’Université de Fribourg en Suisse. Dans les années 1970, dans le contexte post-conciliaire et synodal de l’époque, il devient connu dans toute l’Europe pour ses démêlées avec le Vatican en raison de ses prises de positions contraires à celles de l’Eglise catholique en matière de morale sexuelle.

Le professeur avait notamment donné une conférence publique en 1971 à Berne dans laquelle il admettait entre autres les relations sexuelles avant le mariage. Suite à la rapide réaction du Saint-Siège, une manifestation formée essentiellement d’étudiants de langue allemande était descendue de l’Université de Fribourg jusqu’à l’évêché. Dans son ouvrage «Kirche und Sexualität» (Eglise et sexualité) en 1972, le Père Pfürtner émet des vives critiques face à l’encyclique «Humanae Vitae» (1968) de Paul VI, qui condamne la pilule contraceptive et d’autres moyens de contraception.

Suite à ce que la presse de l’époque avait désigné par le terme «l’affaire Pfürtner», le professeur d’origine allemande démissionne de son poste, puis quitte l’ordre des dominicains en 1974. De 1975 à 1988, il enseigne l’éthique sociale à l’Université de Marburg en Allemagne.

En 2003, Stephan Pfürtner reçoit le Prix Herbert Haag pour la liberté dans l’Eglise. En 2007, il est déclaré «juste parmi les nations» au Mémorial de l’Holocauste Yad Vashem à Jérusalem, pour avoir aidé trois juives à fuir le Camp de concentration de Stutthof en 1944. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur l’éthique, la morale, la spiritualité, dont «Kirche und Sexualität» en 1972, «Abschottung statt Dialog? Das Lehramt der Kirche und die Moral» en 1994 et «Komm, Heiliger Geist! Ökumenische Meditation zur Pfingstsequenz» en 2004. (apic/arch/gs/bb)

4 juillet 2012 | 11:32
par webmaster@kath.ch
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