Fribourg: «Caritout» envisage de décentraliser son action (020692)
Un programme pour les chômeurs en fin de droit
Fribourg, 2juin(APIC) Avec la progression accélérée du chômage dans le
canton de Fribourg, de plus en plus de personnes souffrent du chômage de
longue durée et arrivent en fin de droit. C’est pour leur redonner confiance en eux-mêmes, les aider à se réinsérer dans le marché du travail et éviter qu’ils ne tombent à l’assistance que Caritas a lancé son programme «Caritout». Lundi, dans son nouveau magasin-atelier de la Cité Bellevue 4, au
Schönberg, «Caritout» a dressé le bilan de ses activités en présence des
autorités communales du canton et du conseiller d’Etat Michel Pittet, responsable de l’Economie publique. Ce service, plus utile que jamais, envisage de décentraliser ses activités et de s’installer également dans le sud
du canton.
Le canton de Fribourg, sur 83’000 personnes salariées, comptait en début
d’année plus de 2’000 chômeurs au bénéfice d’indemnités de chômage, soit le
double de janvier 1991. Et cela, sans compter les personnes en fin de droit
(400, selon une estimation de l’Office cantonal du travail), ni les personnes aptes au travail mais non déclarées ni les étrangers licenciés rentrés
au pays. C’est pour venir en aide à ces personnes qui risquent ou qui sont
déjà tombées à l’assistance, que Caritas a mis sur pied il y a trois ans
son programme «Caritout». En 1991, sur les 24 personnes qui ont participé à
ce programme de réinsertion d’une durée de six mois, un tiers a pu retrouver un emploi, un autre tiers a pu retrouver les prestations de l’assurance
chômage, de l’AVS ou de l’AI, tandis que le dernier tiers bénéficie de
l’aide sociale.
Le magasin-atelier de «Caritout» assure une activité productive par le
ramassage, la remise en état et la vente de marchandises d’occasion récupérées et annonce pour 1991 un chiffre d’affaires en nette progression. Il
avoisine les 300’000 francs. Comme l’a souligné le conseiller communal marlinois Bernard Aebischer, vice-président de la Commission de gestion de Caritout, ce programme permet aux bénéficiaires – il s’agit souvent de personnes arrivant en fin de carrière professionnelle – de retrouver une
dignité et un statut de travailleur. Et surtout de bénéficier d’un encadrement social et psychologique que la plupart des communes ne peuvent offrir,
ainsi que des cours de formation ayant pour thème la recherche d’un emploi.
Même si ce programme coûte 8 francs de l’heure aux communes qui y participent – Fribourg, Marly, Villars-sur-Glâne, La Tour-de-Trême, Treyvaux et
Estavayer-le-Lac -, la facture leur est bien plus légère que les prestations d’assistance. D’autant plus que l’OFIAMT (pour 30 % et peut-être 50 %
dans l’avenir, ce qui permettrait d’alléger d’autant les charges communales) et le canton (20 %) subventionnent ce projet de réinsertion qui a
coûté l’an dernier quelque 800’000 francs.
Le conseiller d’Etat Michel Pittet a affirmé que l’existence d’un tel
service lui fait «chaud au coeur», même s’il ne peut à lui seul faire face
à l’inquiétante montée du chômage. Depuis la grande crise des années 30, at-il relevé, le canton de Fribourg n’était plus habitué à gérer un taux de
chômage élevé. Aujourd’hui, il y a 2’400 chômeurs (2,9 %) et les moyens
tant financiers qu’en personnels deviennent insuffisants, d’autant plus
qu’avec l’Espace Economique Européen (EEE), il risque bien de se stabiliser
à un niveau proche de ce que l’on connaît au plan européen.
Le chômage: pas seulement un problème économique
Le chef de l’Economie publique a encore relevé que le chômage n’est pas
seulement un problème économique, mais aussi social : il peut conduire à
l’isolement et à la frustration, et chez les jeunes en particulier, cela
peut conduire à chercher refuge dans d’autres impasses de notre société moderne, comme l’alcoolisme ou la toxicomanie. Dans la ligne de «Caritout»,
il a souligné qu’il ne faut pas seulement contrer les effets matériels de
l’absence de travail, mais également redonner espoir et confiance aux personnes touchées. (apic/be)