Faute de contributions financières suffisantes venant des Eglises
Fribourg: Cinédia, le service audiovisuel des Eglises romandes, ferme ses portes fin 2004
Fribourg, 6 mai 2004 (Apic) Après bientôt trois décennies d’engagement au service de l’image et de l’homme, Cinédia, le service audiovisuel des Eglises catholique et réformées de Suisse romande, ferme ses portes au 31 décembre 2004. «Faute de contributions financières suffisantes de la part des Eglises», peut-on lire dans un communiqué publié le 6 mai.
L’organisme oecuménique, basé au Centre diocésain à Villars-sur- Glâne, a été fondé sous un autre nom en 1976, suite à la recommandation du Synode 72 de mettre des moyens audiovisuels au service de l’annonce de la foi. Cela fait déjà plusieurs années que la survie de ce service était menacée en raison de la constante diminution des subventions provenant des organismes de financement ecclésiaux.
Réunis en assemblée générale mercredi 5 mai à Lausanne, les membres de l’Association Cinédia ont finalement décidé de la dissoudre pour la fin de l’année. Le service audiovisuel des Eglises fonctionnera normalement jusque-là. Le directeur de Cinédia, Jacques Michel, avait déjà quitté son poste le 30 avril pour Missio, à Fribourg, où il a été nommé animateur pour la Suisse romande. Quant à l’avenir des deux autres employées, Mireille Joye et Pamela Crausaz – l’une à 70 % et l’autre à 50% -, il demeure incertain. Directeur ad intérim, Charles Baltensperger a été chargé par l’assemblée générale de la liquidation de Cinédia, tandis que des solutions pour la reprise de certains services dès janvier 2005 sont à l’étude.
L’existence de Ciné-Feuilles n’est pas remise en cause
La création de Cinédia, sous sa forme actuelle, avait été approuvée par l’autorité pastorale de l’Eglise catholique en 1990. Sa mission consistait en premier lieu à fournir aux Centres de catéchèse et de documentation le matériel audiovisuel adéquat pour le travail en Eglise. Par extension, Cinédia offrait ses prestations – vente, location, conseil, formation – à l’ensemble des paroisses catholiques et réformées de Suisse romande et à toute personne intéressée.
Cinédia co-éditait en outre, avec l’Office protestant des communications audio-visuelles (OPCA), «Ciné-Feuilles», la seule revue de critique cinématographique de Suisse romande, dont l’existence n’est pas remise en cause par la disparition de Cinédia. Cette revue indépendante paraissant tous les 15 jours parle de tous les films qui sortent dans les salles de Suisse romande, propose une sélection de films diffusés sur le grand et le petit écran et offre des comptes-rendus de plusieurs festivals de cinéma.
En 2000, Cinédia avait pourtant réussi à convaincre les Eglises réformées de s’associer à son financement. Cette contribution «modeste (environ 17% du total des subventions) mais précieuse», n’a cependant pas permis de sauver la situation devenue précaire.
Massivement appuyé par des subventions de l’Eglise catholique qui ont représenté ces dernières années en moyenne 65% de ses recettes, Cinédia a dû, dès 1996, faire face à des réductions de subsides: la baisse continuelle des ressources financières de l’Eglise poussait celle-ci à diminuer son soutien aux organismes susceptibles d’accroître leur autofinancement.
Aujourd’hui, Cinédia possède plus de 300 films 16 mm: documentaires, films d’animation ou de divertissement, ainsi que des centaines de montages audiovisuels, cassettes vidéo et DVD, sans compter une importante collection de diapositives. Cinédia assurait encore des sessions de formation et un service de conseils, et collaborait à la réalisation de produits audiovisuels. JB
Encadré
Près de trois décennies d’engagement au service de l’image
Ces trois décennies d’engagement au service de l’image en Romandie se basent sur la conviction que l’annonce de l’Evangile ne peut faire abstraction de l’image et de son langage. En corollaire, le monde de l’audiovisuel et le cinéma ne peuvent être étrangers aux options et convictions chrétiennes. Il y a bientôt trente ans, dans le sillage du Synode 72 des catholiques suisses, quelques passionnés vont se réunir pour coordonner davantage leur travail dans le secteur audiovisuel.
Suscitées par le Père Ambros Eichenberger, spécialiste reconnu du 7e art et ancien président de la Commission catholique suisse du cinéma, des rencontres eurent lieu dans l’arrière-salle de l’ancien Gambrinus à Fribourg, réunissant des passionnés du grand écran. Objectif:structurer les efforts des catholiques dans le domaine du cinéma. En 1976 démarrait donc à Fribourg une petite équipe de bénévoles qui avait comme objectif de promouvoir, par la rédaction de fiches, les bons films programmés dans les salles obscures et faire connaître ceux que diffusait en 16 mm Selecta- Film.
C’est de cette équipe qu’est né l’Office catholique du cinéma, rattaché de longues années durant au Centre catholique de radio et télévision (CCRT), alors sous la responsabilité de l’abbé André Babel. La même année, à Genève, une autre équipe réunie autour de l’abbé Léon Mauron fondait le SAD, le Service audiovisuel diocésain, qui deviendra plus tard interdiocésain sous le nom de SIDAV. Cet organisme avait pour but de fournir du matériel audiovisuel pour la pastorale dans les diocèses de Suisse romande.
Le SIDAV et l’Office catholique du cinéma ont fusionné en automne 1990 pour donner naissance à Cinédia, qui a absorbé au passage Sélecta-Film et Zoom (catalogue français) et repris Cortux Film à Fribourg. Il s’agissait aussi d’intensifier le travail d’animation et de formation, toujours dans une perspective oecuménique, en collaboration avec les organismes protestants actifs dans ce secteur. Avec la collaboration de l’Office protestant du cinéma, sortait en octobre 1981 le 1er numéro de «Ciné-Feuilles», la seule revue de cinéma indépendante des milieux de la publicité ou de la distribution qui paraît régulièrement en Suisse romande. (apic/com/be)