Fribourg: Départ du pasteur Jean-Baptiste Lipp après 17 ans d’engagement

L’oecuménisme, une «branche à option dont on peut se passer»

Fribourg, 6 août 2004 (Apic) Le pasteur Jean-Baptiste Lipp, marié à une catholique, quitte la paroisse réformée de Fribourg après 17 ans d’engagement pour retourner dans le canton de Vaud, à Belmont-Lutry. Interrogé par Roger de Diesbach, rédacteur en chef du quotidien «La Liberté», il raconte son amour pour cette ville qui est devenue la sienne, même si «l’oecuménisme est à Fribourg une branche à option dont on peut se passer».

«Pour les prêtres catholiques, les relations avec les protestants sont facultatives. Malheureusement et heureusement pour moi. Car si chaque curé avait fait appel à un pasteur réformé, je n’aurais fait que cela», lance le pasteur Lipp au moment de quitter son poste. Dans les colonnes de «La Liberté» du 6 août, il révèle avoir demandé à son Conseil de paroisse de l’autoriser à aller à la messe avec sa femme et à communier avec elle. «Je le fais à titre privé, mais pas comme pasteur, pour ne pas scandaliser», précise-t-il, tout en espérant qu’il est devenu «une figure pour les couples mixtes et l’oecuménisme».

Le pasteur Lipp souligne que «l’Eglise catholique a perdu du pouvoir, mais sans toujours ouvrir la porte à l’oecuménisme». Et de prendre l’exemple du Jeûne Fédéral: «Il a fallu attendre une décennie et Mgr Genoud pour obtenir une célébration oecuménique à la cathédrale une année sur deux, une sorte de liturgie de la Parole, sans communion, qui a mécontenté nombre de catholiques fribourgeois. Certains, estimant que c’était-là une célébration de deuxième zone, ont demandé où était Dieu dans tout ça».

Ce qui pose problème au niveau des célébrations oecuméniques, c’est surtout la communion, affirme Jean-Baptiste Lipp dans «La Liberté». «Pour les catholiques, il y a devoir de communier mais on refuse d’inviter les protestants à le faire. Quant aux protestants, ils seraient d’accord avec une cérémonie commune, même avec une messe, s’ils étaient invités à y communier. Lors de la dernière visite du pape à Berne, je déplore qu’il n’y ait pas eu d’invitation à communier adressée aux protestants, et que ces derniers n’y soient pas allés pour cette raison».

«Deiss et Berne nous ont bien eus»

Commentant la récente reconnaissance du Vatican par la Confédération, le pasteur Lipp déplore que l’Eglise catholique «mélange allègrement la religion et la politique». «Deiss et Berne nous ont bien eus», déclare-t-il à «La Liberté», «d’autant qu’il n’a même pas consulté l’Eglise protestante, ce qui nous blesse profondément, et qu’il a ainsi refusé de prendre en compte le contexte historique. La décision d’envoyer un ambassadeur suisse au Vatican était pourtant plus importante que la visite du pape elle-même».

Jean-Baptiste Lipp exprime cependant une grande admiration pour Jean Paul II, «ce géant de la foi», comme il le décrit. «J’ai assisté à son bain de jouvence à l’Allmend. Mais j’ai éprouvé une grande tristesse en constatant que sa rencontre avec les jeunes, aussi bien organisée fut-elle, passait par-dessus la tête d’une génération en prise avec de grands problèmes de société. Le rendez-vous avec des gens qui ont des questions à poser n’a pas eu lieu», regrette-t-il. Après un prêche au temple de Fribourg sur l’oecuménisme et la rencontre du pape à Berne, Jean-Baptiste Lipp découvre un autocollant sur la porte: «Convertissez-vous au Saint Magistère de l’Eglise catholique ou alors vous serez précipités en enfer. Amen». «Je ne croyais pas que cela existait encore», dit-il. (apic/liberte/rdd/bb)

6 août 2004 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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