Un antidote à toute dérive idéologique

Fribourg: Inauguration de l’Institut européen d’études anthropologiques Philanthropos

Jacques Berset, Apic

Fribourg, 20 mars 2005 (Apic) Près de 450 personnes, venues de Suisse, mais aussi de France et de Belgique, ont participé samedi 19 mars à l’inauguration officielle de l’Institut Philanthropos, logé au Chemin de la Fenettaz 1 à Bourguillon, sur les hauteurs de Fribourg.

De nombreuses autorités religieuses, dont le nonce apostolique en Suisse, Mgr Francesco Canalini, et l’évêque diocésain, Mgr Bernard Genoud, et des responsables politiques, dont la présidente du gouvernement fribourgeois Ruth Lüthi, ont apporté leur soutien à cette initiative due au Père Nicolas Buttet, modérateur de la Fraternité Eucharistein. Lequel a situé son projet académique – le niveau bac est exigé – dans la droite ligne de pensée du pape Jean Paul II, qui attribuait à des raisons anthropologiques l’origine de la crise contemporaine. Pour lui, retrouver le sens de l’Homme en tant que personne constitue l’antidote à toutes les dérives idéologiques.

De passage à Fribourg samedi, le président de Philanthropos Nicolas Michel, qui travaille à New York comme secrétaire général adjoint aux affaires juridiques de l’ONU, a rappelé à cette occasion que cette initiative soit dès le début un «projet d’Eglise» par son message et «ses relations confiantes avec l’Eglise locale et son chef, Mgr Genoud». Il a également remercié chaleureusement pour sa collaboration la Faculté de théologie de l’Université de Fribourg, qui était représentée à la fête par son vice-doyen, le Père Adrian Schenker.

Président délégué de Philanthropos, le docteur J. René Haag, a qualifié de très encourageant le succès de cette manifestation qui a attiré deux fois plus de monde que prévu. Le directeur de DATAMED SA a relevé que la question de la personne humaine au sein de notre société concerne chacun d’entre nous.

Une véritable «école de vie» d’une durée d’un an

Avec la fondation de l’Institut européen d’études anthropologiques Philanthropos, Fribourg peut compter depuis l’automne 2004 une nouvelle offre de formation chrétienne et humaine, véritable «école de vie» d’une durée d’un an intégrant vie intellectuelle, vie en communauté et vie de prière.

Cet Institut européen d’études anthropologiques, qui peut héberger jusqu’à 60 étudiants, a ouvert ses portes en septembre 2004 sur le site de Salve Regina, mis à disposition par les Soeurs de Baldegg. Ils sont aussi invités à vivre en communauté, sous l’animation spirituelle de la Fraternité Eucharistein. Il accueille une première volée d’une vingtaine d’étudiantes et d’étudiantes venus pour moitié de France et de Belgique, pour l’autre moitié de Suisse, essentiellement cette première année du canton du Valais.

Une seule Fribourgeoise est inscrite à l’Institut, mais cela est certainement dû, affirment les responsables de Philanthropos, à la date tardive du lancement des inscriptions, qui se sont faites dans un premier temps de bouche à oreille et par le biais de réseaux. Mais ils espèrent que les Fribourgeois seront plus nombreux à s’inscrire pour la prochaine promotion.

L’Institut est une initiative privée qui a pour partenaires la Fraternité Eucharistein (à Epinassey, près de Saint-Maurice, en Valais, et à Château Rima, département du Var), les soeurs franciscaines de la Divine Providence de Baldegg, qui hébergent l’Institut dans leurs locaux de Bourguillon, et le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg. L’évêché est représenté au sein du Comité de direction et de la Commission des études respectivement par le chancelier Nicolas Betticher et le Père jésuite Jean- Blaise Fellay.

Sans subventions

Philanthropos, dont le budget actuel est d’environ un demi-million de francs suisses, ne reçoit aucune subvention, et doit trouver ses finances par le biais des inscriptions des étudiants (scolarité, hébergement et repas se montent à près de 10’000 francs suisses), mais également grâce au soutien de l’Association des Amis de Philanthropos, présidée par Jean- Pierre Siggen, directeur de l’Union patronale du canton de Fribourg, et par la Fondation Philanthropos, présidée par l’archiduc Rodolphe d’Autriche, directeur général de Triple A Gestion SA, à Villars-sur-Glâne.

Présidé par Yves Semen, professeur de philosophie politique à la Faculté libre de philosophie de Paris, Philanthropos propose une année de formation en anthropologie philosophique et en anthropologie théologique, «dans le but de parvenir à une vision intégrale de la personne humaine selon Jean Paul II». Il s’agit à ses yeux d’une approche exigeante qui n’a pas d’équivalent en Europe.

Cette approche peut paraître assez déconcertante dans la culture ambiante, qui privilégie davantage une vision plutôt horizontale des choses, admet Yves Semen. Plus concrètement, l’enseignement aborde des questions relevant des sciences de la vie, de la bioéthique, du statut particulier de la personne humaine dans l’islam, des nouvelles religiosités, de l’art contemporain, voire des nouveaux vécus dans le domaine de la sexualité. Pour le moment l’enseignement se donne en français, mais l’Institut a l’intention de dépasser des frontières de la francophonie, car de l’intérêt pour Philanthropos se manifeste déjà au Canada et aux Etats-Unis. JB

Encadré

Un esprit pluraliste et interdisciplinaire, ouverture aux autres cultures

L’accent est mis sur l’enseignement de l’anthropologie philosophique et théologique dans un esprit pluraliste, interdisciplinaire et d’ouverture aux autres cultures, comme à l’anthropologie de l’islam, de l’hindouisme ou du bouddhisme. Les études sont suivies à plein temps, à raison de 20 heures hebdomadaires durant 35 semaines. Destiné en priorité à de jeunes à la recherche de «la vérité sur l’homme» dans une société en crise dans le domaine social, culturel, économique, Philanthropos accueille dès septembre une vingtaine d’étudiants. Les enseignants – des professeurs issus de grandes Universités européennes – s’ils sont défrayés pour le déplacement, ne touchent pas de salaire.

Philanthropos s’insère dans la nouvelle planification pastorale diocésaine, qui compte beaucoup sur les communautés, instituts et mouvements religieux pour des services ecclésiaux nouveaux. L’Institut ne fait pas concurrence à d’autres lieux de formation de l’Eglise à Fribourg, comme la Faculté de théologie de l’Université, l’Institut romand de formation aux ministères (IFM), l’Ecole de la Foi (qui fermera bientôt ses portes) ou le séminaire. JB

Des illustrations sont disponibles à l’agence CIRIC, Bd de Pérolles 36 – 1705 Fribourg. Tél. 026 426 48 38 Fax. 026 426 48 36 Courriel: ciricàcath.ch

(apic/be)

20 mars 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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