La place de la religion dans la société en Suède

Fribourg: journée de l’Europe à l’Université (060592)

Fribourg, 6mai(APIC) La Suède était cette année l’hôte d’honneur de la

traditionnelle journée de l’Europe de l’Université de Fribourg. Côté scientifique, trois symposiums ont occupé la journée. Outre la neutralité et la

politique sociale, l’oecuméniseme et les rapports Eglise-Etat ont été à

l’ordre du jour. Le professeur Gösta Hallonsten de l’Université de Lund a

décrit la situation religieuse en Suède et ses conséquences sur l’enseignement de la théologie. Le professeur Susanne Heine de l’Université de Zurich

et le professeur Leo Karrer de Fribourg participaient également à la discussion.

Dans une Suède très sécularisée, où l’Eglise luthérienne, qui regroupe

90% de la population, est encore l’Eglise étatique, la séparation entre

l’Eglise et l’Etat est très urgente estime Gösta Hallonsten. «Les décisions

concernant la vie et la foi de l’Eglise dans son ensemble sont prises par

un synode démocratiquement élu, dont les membres sont nommés par les partis

politiques et dont le pouvoir vient en dernière instance de l’Etat». Cette

séparation est nécessaire si l’Eglise veut retrouver son identité en tant

que communauté de foi chrétienne et remplir son rôle dans la nouvelle

évangélisation. Certes l’Eglise nationale suédoise occupe encore une

position forte dans la conscience populaire, mais on constate dans de

larges cercles une tendance à la privatisation de la religion. Il existe

ainsi des goupes de personnes qui prient régulièrment ensemble mais qui ne

se rendent plus dans les offices dominicaux. Si le nombre des personnes

sans confession est relativement faible, la pratique religieuse est elle

aussi très basse.

90% des 8,5 millions de Suédois appartiennent à l’Eglise luthérienne

suédoise. On compte 300’000 membres des Eglises évangéliques libres,

150’000 catholiques-romains, 100’000 membres des Eglises orthodoxes et

orientales et 70’000 musulmans. Face au pluralisme de la société, les chrétiens sont invités à réfléchir sur le sens de leur christianisme aujourd’hui. Gösta Hallonsten est revenu sur le voeu exprimé par le pape,

lors de sa visite en Suède il y a trois ans: rechercher la synthèse entre

la vie et la foi. Mais le professeur a mis en garde contre une restauration

chrétienne qui serait une illusion.

Pour Susanne Heine, d’origine autrichienne et installée depuis un an à

Zurich, une séparation de l’Eglise et de l’Etat est à éviter pour l’avenir

de la foi chrétienne. Face au pluralisme et à l’individualisme de la société, Mme Heine a mis en garde contre un éclatement dans le domaine religieux

qui n’amènerait qu’une «boîte de Pandore» des dénominations. En outre seules devraient être reconnues les religions qui ont une structure démocratique et qui respectent et défendent les droits de l’homme. Le fait que dans

le peuple de Dieu, seule une élite théologique s’occupe de la foi et de la

révélation reste pour Susanne Heine un conflit non résolu.

Le professeur Karrer met au centre de ses préoccupations pour l’avenir

«une Eglise de la diaconie». Cette Eglise de service doit aussi être une

Eglise de contacts: de petites communautés visibles avec des structures de

communication correspondantes, qui se réunisssent dans une sorte de synode

ou de séance journalière et deviennent ainsi continuellement une source de

courage. (apic/eg/mp)

6 mai 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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