10% de spectateurs en plus au Festival de films de Fribourg

Fribourg: Le Regard d’Or du FIFF 2009 va à Eric Khoo, de Singapour

Fribourg, 22 mars 2009 (Apic) Le Festival international de films de Fribourg (FIFF), dont la 23e édition a fermé ses portes samedi 21 mars, a couronné un film provenant de Singapour. C’est «My Magic», du réalisateur Eric Khoo, qui est cette année le lauréat du Grand Prix «Le Regard d’Or»(*) décerné par le Jury International que présidait Adoor Gopalakrishnan. Le réalisateur, acteur et scénariste indien a salué la qualité de la sélection de cette cuvée du FIFF, qui a attiré près de 30’000 spectateurs, soit 10% de plus que l’an dernier.

L’acteur principal de «My Magic», Francis Bosco, qui dans le film se produit comme fakir pour gagner sa vie, a reçu le trophée en mains propres lors de la soirée de remise des prix, qui s’est déroulée dans la grande salle de Cap’Ciné. Le colosse n’a pas pu retenir ses larmes lors de la remise du trophée doté par l’Etat et la Ville de Fribourg, représentés par la conseillère d’Etat Isabelle Chassot et la municipale Madeleine Genoud-Page. Le Jury international a reconnu dans ce film «au traitement minimaliste et magique» une économie dans l’expression, son austérité et les surprises qui le traversent de bout en bout.

Cette 23e édition – la seconde sous l’ère du Français Edouard Waintrop, directeur artistique – a encore permis la distribution de nombreux autres prix, outre celui d’Eric Khoo. Ce réalisateur avait déjà reçu plusieurs prix à Fribourg en 2006 pour son film «Be with me». Une autre récompense, le nouveau prix «Talent Tape» d’une valeur de 27’000 CHF, a été attribuée par le Jury International au réalisateur chilien Sebastián Silva pour son film «La Nana». Le prix spécial du jury est décerné au documentaire mexicain «Intimidades de Shakespeare y Victor Hugo» de Yulene Olaizola. Le Prix du Public va à «Ramchand Pakistani» de la réalisatrice pakistanaise Mehreen Jabbar.

Lors de la cérémonie de clôture, Franziska Burkhardt, directrice administrative du FIFF – qui quitte le bateau après 4 éditions du Festival, s’est également réjouie d’une progression de 25% des journalistes accrédités pour cet événement, qui commence à bien se faire connaître en Suisse alémanique. «Le FIFF est devenu plus urbain, plus ouvert, plus jeune», a-t-elle lancé. Exprimant lui aussi une satisfaction non dissimulée lors de la cérémonie de clôture, Edouard Waintrop a salué le public présent en nombre à Fribourg: «J’en suis tombé amoureux», a-t-il lâché. Du côté des acteurs, producteurs et réalisateurs du Sud, le ton était tout aussi réjoui. Ainsi Daniela Thomas, co-réalisatrice avec Walter Salles du film brésilien «Linha de passe», montré en clôture du FIFF, a relevé l’excellence de l’accueil des Fribourgeois. La 24e édition du Festival International de Films de Fribourg aura lieu du 13 au 20 mars 2010. JB

Encadré

Les autres Prix

Le Prix spécial du jury, doté d’un montant de 5’000 CHF par la Société Suisse des Auteurs (SSA) et Suissimage, a été décerné au film «Intimidades de Shakespeare y Victor Hugo» de la Mexicaine

Yulene Olaizola, «pour sa construction intelligente et exceptionnelle qui révèle l’énigme de l’existence humaine, où réalité et fiction se mêlent imperceptiblement». Le Prix du public, d’un montant de 5’000 CHF, offert par le Festival International de Films de Fribourg à la réalisatrice ou au réalisateur du film primé par le public, est allé à la Pakistanaise Mehreen Jabbar, pour son film «Ramchand Pakistani».

Le Prix du jury oecuménique de 5’000 CHF, offert conjointement par les deux organisations de développement catholique «Action de Carême» et protestante «Pain pour le Prochain», va à une réalisatrice ou à un réalisateur dont le film reflète le mieux les valeurs sur lesquelles se fondent ces deux organismes dans leur soutien aux luttes des populations pauvres des pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine. Le Jury oecuménique a récompensé le film iranien «Be calm and count to Seven» de Ramtin Lavafipour. Dans un contexte où la survie est l’enjeu, les personnages sont amenés à faire des choix donnant au respect de la dignité humaine la primauté sur le respect des lois. Cela est exprimé par une force poétique des images et des sons. Le vent, la mer et les essoufflements des personnages symbolisent le puissant souffle de vie qui traverse le film», note le Jury oecuménique. Le Prix du jury Fipresci, décerné par des représentants de la Fédération internationale de la presse cinématographique, veut promouvoir le cinéma comme art et encourager le nouveau et le jeune cinéma. Il a choisi le film «Intimidades de Shakespeare y Victor Hugo», de Yulene Olaizola. Le Prix E-Changer, doté par l’ONG engagée dans le développement solidaire d’un montant de 5’000 CHF, est décerné par le Jury des jeunes. Il vise à favoriser l’expression des jeunes au festival, mais aussi à privilégier un film qui prend en compte les problèmes qu’ils rencontrent dans le monde actuel. Il tend à sensibiliser les étudiant(e)s et les apprenti(e)s au moyen irremplaçable qu’est le cinéma, au-delà du divertissement, pour découvrir les richesses d’autres cultures, pour apprendre la tolérance et la justice. Le Jury des jeunes a choisi le film  » Breathless» du Coréen Yang Ik-june.  » Ce film nous a fait l’effet d’un véritable coup de poing. Mais contrairement aux spectateurs sortis pendant la séance, nous ne nous sommes pas arrêtés à la violence omniprésente et très crue. Nous y avons surtout vu le courage d’un réalisateur qui ose montrer et dénoncer une violence universelle. Derrière les coups et les injures, on entrevoit une rédemption possible», constate le Jury des jeunes. Le Prix «Don Quijote» de la FICC (Fédération internationale des ciné-clubs) est également allé à «Intimidades de Shakespeare y Victor Hugo» de Yulene Olaizola. JB

Encadré

Le FIFF a trouvé sa «niche»

Vendredi soir, lors de la réception donnée à l’Espace Jean Tinguely – Niki de Saint Phalle – la présidente du FIFF, Ruth Luthi, a relevé que l’offre culturelle représentée par le FIFF est hautement appréciée par le public fribourgeois et qu’il contribue grandement à faire de Fribourg un pôle culturel. En effet, le FIFF s’est largement ouvert à la Suisse alémanique et au-delà. Et de relever que le soutien à ce Festival est fondamental, de la part de l’Etat, de la Ville, mais également des communes. «Ce sont des subventions bien placées !» Petit voire gros bémol: la présidente du FIFF souhaiterait clairement «un peu plus de générosité de la part des entreprises fribourgeoises, car la culture appartient aussi à l’économie et son soutien vaut la peine…»

Présent à Fribourg, Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’Office fédéral de la culture (OFC) à Berne, a déclaré être déjà venu deux fois cette année apporter le soutien de la Confédération à la culture, saluant le fait que le FIFF se développe et présente «des choses extraordinaires». Pour le directeur de l’OFC, le cinéma, si c’est du divertissement, c’est aussi l’occasion de réflexions, «et le FIFF apporte avec ses films cette diversité et cette réflexion». Et d’affirmer que la diversité culturelle «n’est pas un slogan, on la vit, on doit la vivre tous les jours. La culture est de plus en plus un élément de la politique de l’Etat», en saluant la récente acceptation de la loi sur les musées. Il a toutefois reconnu que le rôle de l’Etat dans la culture fait débat, d’aucuns craignant une «culture d’Etat». S’il est d’accord qu’il faut éviter cette dérive, il met par contre en garde contre un total désengagement de l’Etat. «Il y a une nécessité de défendre et de promouvoir la diversité culturelle, et le FIFF le montre». Certes, a-t-il finalement relevé, les moyens de la Confédération dans le domaine de la culture sont trop faibles, et il y a une vingtaine de festivals de films en Suisse. «Il faut trouver une niche, et le FIFF l’a trouvée !» JB

(*) «Le Regard d’or», Grand Prix du Festival international de films de Fribourg, est doté d’un montant de 30’000 CHF par l’Etat de Fribourg (20’000 CHF) et la Ville de Fribourg (10’000 CHF). Ce prix est remis au réalisateur (20’000 CHF) et au producteur (10’000 CHF) du film primé par le Jury international. (apic/be)

22 mars 2009 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 5  min.
Partagez!