des Supérieures Majeures de la Suisse Romande

Fribourg : rencontre de travail de l’Union

Création d’un internoviciat et lancinante question du manque de vocations

Fribourg, 10février(APIC) C’est pour aborder la lancinante question du

manque de vocations consacrées et étudier l’éventuelle création cet automne

d’un internoviciat pour la Romandie qu’une quinzaine de soeurs intéressées

par la formation religieuse en Suisse romande se sont réunies mardi 9

février à la Maison de retraites et de sessions de Bertigny, à Villars-surGlâne.

Soeur Marie-Christine, secrétaire de l’Union des Supérieures Majeures de

la Suisse romande (USMSR), a présenté à cette occasion une enquête effectuée en janvier de cette année auprès de tous les curés de Suisse romande

sur les jeunes filles entrées en religion en 1987. Il en ressort que pour

les diocèses romands et la partie francophone du diocèse de Bâle, sept jeunes filles de nationalité suisse ont opté l’année dernière pour la vie consacrée, dont quatre sont entrées dans une congrégation et trois dans un monastère.

Rappelant la genèse de la réflexion sur l’éventuelle création d’un internoviciat en Suisse romande, Soeur Jean-Baptiste Bérard, présidente de

l’USMSR, a relevé que c’était le Centre romand des vocations (CRV), lors

d’une assemblée des formateurs en mai 1987, qui avait souhaité cette création. Etant donné la rareté actuelle des vocations dans les coongrégations,

il est en effet difficile de former des unités à la vie communautaire et

avec des cours enrichissants. C’était de fait un souhait quasi unanime exprimé par une trentaine de participants, formateurs et formatrices dans les

congrégations. C’est l’internoviciat de Lyon qui a été proposé comme modèle

et comme source d’inspiration.

L’automne dernier, les religieuses responsables ont été unanimes pour la

mise sur pied d’un tel internoviciat, envisagé pour l’automne 1988. Il

s’agirait d’une possibilité de formation, qui, une fois par mois, aurait

regroupé les novices pour un week-end. Pour réaliser ce projet, le 9

décembre a été organisée à Lausanne une rencontre des Supérieures et

Supérieurs plus directement intéressés. Il n’y eu que huit représentantes

des congrégations féminines et trois des congrégations masculines. C’est

alors que s’est posée la question : «Un internoviciat pour qui?» Il en est

résulté qu’il n’y avait qu’un candidat certain pour l’automne. Le projet

devenait alors sans fondement réel, mais laisser tomber ce projet n’aurait

pas facilité les choses au moment ou il y aurait trois ou quatre candidats.

On a alors décidé de constituer parmi ces formateurs masculins et féminins

un petit noyau qui devrait réfléchir à la théologie de la vie religieuse et

qui commencerait par proposer quelque chose pour les formateurs eux-mêmes.

Parce, comme le souligne Soeur Jean-Baptiste Bérard, «les formateurs ressentent le besoin de s’épauler, surtout quand ils n’ont personne à former

et que le découragement risque de les guetter».

C’est alors que le groupe a décidé d’enquêter pour savoir s’il n’y avait

pas un certain nombre de jeunes entrés dans d’autres congrégations à

l’étranger ou dans d’autres formes plus nouvelles : Lions de Judas, Focolari, Renouveau charismatique, etc. Ce sondage, réalisé auprès des curés de

Suisse romande en janvier dernier a connu un certain succès : dans le

diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, sur 218 questionnaires, il y a eu

118 réponses qui ont montré qu’il n’y avait eu en 1987 aucune entrée dans

une congrégation ou dans un monastère. Dans les diocèses de Sion et SaintMaurice, il y a eu 49 réponses sur 92 envois; ici, 4 jeunes filles sont

entrées dans une congrégation ou un monastère de Suisse romande : chez les

Soeurs de St-Maurice, les Dominicaines de Béthanie, les Ursulines de Sion

et le Carmel du Pâquier. Une jeune fille est entrée au carmel intégriste de

Quiévrain, en Belgique. Sur 38 envois dans le Jura, il y a eu 30 réponses;

une jeune fille est entrée à la Visitation, tandis qu’une autre est entrée

chez les Soeurs de la Charité de Besançon. Le CRV signale encore une jeune

valaisanne entrée chez les Soeurs de Notre-Dame d’Afrique.

Que faire pour susciter des vocations religieuses ?

Face à ces résultats, Soeur Jean-Baptiste a posé une question cruciale :

«Qu’est-ce qu’il en est de ce don de Dieu à l’Eglise qu’est la vie religieuse en Suisse romande ? Que faisons-nous pour disposer les jeunes à accueillir ce don du Seigneur ?» C’est alors que certaines religieuses se

sont demandées si les prêtres eux-mêmes étaient d’accord qu’il y a une

autre vocation que la leur, «qui ne soit ni meilleure ni pire, mais autre».

Elles ont fait remarquer que l’Année des Vocations, qui débute en septembre

prochain dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, est strictement

réservée aux vocations sacerdotales. Ainsi, le Bureau des religieuses de

Genève a questionné Mgr Grab à ce sujet. L’évêque auxiliaire a été très

ferme en disant qu’il avait lui-même beaucoup insisté au Conseil épiscopal

pour que ce soit une Année seulement pour les vocations sacerdotales. Le

CRV a également insisté pour que dans cette Année soient inclues toutes les

autres vocations, mais il n’a pas été suivi. Finalement les religieuses,

même si leurs propositions n’ont pas été satisfaites, ont déclaré vouloir

collaborer «avec zèle et enthousiasme» à la réussite de cette Année des Vocations.

Approfondir la spécificité de la vie religieuse

A partir des données récoltées par cette enquête, la présidente de

l’USMSR a relevé qu’il ne fallait pas voir seulement la perspective du

vieillissement des religieuses et de l’abandon de certaines oeuvres, mais

également la réalité qui motive les religieuses, l’appel du Seigneur : «Le

Seigneur appelle, il a toujours appelé, il appelle aujourd’hui; que faire

pour que ces appels soient entendus, pour que l’Eglise, qui reçoit ce don

de la vie religieuse, le fasse vivre».

Pour répondre à cet appel et pour avoir un impact dans la jeunesse, les

religieuses se sont demandées si elles ne devaient pas mieux faire valoir

leur spécificité de vocations consacrées et non pas se définir uniquement à

partir des services qu’elles rendent : «Il semble bien que nous devrions

plus nous exprimer dans la ligne de la consécration que de l’engagement de

services, parce qu’on nous a trop vues dans le rôle d’enseignantes ou de

soignantes; les jeunes d’aujourd’hui cherchent plus la spiritualité, la relation à Jésus». Elles se sont alors demandé comment elles pourraient

répondre dans la ligne de leur charisme à des besoins nouveaux nés de

l’évolution de la société, tout en approfondissant ce qu’est l’essence de

la vie religieuse. (apic/be)

10 février 1988 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
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