Réactions dans la Romandie protestante (300694)
Fribourg: une protestante accède à la présidence du PDC fribourgeois
Nicole Zimmermann élue par 101 voix contre 107: une première
Fribourg, 30juin(APIC) Une femme protestante, Nicole Zimmermann, âgée de
33 ans, adjointe scientifique à l’Office fédéral de l’énergie et présidente
du Synode de l’Eglise réformée du canton de Fribourg, a accédé à la présidence du PDC fribourgeois. L’élection s’est déroulée mercredi soir à Neyruz, au cours de l’Assemblée des délégués de ce parti. La nouvelle présidente du PDC cantonal a été désignée par 101 voix sur 107. Elle succède à
Anton Cottier.
Pour les quelque 25’000 réformés du canton, cette novice en politique
n’est pas une inconnue. Depuis 1991, elle préside en effet le Synode de
l’Eglise réformée évangélique du canton de Fribourg. Dans la Romandie protestante, cette élection suscite des applaudissements, parfois aussi quelques grincements de dents.
De Genève à Neuchâtel, coté officiel, on se réjouit de cette nomination,
ainsi que le confirme le pasteur Michel Lederrey, président du Conseil
synodal fribourgeois, l’exécutif de l’Eglise réformée. «Il n’y a aucune incompatibilité entre le mandat dans l’Eglise de Nicole Zimmermann et sa
fonction politique», souligne-t-il par ailleurs.
«Le monde politique et le monde de l’Eglise ne doivent pas vivre en
étranger», affirme pour sa part le pasteur Jean-Jacques Beljean, président
du Conseil synodal de l’Eglise réformée du canton de Neuchâtel. De manière
générale, l’engagement politique des chrétiens est encouragé par l’Eglise
neuchâteloise. Seule restriction: l’adhésion de ses membres à un parti pronant une doctrine contraire à l’Evangile. «Ce qui n’est bien évidemment pas
le cas du parti démocrate-chrétien», ajoute Jean-Jacques Beljean.
Ancien président de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse
(FEPS), le Genevois Jean-Pierre Jornod partage en tous points la position
neuchâteloise. A Genève, s’il n’y a pas d’obstacle à l’entrée en politique
d’un laïc qui a un mandat dans l’Eglise, il en va autrement pour les ecclésiastiques. A cet égard, le pasteur Jornod rappelle que la Constitution genevoise, reposant sur une stricte séparation de l’Eglise et de l’Etat,
n’accorde pas l’éligibilité aux ecclésiastiques.
A Lausanne, au siège de l’Eglise réformée vaudoise, on salue l’élection
de Nicole Zimmermann. «C’est aussi un pas supplémentaire du coté de l’oecuménisme, note Jean-Daniel Cruchaud, conseiller synodal et ancien municipal
socialiste lausannois. On ne peut que s’en réjouir». A relever que pour la
première fois de son histoire le canton de Vaud a récemment élu deux catholiques au Conseil d’Etat dont Jean-Jacques Schwab, chef du Département de
l’Instruction publique et des Cultes. «Une élection impensable, il y a une
quinzaine d’années», estime le conseiller synodal vaudois.
Le ton officiel tranche quelque peu avec celui de la rue: «Contre nature», «récupération», «prendra-t-elle ses ordres à Rome?». Ces réactions
glanées en Suisse romande auprès de quelques «protestants de base» témoignent avant tout d’une méfiance à l’égard du PDC, considéré encore et toujours comme un parti catholique. Si l’élection de Nicole Zimmermann étonne
des protestants, «c’est la preuve que le PDC a encore du travail à faire»,
indique Raymond Lorétan, secrétaire du Parti démocrate-chrétien suisse.
Depuis 1971, le PDC se positionne comme un parti du centre, mais à l’inverse de ces «frères» d’Allemagne ou des Pays-Bas, il n’a pas encore réussi
à devenir un véritable parti bi-confessionnel. Sur ses 53 élus aux Chambres
fédérales, on ne compte que trois protestants. Les sections cantonales
comptent en revanche de nombreux réformés dans leurs rangs, c’est le cas
notamment à Fribourg ou à Genève. (apic/spp/pr)