Mais la chartreuse retrouvera son visage d’origine
Fribourg: Usée par 7 siècles d’histoire, la Valsainte sera amputée de 14 cellules
Cerniat, 25 juillet 2005 (Apic) Le sauvetage de la Valsainte, en Gruyère fribourgeoise, passera par la démolition de près du tiers des cellules de la chartreuse, trop mal en point pour être réhabilitées. Usé par plus de 700 ans d’histoire, le monastère sera amputé en octobre de 14 cellules de toute façon inhabitées.
Le site de la Chartreuse de la Valsainte a besoin d’un sérieux assainissement, également au niveau des canalisations et des dispositifs d’écoulement des eaux, ainsi que d’une stabilisation de l’ensemble de ses murs porteurs. Les travaux commenceront cet automne. Ils devraient durer plusieurs années. Leur coût est estimé à quelque 5 millions de francs.
Une Association pour la conservation du site de la chartreuse de la Valsainte s’est constituée en 2003 pour assister la communauté monacale dans la gestion de ce projet et la récolte des fonds nécessaires à sa réalisation.
Dès le début des travaux sont apparues des détériorations pratiquement irréparables dans la partie sud du site. De l’avis des experts, 14 cellules, inhabitées depuis longtemps, sur les 36 que compte cet imposant ensemble architectural, sont dans un état qui rendrait leur réhabilitation extrêmement difficile et trop onéreuse. Les cellules concernées ont été ajoutées à l’ensemble du site au début du 20e siècle pour accueillir des chartreux français; elles n’ont, contrairement aux parties constitutives, qu’une valeur limitée du point de vue du patrimoine culturel. En d’autres termes, la chartreuse de la Valsainte retrouvera son visage d’avant 1903.
Réaménagement
Tant la communauté des moines que les instances fédérales et cantonales intéressées au projet au titre de la conservation du patrimoine se sont donc résignées à l’option de la déconstruction de ces quatorze cellules. A l’évidence, la disparition de la première rangée de cellules changera en partie l’impact impressionnant visuel que découvre actuellement le promeneur au fond de la vallée. Il conviendra de réaménager la partie concernée du site, de façon à lui conserver son concept harmonieux d’ensemble du point de vue architectural et paysagiste.
Développé en collaboration avec l’Office fédéral de la culture et le Service des biens culturels du canton de Fribourg, le projet de réaménagement du lieu fait actuellement l’objet d’une mise à l’enquête publique. Coordonnés avec ceux concernant l’assainissement du site, les travaux démarreront, en principe et notamment si la météo le permet, en octobre 2005, ou au plus tard au printemps 2006.
Historique de la chartreuse
La Valsainte (anciennement Vallée de tous les Saints) a été fondée en 1295, par Girard I, seigneur de Corbières. Richement dotée en biens fonciers, la Chartreuse attira sous l’ancien régime les convoitises du gouvernement fribourgeois et en 1778, avec l’autorisation du pape, ses biens furent répartis entre l’évêché de Lausanne (spolié par la Réforme et réfugié à Fribourg à la fin du XVII), l’Etat de Fribourg, le Collège Saint Michel et le Grand séminaire.
La Révolution française, l’époque napoléonienne et le Kulturkampf ont également été riches en tribulations: en 1791, il accueillaient les cisterciens de Soligny, mais les Chartreux fuyaient la Valsainte à l’approche des troupes françaises en 1798. Ils y revenaient en 1802, mais à demande de Napoléon, en conflit avec des trappistes italiens, la Valsainte demeurait fermée de 1812 à 1814.
Occupée à nouveau par des trappistes, elle passa en mains rédemptoristes de 1818 à 1824. Abandonnée pendant près de 40 ans, les Chartreux la réintégraient en 1861, date à laquelle le gouvernement fribourgeois rétablissaient les communautés religieuses supprimées en 1848. (apic/lib/com/pr)