Depuis 28 ans au service de l’Eglise au Gabon
Gabon: Portrait du religieux valaisan Jean louis Rey
Ibrahima Cissé, correspondant de l’Apic en Afrique occidentale
Libreville, 2 avril 2003 (Apic) Le Suisse Jean-Louis Rey, âgé de 59 ans, est témoin de l’évolution religieuse, politique, social, économique et culturel du Gabon depuis 1974. Il observe attentivement l’évolution de ce pays, qui connaît une période pacifique. «Le calme qui cache l’orage», prévient le spiritain valaisan.
C’est en 1968 que Jean-Louis Rey atterrit pour la première fois au Gabon, dans le cadre de l’organisation catholique «Laïcs missionnaires», basée à Fribourg en Suisse, qui deviendra «Frères sans frontières». Ce séjour a duré deux ans. Après un retour dans son pays, la congrégation des sipiritains du Bouveret et de Fribourg l’envoie à nouveau au Gabon comme missionnaire en 1974.
A son arrivée, Jean-Louis Rey est affecté au séminaire de saint Kisito à Oyem dans le nord, puis à Moanda dans le sud-est. Cinq ans plus tard, il est transféré à Koula Moutou (sud-est), puis à Franceville, capitale du haut Ogoué. Il y reste 9 ans, de 1985 à 1994, pendant lesquels il exerce les fonctions de curé de la cathédrale et animateur d’émissions religieuses. Cette période coïncide avec la démocratisation «de gré ou de force» de la plupart des régimes africains. «C’était un passage important», affirme-t-il, en parlant de la conférence nationale organisée dans ce cadre au Gabon.
Les Gabonais demandent des comptes, aussi à l’Eglise
«Lors de ces assises qui ont duré 90 jours, on a vu des gens se réveiller et demander des comptes même à l’Eglise», rappelle le religieux dans un entretien avec l’Apic. «La conférence nationale a permis de lancer la formation permanente des populations, de donner une base aux gens, dans leur engagement et de donner un second souffle à l’Eglise pour une relance par l’action. Elle a aussi permis aux gens de vider leur sac et de dire leur espérance et leur désespoir». Depuis lors, le président Omar Bongo «équilibre la géopolitique du pays». «Toutefois, déplore le spiritain valaisan, le Gabon est n’a pas de mémoire, car il n’y a pas d’actes de la cette conférence nationale historique».
Le père Jean-Louis Rey dirige maintenant la station catholique Radio Sainte- Marie depuis le 1er janvier 2000. Après plus d’un quart de siècle passé au Gabon, il regarde l’avenir du pays, avec «inquiétude et incertitude». «Il y a des positionnements pour l’après Bongo», fait-il remarquer, ajoutant que le pays vit une période pacifique. «C’est un calme qui cache l’orage», prévient-il dit. Il cite en exemple le concept de la «gabonité» qui vise à accorder la priorité aux nationaux au dépens des étrangers. Ce nationalisme est à l’origine de la crise politico-militaire qui secoue la Côte-d’Ivoire depuis au moins six ans. (apic/ibc/bb)