Gaza: «La vérité est toujours écrite par le plus fort»

Les médias sont à la botte d’Israël, accuse le directeur du AIC

Gaza/Jérusalem, 31 décembre 2008 (Apic) Cessez-le-feu «immédiat et permanent», action humanitaire «immédiate» et reprise des négociations de paix: l’Union européenne (UE) a pris fermement position, pour une fois à l’unanimité, contre l’opération militaire israélienne dans la bande de Gaza. Israël reste sourd, et continue son opération dévastatrice en vie humaine, de civils. D’enfants… qui ont pour seuls torts d’être Palestiniens.

«Gaza est fermée aux journalistes, mais grâce à internet et aux nouvelles technologies de communication, nous avons toutes les informations qui nous servent pour pouvoir bien informer les gens sur ce qui se passe, à savoir un véritable massacre de civils, mais en réalité ce flux d’informations n’est que partiel», confie de Jérusalem à l’Agence missionnaire Misna, à Rome, Michel Warschawski, directeur de l’agence de presse israélienne Alternative Information Center (AIC). (Centre d’information alternative. Israélien d’origine française, il est le fils du grand rabbin de Strasbourg Max Warschawski,

Selon lui, les médias occidentaux, «bien que rapportant plus ou moins correctement les principaux faits de l’offensive en cours (le nombre de morts, les bombardements israéliens, les roquettes palestiniennes) donnent des titres, optent pour des points de vue ou des analystes qui de fait ne rapportent que la version pro Israël». «On ne lit pas Israël bombarde les palestiniens mais Israël attaque le Hamas, comme si larguer une bombe en plein coeur de Gaza, qui est la ville la plus densément peuplée du monde, ne signifiait pas causer volontairement des morts civils». Du Hamas, relève-t-il, on souligne son «appartenance présumée au monde de l’extrémisme islamique, synonyme de danger et terrorise», ajoute Warschawski. Et de rappeler que le Hamas a pourtant remporté les législatives de 2006 avec plus de 60% des voix.

Selon le directeur de l’Aic, telle serait la clé de lecture des faits choisie ces derniers jours par la plupart des médias qui, au bout du compte, servent les intérêts d’Israël et oublient les civils, vraies victimes des bombardements.

«Il est évident que l’on tend presque toujours à cacher les victimes palestiniennes dans quelques sous-titres tandis que l’on accorde davantage d’importance aux morts causés par les roquettes palestiniennes; le graphisme aussi fait partie de l’information ou de la désinformation», illustre encore Warschawski.

D’autre part, selon l’interlocuteur de Misna, les palestiniens sont également victimes d’un jeu entre les divers représentants politiques israéliens en compétition entre eux en vue des prochaines élections: «Il est triste de voir que sur cette attaque il y a un consensus général qui n’exclut aucune force politique, à gauche comme à droite: les palestiniens sont ainsi devenus une véritable marchandise électorale». D’ailleurs, conclut Warschawski, ce que nous voyons dans les médias n’est que la dernière transposition d’une vieille règle: «C’est toujours le vainqueur qui écrit, à sa façon, l’histoire ; et si Israël dit que ses bombes sont contre le Hamas et pas contre les civils, alors c’est vrai …».

Colère et impuissance en Cisjordanie

«Colère, tristesse et impuissance: c’est ce que nous éprouvons et c’est pour cette raison que nous prions», déclare à MIsna Hafez Huraini, responsable de la South Hebron hills commitee, une association représentant les habitants des villages situés au sud de Hébron, en Cisjordanie, en lutte contre les limitations et violations causées par la présence des colonies israéliennes sur leur territoire. «Nous sommes palestiniens, comme eux et nous devons nous battre contre ceux qui s’approprient de notre terre et contre les murs de séparation toujours plus hauts et envahissants. Les habitants de Gaza, déjà épuisés par un embargo qui dure depuis longtemps, doivent à présent subir des bombardements jamais vus auparavant», ajoute l’interlocuteur de Misna.

Des protestations et des manifestations, rapporte Huraini, sont organisées chaque jour dans toutes les villes palestiniennes de Cisjordanie. L’attitude des soldats israéliens a changé aussi, qui de fait contrôlent les territoires palestiniens: «Il y a plus de soldats aux barrages qui divisent les territoires en petits bouts de terre et ils sont plus sévères; souvent ils bloquent l’accès d’une zone à l’autre. Il ne nous reste qu’à obéir, baisser la tête et téléphoner à nos familles, à Gaza, pour savoir si aujourd’hui elles sont encore en vie», dit en conclusion Huraini. (apic/misna/pr)

31 décembre 2008 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!