Les religieux chrétiens ont décidé de rester à Gaza, auprès de leurs protégés. Photo: dévastation de l'école de la Sainte-Famille, 7 juillet 2024 | ©  Vatican Media
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Gaza: les religieux resteront dans leurs paroisses, au service de leurs protégés

Dans une déclaration commune publiée le 26 août 2025, les Patriarcats grec-orthodoxe et latin de Jérusalem ont annoncé que les prêtres et les religieuses présents aujourd’hui encore à Gaza n’évacueront pas les lieux. Malgré l’offensive militaire israélienne et les bombardements, ils restent au service des Gazaouis qui ne peuvent ou ne veulent pas partir.

S’inspirant des versets du livre des Proverbes (12,28) – «Sur les sentiers de la justice, la vie! Qui prend ce chemin ne mourra pas» – les patriarches Theophilos III et Pizzaballa expliquent «pourquoi les prêtres et les religieuses (de Gaza) ont décidé de rester et de continuer à prendre soin de tous ceux qui resteront dans les complexes paroissiaux». Et ce malgré les bombardements israéliens intensifs, y compris dans le quartier d’El Zeitoun où se situent les deux églises de la ville de Gaza.

Fuir serait pour certains une condamnation à mort

Depuis le début de la guerre, les bâtiments de la paroisse grecque-orthodoxe de Saint-Porphyre et de la paroisse latine de la Sainte Famille «servent de refuge à des centaines de civils», rappellent-ils. «Comme tous les autres habitants de la ville de Gaza, les réfugiés qui vivent dans ces complexes paroissiaux devront décider en leur âme et conscience de ce qu’ils veulent faire.» En attendant, les religieux restent à leurs côtés.

Parmi ces réfugiés, précisent les patriarches Theophilos III et Pizzaballa, se trouvent des personnes âgées, des femmes et des enfants. La paroisse de la Sainte-Famille accueille en outre, depuis de nombreuses années, des personnes handicapées, soignées par les Sœurs missionnaires de la charité.

«Parmi ceux qui ont cherché refuge à l’intérieur des murs de ces paroisses, beaucoup sont affaiblis et mal nourris en raison des difficultés des derniers mois. Quitter la ville de Gaza et tenter de fuir vers le sud équivaudrait à une condamnation à mort», affirment les patriarches.

Comme le précise Terre Sainte magazine, les déplacements forcés de civils palestiniens tendent, en effet, à concentrer la population sur 20% du territoire de la bande de Gaza. La population sera interdite de sortir de ces zones dites «de concentration», ne bénéficiant d’aucune infrastructure.

›Les portes de l’enfer’ se sont ouvertes

Il y a quelques semaines, le gouvernement israélien a annoncé sa décision de prendre le contrôle total de la ville de Gaza au travers une offensive militaire de grande envergure, intitulée Char de Gédéon II. Des ordres d’évacuation ont été donnés pour plusieurs quartiers de la ville de Gaza. Des centaines de milliers de civils devraient ainsi être déplacés au sud de la bande de Gaza.

«L’expérience des campagnes passées à Gaza, les intentions déclarées du gouvernement israélien concernant l’opération en cours et les informations qui nous parviennent du terrain montrent que l’opération n’est pas seulement une menace, mais une réalité déjà à l’œuvre, écrivent les patriarches chrétiens. (…) Il semble que la déclaration du gouvernement israélien selon laquelle ›les portes de l’enfer vont s’ouvrir’ soit en train de prendre une tournure tragique.»

«Nous ne savons pas exactement ce qui va se passer sur place, non seulement pour notre communauté, mais pour l’ensemble de la population. Nous ne pouvons que répéter ce que nous avons déjà dit: il ne peut y avoir d’avenir fondé sur l’emprisonnement, le déplacement des Palestiniens ou la vengeance.»

Appel au respect des droits du peuple palestinien

Après avoir cité un discours du pape Léon XIV, adressé le 23 août aux réfugiés du Chagos ­ – «Tous les peuples, même les plus petits et les plus faibles, doivent être respectés par les puissants, dans leur identité et leurs droits, en particulier le droit de vivre sur leurs propres terres; et personne ne peut les contraindre à un exil forcé» -, les patriarches Theophilos III et Pizzaballa appellent «la communauté internationale à agir pour mettre fin à cette guerre insensée et destructrice et afin que les personnes disparues et les otages israéliens puissent rentrer chez eux».

«Rien ne justifie le déplacement délibéré et forcé de civil», s’indignent-ils, ni «la détention de civils prisonniers ou en otages dans des conditions dramatiques. Il est temps de mettre fin à cette spirale de violence, de mettre fin à la guerre et de donner la priorité au bien commun des populations.» (cath.ch/com/lb)

Les religieux chrétiens ont décidé de rester à Gaza, auprès de leurs protégés. Photo: dévastation de l'école de la Sainte-Famille, 7 juillet 2024 | © Vatican Media
26 août 2025 | 15:49
par Lucienne Bittar
Temps de lecture : env. 3  min.
crimes de guerre (3), Gaza (155), Israël (282), Palestine (158)
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