Meurtres de civils, vandalisme et encouragements de rabbins
Gaza: Témoignages de soldats israéliens, l’armée a commis des crimes de guerre
Tel Aviv, 23 mars 2009 (Apic) Durant l’opération «Plomb durci» visant la Bande de Gaza, l’armée israélienne a commis des crimes de guerre. Après la publication de témoignages de soldats et d’officiers de Tsahal sur des actes «non éthiques» voire criminels commis durant l’offensive lancée à la fin de l’année dernière, l’armée israélienne a décidé jeudi 19 mars de lancer une enquête.
Des témoignages de soldats israéliens engagés dans cette opération ont été rassemblés par Dani Zamir, un officier à la retraite qui a présenté son dossier au bureau du chef d’état-major de Tsahal. Les soldats qui ont témoigné sont des diplômés du cours préparatoire prémilitaire Yitzhak Rabin du Collège Académique Oranim à Kyriat Tivon.
Ces témoignages contredisent clairement les allégations de l’armée israélienne et de la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni qui avaient affirmé que Tsahal avaient fait preuve d’un haut degré de moralité durant les combats et que les soldats faisaient tout leur possible pour protéger la vie des civils. Les témoignages de ces soldats montrent l’écart entre les discours officiels et la réalité sur le terrain. D’après l’armée, aucun témoignage de ce genre n’a été trouvé dans la documentation interne de Tsahal.
Tirs délibérés sur des femmes et des enfants
Les témoignages des soldats rendent compte de tirs délibérés sur des personnes identifiées comme n’étant pas combattantes, des actes de vandalisme contre les propriétés palestiniennes et des abus concernant l’aide humanitaire. Un soldat a raconté qu’un commandant de bataillon avait ordonné à une famille de sortir d’une maison, puis la mère et ses enfants ont été abattus par un tireur d’élite. «Je ne sais pas s’il a d’abord tiré dans les jambes, en tout cas ils sont morts. J’ignore s’il a regretté son geste. Après tout, il ne faisait que son boulot», peut-on lire jeudi dans l’édition française du quotidien israélien «The Jerusalem Post».
Permission de tuer
Le quotidien Haaretz, qui publie les témoignages, mentionne également le meurtre délibéré d’une vieille femme sur ordre d’un commandant de brigade. Des soldats avaient reçu l’ordre de tuer tout ce qui bougeait dans le centre de Gaza, parce que «tout le monde là-bas est un terroriste».
Un autre témoignage cité par le «Post» décrit la destruction d’une propriété palestinienne: «On jetait tout par la fenêtre pour faire de la place. Tout le contenu de la maison y est passé: le frigo, des assiettes, des meubles. L’ordre était d’enlever tout ce qui se trouvait dans la maison». Certains soldats ont été choqués que leurs camarades puissent écrire sur les murs des maisons occupées «mort aux Arabes», prendre des photos de famille et leur cracher dessus «juste parce que vous pouviez le faire».
Des rabbins ont encouragé les soldats
D’autres soldats ont décrit l’inhabituelle intervention de rabbins – militaires et civils – dans les combats et la distribution de fascicules et de tracts décrivant la guerre dans une terminologie religieuse.
«Tous les textes comportaient un message clair», explique un soldat. «Nous sommes le peuple d’Israël, nous sommes arrivés dans le pays presque par miracle. Maintenant, nous avons besoin de combattre pour déraciner les ’gentils’ (les non juifs, ndr) qui interfèrent avec la reconquête de la Terre sainte. Le sentiment de nombreux soldats était qu’il s’agissait d’une guerre de religion». Selon les autorités médicales, plus de 1’300 Palestiniens ont été tués durant les 22 jours de l’opération militaire israélienne, dont 440 enfants, 110 femmes et des dizaines de personnes âgées. 13 Israéliens, dont trois civils, ont également trouvé la mort à cette occasion. (apic/jpost/haar/be)