Gaza: Une clinique de Caritas complètement détruite par les bombes israéliennes
Un hôpital de «Christian Aid» pour mères et enfants pris pour cible
Fribourg-en-Brisgau/Londres, 13 janvier 2009 (Apic) L’armée israélienne, qui a déjà bombardé «par erreur» une école des Nations Unies, causant la mort d’une quarantaine de civils, a bombardé deux cliniques gérées par des oeuvres d’entraide chrétiennes occidentales. Une clinique pour mères et enfants de «Christian Aid», cofinancée par l’Union européenne, a été prise pour cible samedi par l’aviation israélienne et détruite.
L’oeuvre d’entraide chrétienne, émanation d’une quarantaine d’Eglise d’Angleterre, du Pays de Galles, d’Ecosse et d’Irlande (cf.www.christianaid.org.uk), signale que le bâtiment de deux étages a pu être évacué dans la précipitation samedi soir après avoir reçu un avertissement par téléphone lui donnant quinze minutes avant la destruction. L’hôpital était clairement marqué par des signes de la Croix Rouge et des ambulances étaient parquées à l’extérieur, bien visibles. Les Israéliens ne pouvaient absolument pas la confondre avec un objectif militaire.
La clinique, basée dans le district de Shujaiya à Gaza City, a été complètement détruite immédiatement après par un missile envoyé par un jet israélien. Tout le contenu de l’hôpital, dont des équipements médicaux valant des centaines de milliers de dollars, a été réduit en poussière.
Les Israéliens n’ont donné aucune raison pour cette agression contre l’installation médicale dirigée par le Conseil des Eglises du Moyen-Orient (Near East Council of Churches/NECC).
«Le monde doit se réveiller!»
Selon Christian Aid, qui se base sur des informations fournies par des sources médicales palestiniennes, plus de 900 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’attaque israélienne contre Gaza le 27 décembre. L’ONU révèle que plus des 40% des Palestiniens tués sont des femmes et des enfants.
D’autres cliniques, dont un hôpital géré par le NECC, ont été évacuées depuis déjà deux semaines, car les propriétaires d’immeubles proches ont été menacés par les Israéliens. «Le monde doit se réveiller et mettre un terme à ce siège et à cette occupation», a lancé Constantine Dabbagh, directeur exécutif du NECC. S’il n’y a pas un temps pour la paix et la réconciliation, «cette atmosphère sanglante va continuer».
Caritas également prise pour cible
De son côté, Caritas International à Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, annonce qu’une de ses cliniques a été complètement détruite par les bombes israéliennes dans le quartier d’Al Maghazi à Gaza. L’oeuvre d’entraide catholique précise que 20 autres maisons alentour ont été gravement endommagées lors d’une attaque vendredi dernier. Les habitants du quartier avaient quitté l’endroit avant les bombardements, pour trouver refuge dans des abris d’urgence. Cinq autres cliniques de la Caritas ont pu jusqu’à maintenant poursuivre leur travail au milieu de grandes difficultés.
D’après les informations de Caritas International publiées lundi 12 janvier, les combats dans la Bande de Gaza ont conduit à une situation catastrophique sur place. Actuellement, quelque 70’000 personnes sont hébergées dans des abris d’urgence. 25 médecins et infirmières sont engagés sur place pour le compte de Caritas, mais ne peuvent travailler que de façon restreinte en raison du manque de médicaments et d’appareils médicaux.
Une réelle crise humanitaire est en cours
Contrairement à ce qu’affirment les porte-parole du gouvernement et de l’armée israélienne – la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni a déclaré cyniquement mardi que l’offensive contre Gaza est bonne pour les Palestiniens – Gaza fait face à un «grave manque de protection des civils qui vivent dans la peur et l’insécurité permanente».
Caritas International insiste sur la situation réelle de crise humanitaire malgré les déclarations du gouvernement israélien, et organise son aide dans un contexte difficile. Après plus de deux semaines qu’Israël tente de faire tomber le Hamas, la population palestinienne est au bord de la catastrophe. Alors que 80 % de la population dépend des distributions de nourriture, les bombardements incessants rendent l’acheminement de nourriture et l’accès aux points de distribution très difficiles. Malgré l’annonce d’une pause des opérations offensives tous les après-midi pendant trois heures, l’insécurité générale rend le travail des organisations humanitaires très difficile.
L’aide médicale reste la priorité pour les organisations humanitaire qui opèrent dans la Bande de Gaza. Bien que quelques camions d’aide parviennent à entrer dans Gaza, les hôpitaux manquent cruellement de matériel et la pénurie d’électricité entrave le bon déroulement des soins, constate Caritas Internationale. Claudette Habesch, secrétaire générale de Caritas Jérusalem, fait état d’un nombre de besoins importants parmi la population: nourriture, eau (dans le nord de Gaza, 800’000 personnes n’ont plus d’eau depuis le 6 janvier), essence, électricité, soins médicaux et produits non alimentaires.
L’association catholique a également lancé une campagne pour récolter des couvertures. CRS, la Caritas américaine, qui a du personnel dans la Bande de Gaza et qui soutient Caritas Jérusalem, distribue de la nourriture, des bougies et des kits d’hygiène pendant sept jours consécutifs.
Face à l’appel d’urgence de Caritas Jérusalem, le réseau Caritas se mobilise pour répondre à la demande des Caritas d’Allemagne, de Suisse, d’Espagne et du Luxembourg. De leur côté, CAFOD (Caritas anglaise) et TROCAIRE (Caritas irlandaise) soutiennent également Islamic Relief (le Secours islamique) qui est très actif à Gaza. Le Secours Catholique – Caritas France a, dans un premier temps, débloqué une première aide de 50’000 euros et lancé un appel aux dons.
«Il est inacceptable que soit dénié à un peuple le droit à la reconnaissance et à la sécurité», a dénoncé en fin de semaine Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi France et évêque de Troyes, dans un appel cosigné avec le Secours Catholique, au président de la République française. De même, le vendredi 9 janvier, Caritas Internationalis faisait une déclaration à la Commission des droits de l’Homme à Genève, l’appelant à réagir d’urgence aux graves violations des droits de l’Homme perpétrés dans la bande de Gaza, «en espérant qu’Israël et le Hamas entendent raison». (apic/bbc/com/be)