Les conséquences de la guerre froide pour le continent africain

Genève: L’Afrique et l’histoire au menu de la session du COE

Genève, 2 septembre 1999 (APIC) Les causes des convulsions qui secouent aujourd’hui nombre de pays africains, des guerres et de leurs lots de massacres, ont pour origine la guerre froide que se livraient à l’époque les superpuissances. Et ces mécanismes prévalent aujourd’hui encore, héritage malfaisant pour les populations de ce continent. Le constat est amère. Il émane d’un Africain, lors de la session du Comité du Conseil œcuménique des Eglises, réunit jusqu’à vendredi en session à Genève.

Directeur kenyen du secteur «étude et action» du Conseil œcuménique (COE), Sam Kobia pointe aujourd’hui son doigt: «l’indépendance des pays africains a été conçue de manière à servir les intérêts de l’Est et de l’Ouest».

Jusqu’à la chute du mur de Berlin, a analysé Sam Kobia, la vie politique sur le continent africain a été fortement influencée par la guerre froide entre les superpuissances. C’est pendant les luttes d’indépendance des peuples qui cherchaient à se libérer des régimes coloniaux que la rivalité entre ces puissances est devenue particulièrement flagrante. Elle a empêché les pays d’instaurer des modes de gouvernement qui soient conformes à leurs traditions et à leurs véritables intérêts. Bref, a-t-il dit l’indépendance a été conçue de manière à servir les intérêts de l’Est et de l’Ouest.

Les superpuissances n’avaient aucun intérêt à voir s’instaurer en Afrique des gouvernements démocratiques, pense S. Kobia. «Il est plus facile de contrôler des peuples sous une dictature. A cette époque, ceux qui se battaient pour la démocratie étaient taxés de «communisme. Ainsi s’est créée une culture de la dictature qui continue d’exercer une influence dans nos pays. Après 30 ou 40 ans d’indépendance, on constate que, dans la plupart des pays africains, les mouvements associatifs sont quasiment inexistants», a-t-il ajouté.

Pour Sam Kobia, il est également préoccupant de voir que la politique d’intervention étrangère qui a prévalu durant la guerre froide continue de jouer un rôle dans les guerres civiles qui aujourd’hui encore déchirent le continent. S’il a relevé que des conflits comme ceux de la Sierra Leone et du Liberia sont financés localement, il a souligné le terrible risque de déstabilisation politique qui existe dans plusieurs pays africains.

L’autre analyse, faite par Clement Janda, secrétaire général de la Conférence des Eglises de toute l’Afrique (CETA) depuis 1997, abonde dans le même sens. Selon lui, la guerre qui bouleverse le sud du Soudan s’explique aussi par la défense d’intérêts qui n’ont pas grand chose à voir avec la population soudanaise. Deux millions de personnes environ ont été tuées dans ce conflit qui dure depuis près de 40 ans, et l’opinion publique internationale ne semble pas se rendre compte de ce qui est en train de se passer dans ce pays.

La question qu’il faudrait se poser, fait remarquer C. Janda, est celle de savoir à qui la fin de cette guerre profiterait. «Là-bas, l’enjeu est l’accès à des minerais importants comme l’or et l’uranium et à un bien plus précieux encore: l’eau du Nil».

Les deux leaders oecuméniques africains, gardent cependant l’espoir de voir changer les choses. Les deux pensent notamment à l’Afrique du Sud et à quelques autres gouvernements démocratiques. Des signes, selon eux, annonciateurs de changement importants dans la situation politique du continent. (apic/com/pr)

2 septembre 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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