Instruction judiciaire en cours contre un pasteur, suspendu
Genève: L’Eglise protestante secouée par un scandale sexuel
Genève, 20 janvier 2005 (Apic) Le Conseil de l’Eglise protestante de Genève a été informé le 18 janvier par le responsable de la Compagnie des pasteurs, Roland Benz, des accusations formulées par une jeune femme contre un pasteur de Versoix. Ces accusations, d’ordre sexuel, ont été immédiatement reprises par la presse.
Selon un communiqué, la haute autorité de l’Eglise protestante de Genève, le Conseil de l’Eglise, a été informée «tard dans la soirée du mardi 18 janvier et de façon urgente» par le modérateur de la Compagnie des pasteurs et des diacres, le pasteur Roland Benz, et le responsable des ministères et des stages, Albert-Luc de Haller, «des accusations d’une jeune femme à l’encontre d’un pasteur de l’Eglise».
Le mercredi 19 janvier, précise le texte, une rencontre a eu lieu entre ce pasteur et le président de l’Eglise ainsi que le responsable des ministères et des stages. Au vu de la gravité des faits allégués, décision a été prise de suspendre le pasteur avec effet immédiat en attendant l’aboutissement de la procédure judiciaire.
«Tout en restant attentif à la souffrance de chacun dans ces circonstances», le Conseil de l’Eglise «exprime sa consternation et sa profonde tristesse, mais reste confiant que le travail de valeur que l’Eglise accompli par ailleurs continuera à être reconnu».
Accusations parues dans la presse
La Tribune de Genève, relayée par l’ATS, a fait état des faits reprochés à ce pasteur, qualifié de sadomasochiste. Le pasteur serait «inculpé», ce que le porte-parole de l’Eglise protestante genevoise, John Grinling, joint par l’Apic, qualifie d’inexact. D’après la presse, le pasteur de Versoix (GE), 47 ans, «inculpé en décembre pour abus de la détresse», a profité de sa position pour faire subir à sa femme de ménage étrangère, «des actes sadomasochistes».
L’homme aurait administré des fessées à la jeune femme à l’aide d’un martinet, d’une tapette en cuir ou d’une baguette de bambou, a indiqué l’avocat de la victime, Me Thomas Barth, qui a confirmé l’information de la «Tribune de Genève». Selon l’avocat, les séances spéciales ont commencé environ trois mois après l’embauche de la jeune femme à la paroisse de Versoix, à fin 2003. C’est la dernière «punition», en novembre 2004, qui aurait fait craquer la jeune femme, fessée après avoir été couchée sur une table.
«L’instruction est couverte par le secret judiciaire»
«Si les faits sont avérés, l’affaire est grave», a ajouté John Grinling. Cependant, interviewé par l’Apic, il précise: «Sur les faits rapportés par la presse, nous n’avons rien à déclarer». C’est Roland Benz, informé lui- même que «le pasteur était en difficulté», qui a immédiatement mis au courant le Conseil de l’Eglise protestante. Et le mercredi 19, «avant que l’affaire ne paraisse dans la presse, la décision avait été prise de suspendre le pasteur en question».
L’affaire étant en cours d’instruction, il n’y a pas d’inculpation pour l’instant. Or, continue le porte-parole de l’Eglise protestante, «l’instruction est couverte par le secret judiciaire». Si des informations «qui ressortent de l’enquête préliminaire» ont été rendues publiques, le porte parole le déplore. «Il y a là quelque chose de troublant du point de vue de la procédure». Sans minimiser les faits allégués, il constate que «cela porte gravement conséquence pour le pasteur en cause».
Ce dernier, suspendu et ne pouvant plus exercer son ministère, est remplacé par un pasteur retraité, qui assurera l’intérim à la paroisse de Versoix «jusqu’aux conclusions de la justice et jusqu’à ce que les autorités de l’Eglise statuent sur son cas». (apic/com/vb)