La Croix rappelle l’anniversaire de la St Barthélemy, le 24 août
Genève: La trace toujours vivante de Calvin au Musée de la Réforme
Genève/Paris, 27 août 2007 (Apic) Le quotidien français La Croix, s’est penché sur l’anniversaire sanglant de la St Barthélemy, le 24 août 1572, où eut lieu le massacre de milliers de protestants en France. Genève devenait alors un refuge pour les persécutés, rappelle La Croix. Le quotidien est admiratif devant le Musée de la Réforme.
A la date où commençaient les massacres de la St Barthélemy, qui contraignirent des dizaines de milliers de protestants à fuir la France catholique, Jean Calvin avait déjà commencé à faire de Genève «la Rome protestante». Genève avait en effet adopté la Réforme, on le sait, en 1536.
La Croix a interviewé Olivier Fatio trente ans professeur d’histoire du christianisme à la Faculté autonome de théologie protestante de ’Université de Genève, est lui-même descendant de réfugiés venus d’Italie. Il est marié à une théologienne appartenant à une très ancienne famille genevoise et première femme à présider l’Église protestante de Genève.
D’abord, Olivier Fatio montre Saint-Pierre, cathédrale réformée la plus au sud d’Europe, écrit La Croix, «dépouillée de ses ornements intérieurs (sauf les vitraux) : décors badigeonnés, pas de croix – car pour écouter la Parole de Dieu et l’étudier, rien ne doit troubler la concentration». Il raconte l’histoire de cet hôtel particulier du XVIe siècle, rehaussé de 2 étages pour accueillir quelques-uns des réfugiés huguenots fuyant l’extermination, face à la cathédrale, édifié par l’amiral Duquesne. Amiral qui mena à la victoire la flotte française mais qui, refusant d’abjurer le protestantisme, ne fut jamais récompensé par Louis XIV.
A gauche de la cathédrale, un élégant escalier en façade et, à l’arrière, une vaste porte cochère pour faire passer une voiture à cheval, mène depuis deux ans, au Musée international de la Réforme, qui a reçu cette année le prix du musée du Conseil de l’Europe.
Pourtant, lorsque Max Dominicé, figure éminente du protestantisme genevois et grand mécène, charge à la fin de sa vie Olivier Fatio de réaliser ce musée, ce dernier hésite. «Rien de plus ennuyeux qu’un livre ouvert que personne ne lit», dit-il dans La Croix. Alors, il a voulu un musée amusant, joli et élégant, financé par le mécénat privé, à commencer par la banque Pictet. Si les entrées couvrent plus du tiers des dépenses du musée, il faut toujours faire appel au mécénat.
Musée international de la Réforme :25’000 visiteurs par an
Une petite équipe a travaillé dans l’enthousiasme. C’est Olivier Fatio, par exemple, qui a eu l’idée de la salle du banquet théologique pour expliquer le thème si difficile de la prédestination, abandonné au fil du temps par la pensée réformée : dix assiettes y parlent chacune au nom d’un convive qui défend un point de vue.
L’ensemble a attiré des personnalités aussi diverses que le patriarche orthodoxe de Constantinople ou Kofi Annan, l’ancien secrétaire général de l’ONU, qui a choisi Genève pour sa retraite. Et, bien sûr, les deux inspecteurs du Conseil de l’Europe, un Russe athée et un Néerlandais catholique.
La pasteure Isabelle Graesslé, à qui Olivier Fatio a passé le flambeau montre avec fierté et amusement le prix européen décerné: la statue de Miro, La Femme aux beaux seins, qui trône à l’entrée du musée. Une famille centrafricaine, un couple londonien, deux Sri-Lankais et un Américain du Michigan étaient présents ce 24 août 2007. Dehors, la famille Singh, les parents et leurs deux fillettes venus de Delhi, ne sait que faire. Dominique et Nathalie, au guichet, leur expliquent que la visite du musée demande un peu de temps et que, du sous-sol, ils peuvent joindre à cette visite celle du site archéologique sous la cathédrale. Un site gigantesque, où l’on peut suivre les premiers siècles de la chrétienté.
Un groupe de Français avec de jeunes enfants préférera partir à l’assaut des 157 marches de la tour nord de la cathédrale pour voir le panorama et admirer la plus grosse cloche du lieu. C’est également aux fidèles réformés locaux que le musée, lieu de pédagogie, est destiné. Beaucoup de classes du canton de Genève y viennent. Isabelle Graesslé raconte la visite du petit Jonas, fasciné par la bible cachée dans l’âtre, comme le faisaient les protestants français qui ne voulaient pas risquer d’être arrêtés. La directrice, intarissable, évoque aussi les adultes qui restent des heures dans le cabinet à musique à écouter les chants du psautier de leur enfance.
Isabelle Graesslé sait que ce musée n’est pas parfait. «La force du protestantisme, c’est l’étude des textes, et il est difficile de la rendre visible. Pour nous, il n’y a pas de lieu sacré, le sacré est en soi» (apic/cx/vb)