Genève: Près de 2000 personnes au 5ème Forum «Amour et Vie»

Genève, 7 février 1999 (APIC) Près de 2000 personnes, des jeunes, et des moins jeunes venus principalement de France et de Suisse romande, mais aussi de Belgique, d’Allemagne, d’Italie voire de Roumanie, ont participé samedi et dimanche au Centre international de Conférences de Genève au 5ème Forum «Amour et Vie». Mis sur pied par les Frères et les Sœurs de Saint-Jean, le Forum a pour but de «réveiller l’amour et l’intelligence» par la rencontre de témoins et de «maîtres». Des «maîtres, oui !», tient à préciser Frère Benoît-Emmanuel, cheville-ouvrière de la rencontre, mais pas des «gourous» qui priveraient les jeunes de leur liberté.

Lancé pour la première fois en 1991, avec une participation de 600 personnes, le Forum «Amour et Vie» organise tous les deux ans un grand rassemblement de jeunes et leur propose un temps privilégié de réflexion approfondie sur les questions cruciales de notre temps. A Genève, les groupes présents n’ont pas peur de montrer la couleur: on est ici fier d’affirmer sa foi, et les jeunes présents ne sont pas du genre «no future».

Au milieu des stands se côtoient les jeunes de l’œuvre de compassion et de consolation «Points-Cœurs», l’Association «Enfants du Mékong», les militants de l’Aide Suisse pour la mère et l’enfant, les groupes d’accompagnement post-avortement AGAPA, «Oui à la vie/SOS Futures Mères», les Guides et Scouts d’Europe, la Communauté de Sant’Egidio, qui fait signer son moratoire mondial sur la peine de mort, les charismatiques du Verbe de Vie et des Béatitudes, les journaux «France Catholique» et «Famille Chrétienne»…

5000 km à pieds dans l’Himalaya, ou quand la foi soulève les montagnes

La brochette des témoins invités cette année va du jeune aventurier Alexandre Poussin – qui a parcouru à pieds avec son camarade Sylvain Tesson, chapelet en main, quelque 5’000 km à travers l’Himalaya – à Franz-Olivier Giesbert, directeur de la rédaction du Figaro, en passant par le Père Fawzi Khoury, venu tout droit de Galilée pour parler du sort des Palestiniens et de la question de Jérusalem.

Le baroudeur des campagnes d’Indochine et d’Algérie, Hélie de Saint-Marc, rescapé du camp de concentration de Buchenwald, longuement applaudi par les jeunes, rappelle que la guerre, «mal absolu», est parfois un mal nécessaire: «Il faut peut-être prendre les fusils pour faire terre les fusils!». Parmi les autres orateurs, le Père Stan Rougier, Cornelio Sommaruga, président du Comité International de la Croix Rouge, et Mgr Michel Dubost, évêque français aux armées et grand organisateur des Journées Mondiales de la Jeunesse avec le pape Jean Paul II à Paris, qui a présidé la messe de clôture du Forum.

Jérusalem, cœur du conflit et clef de la paix

«Si les lieux saints nous rappellent l’histoire et l’œuvre du Seigneur, les chrétiens de Terre Sainte nous disent sa présence», a témoigné le prêtre arabe israélien Fawzi Khoury, citant le pape Paul VI. Dans un ardent plaidoyer pour le peuple palestinien expulsé de ses terres lors de la création de l’Etat d’Israël, déraciné et opprimé, le curé melkite – qui a lui-même payé cher son engagement et connu les geôles israéliennes – a laissé entrevoir une lueur d’espoir. «Le peuple juif, dans sa majorité, veut la paix, même si ce n’est pas le cas du gouvernement actuel. Ce qui était impossible il y a quelques années encore est devenu envisageable aujourd’hui, grâce au processus de paix. Jérusalem, qui est le cœur du conflit, est aussi la clef de la paix».

Fawzi Khoury l’affirme: la solution ne peut être trouvée que dans l’existence de deux Etats, avec Jérusalem comme capitale, une ville ouverte, avec un statut spécial pour les lieux saints juifs, chrétiens et musulmans, «pas une ville séparée par un nouveau Mur de Berlin». Rappelant les grandes valeurs du judaïsme ancien, le prêtre melkite constate que malgré le fait de cohabiter depuis plus de 50 ans avec une majorité juive, «nous ne sentons pas le reflet de la vie religieuse des juifs dans leur comportement à notre égard… ils ne parlent que le langage de la politique». Jusqu’à maintenant, lance-t-il, Israéliens et Palestiniens, Juifs et Arabes ont dialogué en termes politiques, mais au-delà de la politique, il y a pour le Père Khoury le langage de la religion, le langage de la foi.

En ovationnant Cornelio Sommaruga – pour qui les plus terribles souffrances de l’homme sont dues à l’homme lui-même, le progrès moral n’ayant pas accompagné les progrès scientifiques et techniques – ou l’ancien officier putschiste d’Alger Hélie de Saint-Marc, pour avoir présenté avec sincérité sa «part de vérité», les jeunes présents au Forum ne se sont pas trompés. Ils ont par contre diversement apprécié un Franz-Olivier Giesbert critiquant les travers et la vanité d’un microcosme médiatique parisien dont il est lui aussi une figure de proue. «Je vous dis: méfiez vous de la presse, menacée de plusieurs maux, dont le premier est la médiatisation de la profession…Le matérialisme et le cynisme sont les deux mamelles des médias d’aujourd’hui.»

«Je suis un papiste hystérique»

Le brillant journaliste-écrivain parisien a alors dénoncé en vrac le nombrilisme et le «star système» dans les médias, l’approximation, l’inculture et la superficialité des journalistes, la chasse à l’homme pour faire tomber tout ce qui brille et qui occupe une position, le «journalisme de chambre à coucher» qui culmine dans le «Monicagate», le suivisme d’une presse «moutonnière» qui participe d’un système en boucle qui peut faire avaler toutes les contrevérités à un public impuissant.

Dénonçant le discours «politiquement correct» d’un anticléricalisme devenu en France une sorte de religion officielle, Franz-Olivier Giesbert l’affirme: «l’antipapisme» est la plupart du temps le plus petit dénominateur commun de la presse de l’Hexagone. «Je suis papiste, a-t-il alors lancé, le bilan de ce pape est formidable, j’ai toujours écrit des articles papistes hystériques, parce que je ne veux pas qu’on y touche, à mon pape Jean Paul II». Son intervention était intitulée «Eveiller les intelligences à une compréhension vraie des événements du monde». (apic/be)

7 février 1999 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 4 min.
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