Les paysans, les plus pauvres de la planète

Genève: Présentation du rapport 2001 du FIDA sur la pauvreté rurale

Genève, 18 juillet 2001 (APIC) Le Fonds International de développement agricole (FIDA) a présenté mardi à Genève au Conseil économique et social des Nations Unies son rapport 2001 sur la pauvreté rurale. Le FIDA propose aux Etats membres de privilégier la revitalisation de l’agriculture pour diminuer la pauvreté dans le monde. Mais il reste beaucoup de travail pour combler les injustices et les carences du système, y compris et surtout celui mis en place par l’OMC: 4 multinationales ne contrôlent-elles pas à elles seules 90% du marché du café, pour ne citer que ce produit?

Selon le rapport  » 1,2 milliard d’habitants de la planète vivent aujourd’hui dans une situation de pauvreté extrême, avec moins d’un dollar par jour. Les trois quarts des pauvres du monde sont des paysans. Cette proportion devrait tomber, selon les projections des experts, à 60% en 2020 et à 50% en 2035.

L’étude démontre que la pauvreté est concentrée dans les pays à bas et moyen revenu; 44% en Asie du Sud, 24% en Afrique subsaharienne, 24% Asie de l’Est et 6,5% en Amérique latine. Mais les experts signalent que les pauvres des pays riches sont des paysans. La pauvreté rurale, peut-on lire dans ce rapport, est un phénomène mondial.

Les politiques économiques négligent la situation des paysans qui habitent souvent dans des zones isolées, qui n’ont pas accès à un bon système de santé et sont en dehors du système scolaire. Selon Marcel Mazoyer, professeur à l’INA à Paris, «la cause de la faim dans le monde, de l’appauvrissement massive de la paysannerie, du chômage massif qui se développe et les bas salaires est dû à cette politique agricole qui consiste à baisser les prix des produits de la terre».

Réduire la pauvreté, l’objectif

Les Etats membres de l’ONU ont fixé pour objectif, dans la «Déclaration du Millénaire» en septembre 2000, de «réduire de moitié d’ici à 2015 la proportion de pauvres qui vivent avec moins d’un dollar par jour et la proportion de personnes qui souffrent de faim».

Les progrès accomplis jusqu’à présent sont nettement inférieurs à ce qui serait nécessaire pour atteindre l’objectif. Le constat n’étonne personne. En Asie du Sud et en Amérique latine, sur la période 1990-1998, le rythme de la réduction de la pauvreté a atteint à peine le tiers de ce qui serait nécessaire; en Afrique subsaharienne, il n’a atteint que le sixième.

Entre-temps dénonce le rapport, la valeur réelle de l’aide internationale a diminué entre 1988 et 1998. La part de l’aide aux pays les moins avancés est restée constante (63%), mais l’aide à l’agriculture et la proportion qui peut être affectée à différents secteurs ont diminué de moitié.

La politique agricole protectionniste des Etats riches, les brevets pris par les sociétés multinationales sur les plantes poussant dans des pays pauvres et la protection accordée à ces brevets par l’OMC (Organisation mondiale du Commerce) s’ajoutent à la complexité de la problématique de la pauvreté chez les paysans estime pour sa part le rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation, Jean Ziegler. Autre fossé: le système économique mondiale actuel veut qu’un paysan au Guatemala soit toujours sous-payé par rapport un paysan belge. Paule Ghillani, responsable de Max Havelaar Suisse, dénonce les oligopoles, ces grandes multinationales qui font la loi, imposent les prix, les conditions de travail et de commercialisation: 4 multinationales contrôlent 90% du marché du café.

Le FIDA conclut enfin son rapport en relevant que la relance de l’agriculture n’est qu’une partie de la solution au problème rurale. Les progrès de l’agriculture peuvent à réduire la pauvreté. mais à condition d’être associés à d’autres transformations socio-économiques mondiales. (apic/iac/ines/pr)

18 juillet 2001 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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