Un atelier international de jeunes, au Centre oecuménique de Meyrin
Genève : Rencontre européenne de Taizé
Par Michel Bavarel, Genève, Apic
Genève, 30 décembre 2007 (Apic) Le menu est copieux pour les 38’000 jeunes de tous les pays d’Europe et d’ailleurs, rassemblés à Genève en cette fin d’année. Des moments de prière dans les paroisses et à Palexpo, des rencontres par petits groupes, le choix entre une vingtaine de «Carrefours» sur des sujets aussi divers que «Est-il possible de répondre au Christ par un engagement de toute la vie ?» ou «L’action humanitaire au service des victimes».
Huit heures et demie du matin. Les chaises ont été poussées de côté et au fond du Centre oecuménique de Meyrin, qui abrite à la fois une église catholique et un temple protestant, sous le même toit. Les jeunes du méga pèlerinage de la Rencontre européenne de Taizé, à Genève, arrivent à pied ou en bus des appartements où ils sont hébergés pour la nuit. Assis à même le sol, ils remplissent bientôt tout l’espace. On prie en de multiples langues, on chante.
Puis on se répartit en une vingtaine de groupes dans tous les recoins du Centre. Le groupe numéro 15 comprend quatre Croates de Bosnie-Herzégovine, pays né en 1995 des accords de Dayton, qui ont mis fin à une guerre cruelle, deux Polonaises et trois Suédoises. L’une d’elles vient de se souvenir qu’elle a 17 ans aujourd’hui. La plus âgée a 23 ans. Langue commune, plus ou moins bien maîtrisée : l’anglais.
Chacun se présente, puis on lit le début de la Lettre de Cochabamba, publiée à la suite d’un autre «pèlerinage de confiance», celui qui s’est déroulé en octobre dernier en Bolivie. Les jeunes du groupe 15 s’arrêtent sur un passage disant ceci : «Les tensions actuelles proviennent des blessures de l’histoire laissées à vif. Les jeunes réunis à Cochabamba ont montré que la diversité, loin de conduire nécessairement à des divisions ou des rivalités, porte en elle la promesse d’un enrichissement mutuel et d’une joie».
Difficile de vivre ensemble
Ce texte, conçu pourtant à des milliers de kilomètres, atteint de plein fouet les trois garçons et la jeune fille de Bosnie-Herzégovine. Ils étaient petits enfants durant la guerre de l’ex-Yougoslavie, mais elle a eu un impact sur eux à travers leurs parents. «Est-ce que cette guerre pourra être oubliée ?» se demandent-ils. Il est difficile de vivre ensemble, remarquent-ils, même s’ils coexistent sans problème avec des élèves d’autres origines dans leur école. «La ville de Mostar où je vis reste coupée en deux, avec les musulmans d’un côté et nous de l’autre», relève l’un d’eux.
Les Suédoises évoquent la présence dans leur pays des réfugiés d’Irak. Les Polonaises parlent de l’émigration de nombre de leurs compatriotes en Europe de l’Ouest. Ces jeunes ne sont pas à l’abri des soubresauts du monde. «Un monde où est difficile de croire en Dieu», lance l’un d’eux.
C’est ce que redira Frère Aloïs, le prieur de Taizé, lors de la prière du samedi soir qui, dans un immense hall de Palexpo, a réuni des milliers de personnes. Lors d’un voyage en Asie, il a observé ceci : «Dans ces sociétés, il n’y a pas moins de violences qu’en Occident, mais le sens de l’intériorité est peut-être plus accessible, avec un respect devant le miracle de création, une attention au mystère, à un au-delà. Une des raisons pour lesquelles nous sommes ici ensemble est que nous voulons renouveler une vie intérieure. Etre témoins de la réconciliation du Christ dans le monde ne peut pas être seulement une activité extérieure». (apic/mba)