Genève: Théologie protestante sur Internet
Début des cours pour la première volée d’étudiants «à distance»
Une première en Faculté francophone
Genève, 12 octobre 1998 (APIC) Depuis quelques jours, une première volée de dix «étudiants à distance» a commencé sa formation auprès de la Faculté autonome de théologie de Genève. Ces étudiants à domicile pourront suivre les cours sur l’écran de leur ordinateur grâce à Internet. Ils ne pourront pas pour autant «surfer» sur leurs études, car ils devront passer des examens devant un jury, comme tous les étudiants. L’objectif? Que leur licence en théologie ne soit pas du tout virtuelle, mais bel et bien équivalente à celle qui résulte d’un cursus conventionnel.
Suite à l’offre d’un cursus spécial d’études en théologie auprès de la Faculté protestante de Genève, 14 candidats s’étaient annoncés volontaires auprès du Bureau des immatriculations de l’Université. Or les études à distance impliquent les mêmes exigences que les études menées sur place à Genève et les étudiants à domicile doivent disposer des diplômes requis pour l’inscription à l’Université (maturité fédérale, baccalauréat ou titre équivalent). C’est la raison pour laquelle ils ne se sont retrouvés que dix à débuter leurs études. Ce sont majoritairement des Suisses qui travaillent – certains à temps partiel – et souhaitent se doter d’une seconde formation.
Ces dix «étudiants-internautes» seront tenus d’effectuer les mêmes travaux et de se présenter aux mêmes examens que les étudiants qui fréquentent les auditoires. Jean-Daniel Macchi, responsable des études à distance au sein de la Faculté de théologie genevoise rappelle le but de ce projet: «Nous visons avant tout des personnes qui souhaitent étudier la théologie mais ne disposent pas du temps nécessaire en Faculté. Nous disposions déjà d’une formation pour de telles personnes, mais celle-ci était assez lourde pour des gens qui ont un métier. «En fait, ce que nous proposons ici n’est pas entièrement nouveau. Des «campus virtuels» existent déjà au sein d’universités américaines, explique Jean-Daniel Macchi. En théologie francophone, il s’agit cependant d’une première. «Nous ne sommes pas fâchés que la première volée ne soit pas trop nombreuse, car nous allons devoir évaluer durant cette première année le temps et la somme de travail nécessaires de la part de chaque professeur».
Des envois électroniques et des cours en Real-Audio
Comment cela fonctionne-t-il? Durant les périodes universitaires, l’étudiant à distance reçoit tous les quinze jours un envoi comportant des documents à étudier et un programme de travail (questionnaires, exercices, travaux de réflexion…). Il renvoie alors à l’enseignant concerné les exercices pour correction. Des «lectures guidées» sont prescrites, dont les comptes rendus sont également corrigés. La préparation des examens se fait aussi à distance. Sur ce point, la situation des étudiants à domicile est comparable à celle des étudiants réguliers: les uns comme les autres s’y préparent seuls. Quant aux examens, oraux ou écrits, ils ont lieu à Genève. L’inscription requiert la réussite préalable des divers exercices. «Ce ne donc seront pas des études au rabais, insiste J.-D. Macchi. Nous ne faisons rien d’autre que d’appliquer la traditionnelle liberté académique, laquelle autorise les étudiants à ne pas être présents aux cours».
Il existe cependant une différence par rapport aux étudiants conventionnels: pour des raisons pratiques, l’étudiant à distance ne suit pas toutes les disciplines en même temps, mais travaille par modules. Ainsi, durant la première année, il suivra des enseignements dans trois disciplines principales (histoire du christianisme, éthique, Ancien Testament) et une langue biblique (l’hébreu). L’année suivante, il travaillera les trois autres disciplines fondamentales et la seconde langue (le grec). Outre les textes consultables sur Internet, les étudiants pourront réellement «écouter» certains cours. Ceux-ci seront enregistrés par un petit micro-cravate porté par les professeurs durant leurs heures d’enseignement et diffusés sur Internet par le système Real-Audio.
Pour pallier au manque de contacts personnels les étudiants à distance auront la possibilité de communiquer avec les enseignants, notamment par courrier électronique. En outre, des journées de formation seront organisées, notamment durant les périodes où l’étudiant à distance doit se présenter à Genève pour les examens. Les contacts avec les autres étudiants seront également favorisés par un système de «forum» virtuel, sur lequel ils devraient pouvoir échanger leurs points de vue. «L’idée est de former, malgré la distance, une sorte d’esprit de volée», relève J.-D. Macchi, qui souligne que le système des cours par correspondance existe déjà avec succès dans de nombreux domaines. La possibilité de «dialoguer» par électrons interposés devrait rendre l’apprentissage plus vivant que par lettres. Mais il est évident que cela ne remplacera pas les discussions autour d’un café ou d’une table de séminaire.
Un investissement personnel et financier
Comme toute licence, la licence à distance se veut une formation universitaire de niveau professionnel impliquant un travail régulier important: quinze à vingt heures au minimum par semaine. Le candidat doit donc mesurer les efforts que cela représente, en particulier s’il exerce une activité professionnelle. Une partie des documents de travail étant en allemand ou en anglais, la lecture d’une au moins de ces langues est nécessaire.
De plus, la formation à distance requiert la possibilité d’échanger rapidement des données. Les candidats doivent donc disposer d’un ordinateur avec imprimante et modem. Tout cela n’est pas gratuit! Et comme ils ne bénéficie pas directement des cours à la Faculté et de l’accès à la bibliothèque, il leur faut emprunter ou acquérir un certain nombre d’ouvrages. Même s’ils reçoivent – généralement par courrier électronique – une quantité importante de documents, la taxe universitaire est la même que pour tout étudiant (500 francs par semestre). Il faut cependant y ajouter, outre le matériel informatique et les livres (environ 15 à 20 par année), les frais de déplacements à Genève.
Qui dit Web dit accès libre par les «surfeurs» du monde entier. Cependant, à long terme, tous les cours ne devraient pas être mis à disposition du public sur Internet; certains nécessiteront donc un mot de passe, ne serait-ce que pour éviter aux professeurs genevois le risque d’être submergés de courrier venant d’internautes de tous horizons. Mais pour l’instant, rien n’empêche les adeptes d’Internet d’élargir ou de rafraîchir leur culture théologique en se connectant sur le site de la Faculté de Genève. L’adresse: http://www.unige.ch/ theologie/distance/home.htm (apic/spp/pr)