Géorgie: Le patriarche Ilia II s’en prend aux Eglises protestantes
Trop intéressées, à ses yeux, aux «questions temporelles»
Varsovie, 27 mai 1998 (APIC) Les chrétiens orthodoxes sentent peser sur eux «une sorte de menace» venant des Eglises occidentales, estime le patriarche IIia II, primat de l’Eglise orthodoxe de Géorgie. Le patriarche-catholicos, dont l’Eglise s’est retirée en mai 1997 du Conseil oecuménique des Eglises (COE) et de la Conférence des Eglises européennes (KEK), s’en prend aux Eglises protestantes pour leur reprocher leur intérêt aux «questions purement temporelles».
Son Eglise est la plus grande de Géorgie, ancienne république soviétique située sur les côtes orientales de la mer Noire et bordée par la Russie, la Turquie, l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Environ 80 % des 5,44 millions de citoyens géorgiens sont membres de l’Eglise orthodoxe, qui compte 500 paroisses.
Selon le patriarche Ilia – qui fut l’un des présidents du COE de 1979 à 1983 – il est possible de poursuivre le dialogue avec d’autres religions chrétiennes sans appartenir à des organisations œcuméniques officielles. Ainsi, les catholiques-romains, a-t-il fait remarquer, ont réussi à «observer de près le mouvement oecuménique» sans appartenir à celui-ci . (L’Eglise catholique n’est pas membre du COE ni de la KEK – qui rassemblent des Eglises protestantes, anglicanes et orthodoxes – mais il y a coopération et dialogue entre le Vatican et ces organisations oecuméniques).
«Des préoccupations purement temporelles ont été introduites au sein des Eglises protestantes – le facteur humain est fortement présent. Rien de ceci ne signifie que nous allons cesser de rencontrer des protestants. Nous devons les rencontrer mais défendre notre foi et nos traditions», a-t-il dit.
«Nous acceptons avec joie les éléments positifs que la culture occidentale nous apporte, mais certains d’entre eux mettent notre pays en péril», a-t-il poursuivi. «Une nation peut survivre à la pression d’une culture mauvaise ou factice lorsqu’elle peut la distinguer d’une culture authentique. Mais cela exige la foi, le progrès spirituel approprié, l’intelligence, la formation et la connaissance».
Ordination des femmes? La «grosse erreur» des Eglises
Dans une interview accordée à un journal polonais, le patriarche Ilia rappelle que l’Eglise orthodoxe de Géorgie est la seule Eglise au monde à avoir été fondée «grâce à une femme», faisant ainsi référence à sainte Nino de Capaddoce. Il souligne cependant que les Eglises ont commis une «grosse erreur» en ordonnant les femmes. «Cette pratique n’existait ni dans l’Eglise des apôtres ni après. C’est quelque chose de nouveau, et ce n’est pas du tout nécessaire. Les femmes ont toujours eu une part active dans le cadre de l’Eglise, au plan social et éducatif, mais pas dans le rôle du clergé».
L’Eglise orthodoxe de Géorgie, qui a retrouvé son statut distinct de l’Eglise orthodoxe russe, est dirigée par le patriarche Ilia II depuis 1977. Le «statut national» de l’Eglise a été reconnu dans la constitution géorgienne de 1995. (apic/eni/pr)