Géorgie: Le pape souhaite un «nouvel élan» entre catholiques et orthodoxes

Au premier jour de son 16e voyage apostolique en Géorgie et Azerbaïdjan, le pape François a rencontré, le 30 septembre 2016, le patriarche orthodoxe de toute la Géorgie Ilia II, dans une ambiance recueillie au palais du patriarcat de Tbilissi, capitale de la Géorgie.

Dans un discours très chaleureux et amical, le Souverain pontife a affirmé son profond souhait de renforcer les liens avec l’Eglise orthodoxe, sans sous-estimer les difficultés, mais en rappelant les très profondes racines chrétiennes, et communes, de cette «terre bénie».

Renforcer les liens entre catholiques et orthodoxes

Devant Ilia II, patriarche orthodoxe géorgien depuis 1977, le Premier ministre géorgien, Guiorgui Kvirikachvili, ainsi que des représentants du monde universitaire et de la culture, le successeur de Pierre a souligné qu’une «nouvelle page» avait été inaugurée dans les relations entre l’Eglise catholique et l’Eglise orthodoxe, par la visite historique d’un patriarche géorgien au Vatican, le 8 novembre 2008, sous le pontificat de Benoît XVI.

C’est ainsi en «ami sincère de cette terre et de cette chère population» et en «pèlerin» que le pape a souhaité se présenter à son tour, afin de renforcer encore les liens «qui existent entre nous depuis les premiers siècles du christianisme», a-t-il affirmé.

Le pape François a tenu à rappeler la précédente venue en Géorgie du pape Jean Paul II, en 1999, qui déjà avait souhaité renforcer «les liens profonds et forts» entre catholiques et orthodoxes.

Nouvel élan nécessaire

Aujourd’hui, a poursuivi l’actuel pontife, un nouvel élan est nécessaire dans les relations entre orthodoxes et catholiques, «une ferveur renouvelée». Un peu plus tôt dans son discours, le pape affirmait que les contacts chaleureux et cordiaux entre les deux Eglises en Géorgie étaient surtout «culturels», en termes de collaboration.

Le pape François s’est ainsi attaché à rappeler les racines de la foi orthodoxe en Géorgie, qui remontent au Ier siècle, à la prédication, aux temps apostoliques, de saint André. «Pierre et André», a fait remarquer le pontife, «étaient frères», et «Jésus les a appelés (…) à devenir, ensemble, pêcheurs d’hommes».

«Cher frère, a ajouté le pape à l’intention du patriarche orthodoxe, laissons-nous regarder de nouveau par le Seigneur Jésus, laissons-nous attirer encore par son invitation à laisser ce qui nous empêche d’être ensemble des annonciateurs de sa présence». C’est cela seul, a poursuivi le successeur de Pierre, «cet amour qui a transformé la vie des Apôtres», qui «nous permet de nous élever au-dessus des incompréhensions du passé, des calculs du présent et des craintes de l’avenir.

Et même ces difficultés, a-t-il insisté, «ne sont pas des empêchements mais des stimulants (…) à partager la sève vitale de la foi, à intensifier la prière les uns pour les autres et à collaborer avec charité apostolique dans le témoignage commun».

Les épreuves du peuple géorgien

Le pontife a ensuite fait l’éloge de cette «terre bénie» qu’est la Géorgie, louant le peuple géorgien qui, par sa foi, a trouvé la force de se relever après d’innombrables épreuves. Par sa foi, le pays s’est élevé «jusqu’aux sommets d’une extraordinaire beauté artistique». Y compris, a ajouté le Souverain pontife, de «précieux hymnes sacrés, certains également en langue latine, particulièrement chers à la tradition catholique».

«La multitude des saints», comme sainte Nino, qui, selon la tradition, obtint la conversion du pays au 4e siècle (bien avant celle de Clovis!) ainsi que les nombreux martyrs de ce pays, ont irrigué le sol géorgien «du sang versé par amour», a continué le pape François. Ils nous encouragent à «évangéliser comme par le passé, plus encore que par le passé, libres (…) des préjugés et ouverts à la nouveauté éternelle de Dieu». «Que l’intercession» de ces martyrs, a encore affirmé le pape François, «procure un soulagement à tant de chrétiens qui, encore aujourd’hui dans le monde, souffrent persécutions et outrages».

Des pancartes hostiles

Le patriarche Ilia II est venu accueillir le pape François à l’aéroport, mais ne sera pas présent à la messe du samedi 1e septembre à Tbilissi. Il sera représenté par une délégation orthodoxe. Minoritaires, mais bien visibles, des pancartes en bordure de l’aéroport ont affiché leur hostilité à la venue du successeur de Pierre, vécue comme une «agression spirituelle».

La Géorgie comporte une écrasante majorité d’orthodoxes (83%), les catholiques ne représentant que 2,5% de la population. La constitution géorgienne reconnaît la place ›spéciale’ de l’Eglise orthodoxe. Cette Eglise autocéphale – indépendante des patriarcats de Moscou comme de Constantinople – s’est retirée en 1997 du Conseil œcuménique des Eglises (COE) et de la Conférence des Eglises européennes (KEK), à cause de différends sur la vision de l’œcuménisme. Elle n’a pas non plus signé le récent document commun de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes.

En préambule de son intervention au patriarcat, le pape François a beaucoup remercié le patriarche pour l’’Ave Maria’ qui a précédé son discours, «composé par le patriarche lui-même», et qui a beaucoup ému le pape. Le patriarche Ilia II a qualifié de son côté la rencontre «d’historique». A la fin de la rencontre, les deux chefs religieux ont échangés des vœux pour chacune des deux Eglises. (cath.ch-apic/imedia/ap/be)

La cathédrale de la Trinité de l'Eglise orthodoxe apostolique de Géorgie à Tbilissi
30 septembre 2016 | 18:12
par Jacques Berset
Temps de lecture: env. 3 min.
Géorgie (23), Ilia II (1), pape françois (2270)
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