L’exploitation minière pollue l’eau des rivières  (©Pain pour le prochain/Daniel Tillmanns)
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Ghana: les évêques appellent à un «état d’urgence» dans les zones minières

Ghana: Les évêques appellent à un «état d’urgence» dans les zones minières
La Conférence des évêques catholiques du Ghana (GCBC) a lancé un appel au gouvernement pour décréter l'état d'urgence dans les zones gravement touchées par la prolifération de l'exploitation minière illégale, qui menace les conditions de vie des populations rurales.
L’exploitation minière illégale au Ghana est devenu un fléau national. En octobre 2024, l’Eglise avait déjà organisé une marche de protestation contre la prolifération de des mines illégales, plus connue sous l’appellation de «Galamsey». A l’issue de la manifestation, l’archevêque d’Accra, la captale, Mgr John Bonaventure Kwofie, a adressé au président Nana Akufo-Addo, une pétition de dénonciation l’Eglise catholique .
Selon John Allotey, Directeur général de la Commission des forêts, une institution gouvernementale, cité par la BBC, 4’726 hectares de terres ont été détruits dans sept des 16 régions du pays, et dans 34 de ses 288 réserves forestières.
Dans une déclaration du 15 septembre, publiée sur sa page Facebook, la GCBC a décrit une situation « catastrophique » pour les populations et l'environnement, et qualifie de «cancer» du pays. «La ›Galamsey’ ravage nos rivières et nos forêts, empoisonne notre sol, met en danger la santé publique, corrompt la gouvernance, érode notre fibre morale et éteint les moyens de subsistance», a fustigé la Conférence des évêques. Cette situation n’est pas «un défi ordinaire à gérer avec des demi-mesures, mais une urgence nationale nécessitant une réponse décisive et extraordinaire».
Eaux polluées
De nombreuses rivières du sud et sud-ouest, telles que Pra, Ankobra, Birim, Offin, Ayensu autrefois vierges sont maintenant mélangées de mercure et d'effluents toxiques. Certaines ont cessé de couler en aval, tandis que d'autres montrent des niveaux de turbidité extrêmes de 32’000 NTU (Unité de Turbidité Néphélométrique) comparés au seuil de traitement maximal de 2’500 NTU.  Le NTU est la mesure pour déterminer laqualité d’une eau pour garantir sa salubrité. La Compagnie des Eaux du Ghana paie un coût élevé pour rendre l'eau à peine potable, mais des traces de mercure, d'arsenic, de cyanure et de chlore persistent dans ce qui est fourni.
«Les forêts, autrefois verdoyantes, sont dépouillées de cicatrices stériles, tandis que les terres fertiles sont devenues stériles, perforées de puits mortels. Les conséquences sont terribles. Ce qui fait que les agriculteurs ne peuvent plus faire confiance à la terre pour soutenir leurs familles, et notre capacité à nourrir la nation diminue », déplore la GCBC.
Pour les évêques ›Galamsey’ est devenu «un cancer dans notre âme nationale, puisqu’il ronge la politique, ronge la gouvernance et ronge la conscience ». « Il est inquiétant que certains politiciens, députés, chefs de la direction municipale et de district, chefs, personnalités religieuses et même membres de nos services de sécurité ont été impliqués». Ils protègent les opérateurs illégaux pour leur profit personnel, accordant des concessions illicites ou gardant le silence lorsque le devoir exige un discours audacieux.
Les évêques ghanéens, réclament l'état d'urgence dans les zones minières les plus touchées et autour des plans d'eau menacés donnerait des moyens d'interventions permettant «d’instaurer le couvre-feu dans les zones instables, de sécuriser des terres dévastées, de démanteler des syndicats criminels enracinés, et d’arrêter des complicités administratives corrompues. L'ampleur de la crise ne justifie rien de moins», ont-ils fait remarquer. (cath.ch/ibc/mp)

L’exploitation minière pollue l’eau des rivières (©Pain pour le prochain/Daniel Tillmanns)
19 septembre 2025 | 16:31
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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