Israël: Le Grand rabbin Yona Metzger critique la ségrégation des sexes dans l’espace public
Grand débat en Israël sur la discrimination des femmes par les ultrareligieux
Jérusalem, 25 décembre 2011 (Apic) Depuis quelques semaines, le débat sur la ségrégation entre les sexes fait débat en Israël. Le Grand rabbin ashkénaze d’Israël Yona Metzger a estimé qu’en Israël, personne ne peut forcer les gens à accepter la ségrégation dans l’espace public, qui n’appartient pas qu’aux ultra-orthodoxes, les ’’haredis’’.
Alors que les manifestations d’intolérance des juifs ultrareligieux se multiplient dans le pays, il a déclaré que si l’on veut une séparation entre hommes et femmes dans les autobus, ’’il est légitime de créer une entreprise pour des lignes spéciales’’. De son côté, le Grand rabbin sépharade Shlomo Amar estime qu’’’une personne peut décider d’être sévère pour elle-même, mais pas pour les autres’’.
Samedi soir 24 décembre, un juif ultra-orthodoxe a été arrêté, soupçonné d’avoir craché sur une juive religieuse et de l’avoir maudite sous prétexte qu’elle n’était pas habillée correctement. Les faits se sont passés dans la ville de Beit Shemesh, au centre d’Israël. Selon l’acte d’accusation, plusieurs hommes ont attaqué Alisa Coleman, qui aidait des filles à monter dans un bus scolaire se rendant à l’école primaire religieuse sioniste pour filles «Orot Banot».
De véritables «psychopathes», selon le ministre Yuval Steinitz
Alisa Coleman, une immigrante juive d’origine britannique, mère de quatre enfants, a été choquée par ces attaques de juifs ultrareligieux, qui n’hésitent pas cracher, voire à lancer des pierres, contre celles dont ils jugent l’habillement «indécent». Le ministre israélien des Finances Yuval Steinitz a demandé que la police arrête les extrémistes religieux qui attaquent les femmes et les filles. Les qualifiant de «psychopathes», il veut les voir derrière les barreaux.
Yuval Steinitz a demandé au ministre de l›Intérieur Eli Yishai de faire disparaître immédiatement des rues de Beit Shemesh tous les signes excluant les femmes. Un signal au centre de la ville, placé sous l’égide de la municipalité, ordonne aux femmes d’utiliser un trottoir séparé, de marcher rapidement, sans attirer une foule, et sans se parler. Le ministre a menacé, au cas où les signes de ségrégation demeurent, de faire remplacer le maire de la ville par une personne nommée par le gouvernement.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait rencontrer le 25 décembre les responsables politiques ultra-orthodoxes pour leur demander d’intervenir contre la ségrégation des femmes dans l’espace public par les extrémistes appartenant à la communauté ’’haredi’’. Selon des sources du bureau du Premier ministre, Netanyahu a l’intention de parler ces deux prochaines semaines aux ministres appartenant au parti ultra-orthodoxe Shas, avec les Grands rabbins et d’autres rabbins influents.
Des femmes juives qualifiées de ’’femmes talibanes’’
’’Nous ne permettrons pas aux groupes extrémistes de violer les droits des femmes dans l’espace public, qui doit rester ouvert à tout le monde», a déclaré Netanyahu dimanche 25 décembre. Il a demandé au ministre de la Sécurité publique Yitzhak Aharonovitch d’ordonner à la police de prendre des mesures fermes contre l’exclusion des femmes de l’espace public. Il a également demandé au procureur général Yehuda Weinstein de s’assurer que les lois interdisant l’exclusion des femmes sont bien appliquées par les autorités municipales et si les panneaux obligeant les femmes à utiliser des trottoirs réservés sont légaux. Selon certains médias israéliens, c’est à Beit-Shemesh qu’on rencontre désormais le phénomène des ’’femmes talibanes’’, ces femmes juives orthodoxes totalement recouvertes d’un vêtement, qui ne laisse que voir les yeux, comme les femmes musulmanes portant le niqab. (apic/haar/be)