Une première pour les deux plus importantes Eglises anglaises

Grande-Bretagne: Fin de la division entre anglicans et méthodistes

Londres, 3 novembre 2003 (Apic) Les Eglises anglicane et méthodiste ont signé un accord commun, après deux siècles de division. Le document, paraphé par les deux parties le 1er novembre 2003 en présence de la Reine d’Angleterre, est décrit comme un engagement vers l’unité, qui mènera les deux Eglises vers l’instauration de cultes communs, d’un clergé commun, et des ressources communes. Il s’agit d’une première pour les deux plus importantes Eglises anglaises.

La Convention a été signée, entre autres, pour l’Eglise d’Angleterre, par l’archevêque de Canterbury, le Révérend Rovan Williams, et du côté de l’Eglise méthodiste, par le président de la Conférence méthodiste, le Révérend Neil Richardson. Selon ce dernier «la Convention est bien davantage que la fin d’une querelle de famille, qui aurait duré 200 ans. Nous ne pouvons prêcher la réconciliation au monde si nous ne pratiquons pas ce que nous prêchons».

L’archevêque de Canterbury a également déclaré lors de la cérémonie de signature que les vues divergentes des deux Eglises sur la question de l’homosexualité pourraient éventuellement être aplanies.

Les deux communautés ont ainsi effacé le schisme qui les divisait, au cours d’une célébration au siège de l’Eglise méthodiste, suivie d’un service religieux de «Thanksgiving» (fête d’Action de grâce), à l’Abbaye de Westminster.

C’est la première fois que les deux plus importantes Eglises anglaises signent une Convention nationale, saluée comme un pas majeur vers l’unité organique entre elles.

Parmi les points de discorde qui les ont divisées, citons, l’ordination des femmes prêtres, avec laquelle les méthodistes ne sont pas d’accord, ainsi que la pratique méthodiste permettant à des laïcs de procéder occasionnellement à l’Eucharistie.

Rappelons que le 13 juillet 2003, le Synode général de l’Eglise anglicane avait approuvé à une très large majorité une série de mesures constitutives d’une future «unité organique» avec les méthodistes.

L’Eglise méthodiste dans l’histoire

L’Eglise méthodiste anglaise, forte de 320’000 membres, était en rupture avec l’anglicanisme, dont elle est issue, depuis sa fondation au XVIIIe siècle. Une première tentative de réunification a échoué en 1972, en raison de résistances conservatrices dans l’Eglise anglicane.

Les Eglises méthodistes sont issues d’un mouvement de réveil dans l’Angleterre du XVIIIe siècle initié par John Wesley, leur fondateur (1706- 1791). Il accorda une grande importance à la sanctification, c’est-à-dire à la manifestation concrète de l’état de grâce du croyant. Opposé à la doctrine de la prédestination calviniste, il affirmait que le salut était accessible à tous par la foi. Wesley prêchait en dehors des paroisses, se rendant sur les lieux de travail et là où le gens habitaient, suscitant de vives oppositions dans l’Eglise anglicane. La rupture avec l’Eglise anglicane a eu lieu en 1784.

Le nom méthodiste vient du qualificatif appliqué à John Wesley et son frère Charles qui, à Oxford, pratiquaient la lecture régulière de la Bible et respectaient un type de règle monastique. Le terme perdit par la suite son caractère péjoratif pour désigner la spiritualité et l’organisation, épiscopalienne, d’Eglises appelées «méthodistes».

Actifs dans le mouvement oecuménique

En se développant aux Etats-Unis, les méthodistes jouèrent un grand rôle dans le second Réveil, dans les années 1797-1805. Les prédicateurs méthodistes faisaient de l’évangélisation systématique auprès des nouvelles populations, en particulier à travers les «camp meetings», grands rassemblements religieux où la foule venait écouter les prédicateurs. La tradition méthodiste a donné au protestantisme des hymnes marquants. Comme les negro spirituals, nés en grande partie dans les Eglises méthodistes noires américaines. Le créateur de l’Armée du salut (1878), Willliam Booth, était un méthodiste.

Les méthodistes prirent en outre une part très active dans le mouvement oecuménique, en particulier dans la fondation du Conseil oecuménique des Eglises. Dans plusieurs pays, ils se sont unis aux réformés. En Angleterre, l’union avec l’Eglise d’Angleterre échoua en 1972. Les méthodistes sont aussi engagés dans un dialogue avec l’Eglise catholique. Le Conseil méthodiste mondial compte aujourd’hui quelque 55 millions de méthodistes. (apic/apd/kna/vb)

3 novembre 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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