Grande-Bretagne: L’Eglise a payé des milliers de livres à des victimes d’abus sexuels

Pressions de plus en plus fortes sur l’Eglise, selon «The Times»

Londres, 20 novembre 2002 (APIC) L’Eglise catholique en Grande-Bretagne a payé dans la plus grande discrétion des milliers de livres sterling à des dizaines de victimes d’abus sexuels, selon l’édition du mercredi 20 novembre de «Times Online» à Londres.

Selon le journal britannique, cette révélation va créer un embarras supplémentaire à l’Eglise catholique d’Angleterre et du Pays de Galles, et à son chef spirituel, le cardinal Cormac Murphy-O’Connor. L’archevêque de Westminster a été accusé d’avoir fermé les yeux sur des cas de prêtres pédophiles quand il était évêque d’Arundel et Brighton.

L’Eglise catholique n’a pas voulu commenter l’information. Un de ses porte- parole a en revanche indiqué à l’Agence France Presse, qu’une réponse officielle sera publiée jeudi dans un grand quotidien national.

L’un d’entre eux, le Père Michael Hill, a été emprisonné en 1997 pour une série d’agressions sexuelles sur des enfants mineurs. Il attend un nouveau verdict jeudi après avoir admis d’autres charges d’abus sexuels contre trois garçons. Plusieurs de ces paiements de compensation, versés par l’Eglise à conditions que les victimes n’en parlent pas, ont servi à indemniser des personnes abusées par le Père Hill.

D’après «The Times», la pression se fait de plus en plus forte sur le cardinal Murphy- O’Connor. La police serait déjà en train d’enquêter pour savoir si, quand il était évêque d’Arundel et Brighton, il était au courant des activités du Père Hill et s’il les a éventuellement couvertes. Huit autres prêtres de son ancien diocèses sont désormais la cible d’allégations de pédophilie. D’autres sont dans le même cas à Birmingham, Salford et Northampton. «The Times» affirme que la plupart des compensations financières sont allées aux victimes de prêtres condamnés par la justice, mais certaines fois, des indemnités ont été versées dans des cas où il n’y a eu aucune condamnation.

Ces versements ont été faits par les compagnies d’assurance couvrant les diocèses. L’Eglise affirme qu’elle n’a pas empêché les gens de parler, elle leur a seulement demandé de ne pas parler des sommes d’argent en jeu. En Grande-Bretagne, les indemnités n’ont rien à voir avec celles versées aux Etats-Unis, où elles se chiffrent en millions de dollars. A Boston, l’archidiocèse va devoir payer quelque 10 millions de dollars à 86 victimes d’un seul prêtre défroqué.

L’Eglise d’Angleterre et du Pays de Galles rejette les demandes de démission, en rappelant que le cardinal Murphy-O’Connor a fait connaître ses regrets concernant les activités du Père Hill. L’archevêque de Cardiff, Mgr Peter Smith, relève que le cardinal a mis sur pied une commission d’enquête indépendante qui a modernisé les procédures ecclésiastiques dans son ancien diocèse.

Le rapport de 2001

Les affaires de prêtres pédophile continuent donc d’empoisonner l’Eglise catholique dans ce pays. En avril 2001 pourtant, l’Eglise britannique était partie en croisade contre le fléau de la pédophilie chez les prêtres. Dans un rapport alors publié à Londres, une Commission de l’Eglise catholique estimait que la police se devait de surveiller étroitement les membres du clergé, de la direction, ainsi que les bénévoles de l’Eglise catholique pour éviter tout abus sexuel sur les enfants.

Cette commission, dirigée par lord Nolan, un ancien juge près la Cour d’appel, se prononçait en outre pour la création d’une base de données nationales sur l’ensemble des candidats à la prêtrise.

«Constructif et utile»

Entre 1995 et 2000, 21 des 5’600 prêtres catholiques qui exercent en Angleterre et au Pays-Galles ont été condamnés pour des agressions sur des enfants.

La commission prônait en outre la création d’une unité de protection des enfants et préconisait à chaque paroisse de désigner un représentant de la protection des enfants.

Le primat de l’Eglise d’Angleterre et du Pays de Galles, le cardinal Cormac Murphy-O’Connor, qui avait commandé ce rapport à la commission indépendante en 2000, l’avait qualifié d’»extrêmement constructif et utile». (apic/ag/tm/be/pr)

20 novembre 2002 | 00:00
par webmaster@kath.ch
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