Grande-Bretagne: Une élève musulmane refuse de porter l’uniforme de «non-croyants»

Devant la justice, l’épouse de Tony Blair défend l’étudiante

Londres, 8 février 2006 (Apic) Une élève britannique d’origine bangladaise, musulmane fervente, refuse de porter l’uniforme de son école, affirmant qu’elle n’est pas prête à s’habiller de la même manière que des «non-croyants». Le Royaume-Uni n’a pas de loi interdisant à l’école, comme en France, le port de signes religieux ostentatoires.

L’affaire a été portée devant la justice britannique. Etudiante à la Haute Ecole de Denbigh, à Luton, dans la banlieue nord de Londres, Shabina Begum, 17 ans, avait été renvoyée en septembre 2002 pour avoir tenu à porter un jilbab, une longue robe traditionnelle qui ne laisse apparaître que les mains et le visage. L’école de Luton a fait recours contre un premier jugement lui donnant tort, estimant qu’elle avait violé le droit de Shabina Begum de manifester sa religion en vertu de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme portant sur la «Liberté de pensée, de conscience et de religion».

Richard McManus, qui représente l’école, a déclaré aux juges qu’à part les élèves musulmans, l’établissement mixte d’Etat accueille également des hindous et des sikhs et que l’école vise l’intégration et les besoins de tous au sein de cette communauté étudiante très diversifiée. La directrice de la Haute Ecole de Denbigh, Yasmin Bevan, est une jeune femme originaire, elle aussi, du Bangladesh. Les élèves appartiennent à 21 groupes ethniques différents, parlent 40 langues, et sont musulmans à 80 %.

Derrière l’étudiante, son frère.

Pour essayer de répondre aux prescriptions de toutes les convictions religieuses, l’école a adopté comme uniforme le shalwar kameez, un ensemble de couleur bleue comprenant un sarouel et une tunique. Un tel vêtement est porté aussi bien par les hindous et les sikhs que par les musulmans, rapporte mercredi le quotidien britannique «Daily Telegraph». De plus, les jeunes filles sont autorisées à porter le voile. Shabina a refusé cette dernière tenue, estimant qu’elle ne couvrait pas assez son corps, et argumentant de plus que ce vêtement, qu’elle avait pourtant porté sans discuter pendant deux ans, «n’est pas assez modeste».

C’est son frère – peut-être avec l’appui d’une organisation fondamentaliste – qui a affirmé qu’il n’était pas question que sa soeur fréquente l’école si elle ne portait pas le jilbab. Jouissant d’une aide judiciaire pour mener son action, Shabina Begum bénéficie du soutien de l’avocate Cherie Booth, épouse du Premier ministre Tony Blair. (apic/dt/be)

8 février 2006 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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