Grèce: Epreuve de force entre la police et les moines dissidents du Mont Athos

Patriarche oecuménique «hérétique»: rapprochement avec Rome

Athènes, 29 janvier 2003 (APIC) Menacés d’expulsion, une centaine de moines orthodoxes dissidents sont «encerclés» depuis mercredi par la police dans le monastère de l’Ascension, sur la presqu’île grecque du Mont Athos. Brandissant le slogan «l’orthodoxie ou la mort», ces religieux ultraconservateurs sont disposés à résister pacifiquement et affirment disposer de vivres pour plusieurs années.

Les moines dissidents accusent le patriarche oecuménique Bartholomée Ier d’hérésie en raison de son rapprochement avec Rome. Bartholomée Ier à Istanbul, qui a la juridiction sur le Mont Athos, les accuse à son tour de créer un schisme au sein de l’orthodoxie en refusant de reconnaître son autorité. Il a requis l’évacuation de leur monastère d’Esphigmenou selon un décret pris à la mi-décembre, qui les prie de «quitter la péninsule du Mont Athos sans délai». Le délai courait jusqu’à mardi soir, mais le patriarcat de Constantinople n’a pas demandé aux forces de l’ordre de faire sortir de force les moines récalcitrants.

Le supérieur du monastère, l’Abbé Methodios, a déclaré à la BBC que c’était une joie d’être persécuté «pour la vraie foi que nous a donnée Jésus-Christ». Les moines, qui ont fait recours contre leur évacuation devant la Cour suprême, attendent le verdict. En attendant, les communications et le ravitaillement par bateau ont déjà été coupés. L’archimandrite Methodios a déploré le fait que les autorités interdisent désormais la culture des champs.

Le conflit dure déjà depuis trois décennies, et a sa source dans le rapprochement entre l’Eglise d’Orient et l’Eglise de Rome, séparées depuis le Grand schisme de 1054. Le patriarcat va demander aux supérieurs des 19 autres monastères du Mont Athos, la montagne sacrée des orthodoxes, d’élire une autre communauté pour occuper ce monastère du XIe siècle. Les moines de cette communauté ultraconservatrice sont en conflit avec le Patriarcat oecuménique depuis 1972, date à laquelle le patriarche Dimitrios a établi des relations avec le pape Paul VI.

«Le pape est l’Antéchrist»

«Notre Eglise interdit des contacts avec les catholiques et les protestants», a déclaré l’archimandrite Methodios aux journalistes. Depuis des décennies, les moines s’opposent aux efforts de dialogue entre l’orthodoxie et d’autres branches du christianisme. Selon la presse, une bannière affichant «le pape est l’Antéchrist» est restée suspendue aux murs du monastère depuis la visite du pape Jean Paul II à Athènes en mai 2001.

Le Mont Athos, une péninsule escarpée de 350 kilomètres carrés à l’est de la Chalcidique, abrite 20 monastères autonomes, tous fondés entre le 10e et le 16e siècle. Les affaires religieuses du Mont Athos sont gérées par un Conseil composé de représentants de chacun des monastères. A la suite du décret du patriarche Bartholomée, le Conseil a ordonné aux 107 moines du monastère de l’Ascension de quitter le mont Athos, a expliqué Charis Konidaris, porte-parole du synode de l’Eglise orthodoxe de Grèce.

«Toute la question relève de la compétence du Patriarcat», souligne-t- il. «Puisque cela ne relève pas de la juridiction de notre Eglise, nous ne nous opposons pas à cette action ni ne la soutenons.» L’Eglise de Grèce affirme compter 97 % de membres sur les 10,5 millions d’habitants que compte le pays.

Le monastère de l’Ascension, qui date du 11e siècle, contient des icônes byzantines précieuses et des manuscrits et fresques rares. Les femmes ont été interdites du Mont Athos depuis le décret de l’empereur byzantin Constantin en 1060. Mais le Conseil qui gère le Mont Athos a accepté l’été dernier d’autoriser la présence de femmes jusqu’à Zygos, un monastère en ruines situé à l’intérieur de la frontière du territoire, et qui avait été abandonné après un incendie survenu en 1190. (apic/eni/bbc/be)

29 janvier 2003 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 3  min.
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