Grèce: forte opposition orthodoxe au mariage pour tous
Le Parlement grec doit entériner, le 15 février 2024, un projet de loi autorisant le mariage homosexuel. Au nom des valeurs familiales, l’Eglise orthodoxe se mobilise contre la démarche.
La Grèce avait déjà reconnu en 2015 des droits et avantages pour les couples homosexuels vivant sous le même toit. La nouvelle loi les autorisera à se marier et à adopter des enfants. Le texte ne permet cependant pas l’adoption pour ces couples par le biais de mères porteuses. La nation hellène est ainsi le premier pays à majorité orthodoxe à faire ce pas. L’évolution sociale de la Grèce contraste fortement avec d’autres nations majoritairement orthodoxes. Dans la Russie de Vladimir Poutine, notamment, où les associations LGBTQ ont récemment été interdites.
L’Eglise inquiète pour l’institution de la famille
La puissante Église orthodoxe grecque, à laquelle appartiennent plus de 80 % des 11 millions d’habitants du pays, s’est opposée au récent renforcement des droits des LGBTQ, note le quotidien britannique Financial Times. Le Saint-Synode de l’Église de Grèce a envoyé début février 2024 une lettre aux 300 membres du Parlement grec, soulignant les dommages que la nouvelle loi causerait à la famille et aux enfants. «Le projet de loi abolit la paternité et la maternité et place les droits des adultes homosexuels au-dessus des intérêts des futurs enfants, ce qui fera en sorte qu’ils seront élevés par des couples de même sexe et grandiront sans père ni mère dans un environnement où les rôles des deux sexes sont confus», a estimé l’institution religieuse.
La population majoritairement favorable
Certains évêques avaient soutenu l’idée de manifestations nationales contre la loi autorisant les mariages des personnes de même sexe. Mais le projet a été abandonné après que l’archevêque d’Athènes, Jérôme II Hieronymos, l’ecclésiastique le plus haut placé de l’Église orthodoxe, a relevé ne pas vouloir diviser le pays. «Nous ne pouvons pas interférer dans le processus législatif – c’est à l’État de promulguer les lois», a-t-il déclaré. Des représentants de l’Eglise orthodoxe ont tout de même protesté dans les rues de grandes villes ces dernières semaines, notamment avec les forces d’extrême droite également opposées au projet de loi, rapporte le New York Times.
Selon le dernier sondage, réalisé à la fin du mois de janvier, 62 % des personnes interrogées sont favorables au projet de loi. L’enquête a cependant montré que 69 % des personnes interrogées étaient opposées à l’homoparentalité.
Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a porté ce projet de loi tout en étant issu du parti conservateur. Il bénéficie d’une importante popularité eu égard aux bons résultats de la Grèce sur le plan économique. (cath.ch/financialtimes/newyorktimes/arch/rz)