Grzegorz Ryś, un évêque polonais investi dans la nouvelle évangélisation
Mgr Grzegorz Ryś, historien médiéviste de 59 ans, est le premier membre de la Conférence des évêques de Pologne à être créé cardinal par le pape François. En choisissant l’archevêque de Łódź, un diocèse à la taille et au poids historique moindre que celui de villes historiquement cardinalices comme Cracovie, le pape François a opté pour un évêque confronté aux défis de la sécularisation, et doté d’un rayonnement international.
Mgr Grzegorz Ryś voit le jour le 9 février 1964 à Cracovie, ville où il sera baptisé par un acteur important de la vie ecclésiale et politique de la Pologne de l’entre-deux-guerres : Ferdinand Machay (1889-1967). Ce prêtre fut membre du Comité national polonais installé à Paris de 1917 à 1919, et fut nommé sénateur en 1938 par le président Ignacy Mościcki, avant de devenir archiprêtre de la basilique Sainte-Marie de Cracovie de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa mort.
Les restrictions imposées à l’Église catholique par le régime communiste n’empêchent pas Grzegorz Ryś de commencer en 1982 un long cursus universitaire au sein des facultés de théologie et d’histoire de l’Église de l’Académie pontificale de théologie de Cracovie. Plus tard, en 1994, il soutiendra un doctorat en théologie avec une thèse sur la piété populaire en Pologne au Moyen-Âge, et il obtiendra l’habilitation universitaire en 2000 avec une autre thèse consacrée au prédicateur Jan Hus, un religieux exécuté en 1415, fondateur d’une Église dissidente encore active en République tchèque et considéré comme un précurseur de la Réforme protestante.
Entre temps, Grzegorz Ryś est ordonné prêtre en 1988 pour le diocèse de Cracovie par le cardinal Franciszek Macharski, dont le long épiscopat dans cette ville, de 1978 à 2005, couvrira l’ensemble du pontificat de Jean-Paul II, son prédécesseur comme archevêque de Cracovie. Mgr Ryś se situe dans la filiation de ce cardinal décédé en 2016 au surlendemain de la clôture des JMJ organisées dans sa ville, et dont il a notamment repris la croix pectorale.
Après avoir servi comme prêtre en paroisse en Pologne, mais aussi à Londres, Grzegorz Ryś occupe la chaire d’Histoire médiévale au sein de la faculté d’histoire de l’Université pontificale Jean-Paul II. Il assume aussi la direction des archives diocésaines de Cracovie et il œuvre comme consultant pour la radio et la télévision polonaise, notamment lors des voyages de Jean-Paul II dans son pays natal. Connu aussi pour avoir publié de nombreux ouvrages d’histoire et de spiritualité et apprécié pour ses prédications, Grzegorz Ryś devient recteur du Grand séminaire de Cracovie en 2007, avant d’être nommé évêque auxiliaire de Cracovie par Benoît XVI en 2011.
Exerçant alors la charge du vicaire général auprès du cardinal Stanislaw Dziwisz – l’ancien secrétaire de Jean-Paul II, devenu à son tour archevêque de Cracovie en 2005 -, Mgr Ryś ne sera pas directement impliqué dans l’organisation logistique des Journées mondiales de la jeunesse de juillet 2016, mais se voit confier les méditations du chemin de croix. Dans le contexte du Jubilé de la Miséricorde, ces méditations tournées vers « les petits de l’Évangile » sont articulées autour de sept œuvres corporelles et autant d’œuvres spirituelles : loger les pèlerins, donner à manger aux affamés, visiter les prisonniers, pardonner les offenses, instruire les ignorants, supporter patiemment les personnes pénibles…
L’Église polonaise face à la sécularisation
En 2017, le pape François le nomme archevêque de Łódź, une ville marquée par une forte diversité religieuse en tant que foyer historique de la présence juive en Pologne, et par une sécularisation croissante. Particulièrement investi dans la mémoire de la Shoah et le développement de l’amitié judéo-chrétienne, l’archevêque prend également des décisions importantes pour l’avenir de son diocèse, notamment l’établissement du diaconat permanent et la création du séminaire international pour la nouvelle évangélisation Redemptoris Mater.
Il est proche du Chemin néo-catéchuménal, qu’il a découvert à Londres dans les années 1990 : il avait à ce titre participé au Jubilé du Renouveau charismatique à Rome en 2017. Son implication dans la « Nouvelle Évangélisation » et les pèlerinages de jeunes, notamment à Taizé, lui ont permis de gagner une visibilité nationale et internationale.
Dans cette charge d’archevêque de Łódź, un diocèse de 1,4 million d’habitants et comptant environ 550 prêtres incardinés, Mgr Ryś devient l’un des principaux relais des orientations du pape François, notamment en articulant les défis de l’Église universelle avec les spécificités de la réalité polonaise. Signe de la confiance que lui accorde le pape, il exerce parallèlement en 2020 la charge sensible d’administrateur apostolique du diocèse de Kalisz, dont l’évêque titulaire, Mgr Edward Janiak, sera contraint de démissionner pour avoir couvert des abus sexuels sur mineurs commis par un prêtre.
Distance par rapport à la politique
Dans le contexte tendu et polarisé de la campagne pour les élections du 15 octobre 2023, Mgr Ryś invite l’Église catholique à se tenir à distance des débats afin d’éviter tout risque d’instrumentalisation. « Nous avons demandé aux hommes politiques de ne pas impliquer l’Église dans la campagne », insiste Mgr Ryś dans un entretien à l’agence KAI. « Les relations entre l’Église et le monde politique doivent être organisées comme le stipulent notre concordat et la constitution polonaise. L’intention ne devrait pas être d’introduire ou d’approfondir les divisions dans la société », martèle-t-il.
Parfois critiqué pour ses nombreux voyages à Rome et un certain éloignement de la gestion ordinaire de son diocèse, le nouveau cardinal polonais, qui n’a que 59 ans, pourrait se voir confier de nouvelles charges, à Cracovie, à Varsovie – deux diocèses dont les archevêques s’approchent du seuil des 75 ans – ou au Vatican, où la présence polonaise s’est réduite ces dernières années.
Il est le premier évêque actif en Europe centrale à se voir créer cardinal par le pape François, mais un autre Polonais avait été promu en 2018 : le cardinal Konrad Krajewski, intégré en tant qu’aumônier apostolique et désormais préfet du dicastère pour le Service de la charité, est devenu l’une des figures clés du pontificat, notamment en effectuant de nombreuses missions en Ukraine. Les cardinaux Krajewski et Ryś porteront ainsi la voix du pape François dans des Églises d’Europe centrale et orientale parfois déstabilisées par certaines orientations du pontificat actuel, et pourront relayer leurs préoccupations à Rome. (
Le collège des cardinaux comptera dès le 30 septembre 2023 21 nouveaux membres dont «la provenance exprime l’universalité de l’Église qui continue à annoncer l’amour miséricordieux de Dieu à tous les hommes de la Terre», a annoncé le pape François lors de l’angélus du 9 juillet. L'agence I.MEDIA un portrait de chacun de ces hommes en rouge:
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