Toujours sur le front pour défendre les indigènes
Guatemala : Discriminations : plaintes de Rigoberta Menchú
Guatemala Ciudad, 21 janvier 2008 (Apic) Le Prix Nobel de la Paix 1992 Rigoberta Menchú a porté plainte pour discrimination contre les juges de la Cour constitutionnelle. Ces derniers avaient, le 12 décembre dernier, rejeté la compétence de la magistrature espagnole pour juger les responsables des crimes commis principalement contre les populations indigènes pendant la guerre civile (1960-1996).
Dénonçant le manque de collaboration de la part des autorités guatémaltèques, le juge espagnol Santiago Pedraz avait décidé ces derniers jours de renoncer formellement à la collaboration de la magistrature du Guatemala.
« Les magistrats espagnols ont pris leur verdict de manière tendancieuse et discriminatoire » a déclaré jeudi Rigoberta Menchú, en annonçant qu’elle se rendra en Espagne avec dix autres témoins des violences pour faire des dépositions devant les juges de Madrid. L’enquête espagnole avait commencé suite aux plaintes déposées par Rigoberta Menchú en 1999 contre six anciens militaires et deux fonctionnaires de police auprès de l’ »Audiencia nacional » de la capitale espagnole. Dénonçant le manque de collaboration de la part des autorités guatémaltèques, le juge espagnol Santiago Pedraz a par contre demandé la collaboration des médias de certains pays de la région pour qu’ils publient une note demandant à quiconque soit en possession d’informations utiles à l’enquête de témoigner.
Candidate malheureuse aux élections présidentielles
Rigoberta Menchu s’était portée candidate aux élections présidentielles du 9 septembre 2007, essuyant elle aussi les violences au quotidien qui ont lieu au Guatemala, avec de nombreux assassinats politiques.
En été 2007 on dénombrait déjà une quarantaine de morts et une cinquantaine de blessés depuis le début de la campagne en vue des élections de septembre. Sans parler des assassinats de religieux comme celui du Frère Enrique Alberto Olano Merino, 29 ans, tué à coups d’arme à feu en juin, alors qu’il regagnait son pensionnat avec quelques confrères de sa congrégation, les Frères maristes des écoles (Petits Frères de Marie).
Le 21 février 2007, la Guatémaltèque Rigoberta Menchu avait officialisé sa participation à l’élection présidentielle du 9 septembre2007. Née dans un village de montagne d’une famille maya quiché en janvier 1959, Rigoberta Menchu ne tarde pas à se faire porte-parole de la communauté indienne marginalisée du Guatemala. Dès 1981, les violences de la guerre civile et l’assassinat de son père Vicente Pérez, fervent défenseur des droits des indigènes, l’obligent à s’exiler de longues années au Mexique. En 1991, Rigoberta Menchu décide de rentrer au Guatemala et participe à la rédaction par les Nations Unies d’une Déclaration des droits des peuples autochtones. En signe de reconnaissance, elle est nommée « ambassadrice de bonne volonté de l’UNESCO », puis devient la plus jeune lauréate du prix Nobel de la paix à l’âge de 33 ans.
C’est le social-démocrate Alvaro Colom qui avait remporté les élections présidentielles. Le nouveau président a pris ses fonctions le 14 janvier 2008 pour une période de quatre ans. Peut-être un espoir pour les indigènes. En effet, pour la première fois dans l’histoire du pays, le Conseil des Aînés indigènes, représentant les 23 ethnies nationales, a été invité à la cérémonie d’investiture du président. Colo, qui a annoncé la création d’un nouvel ambassadeur des peuples indigènes. (apic/misna/pr/ag/vb)