Le symbole de l’indianité

Guatemala: Rigorberta Menchu Prix Nobel de la paix (161092)

Oslo, 16octobre(APIC) Le prix Nobel de la paix 1992 a été décerné à Rigoberta Menchu, combattante des droits de l’homme guatemaltèque. Le comité

Nobel a fait connaître sa décision vendredi à Oslo. Le prix doté de 1,6

million de francs lui sera remis le 10 décembre dans la capitale norvégienne.

Rigoberta Menchu est née en 1959 dans le village de Chimel, de la commune de San Miguel Uspantlan, dans la province d’El Quiché au Guatémala. Très

jeune, elle travaille avec sa famille dans les champs des grands propriétaires du littoral du sud du pays. En janvier 1980, elle voit son père mourir brûlé par les forces de sécurité de l’Etat guatémaltèque qui réprimaient une manifestation paysanne et indienne. Au mois d’avril de la même année, sa mère fut torturée et assassinée. Ce destin tragique fut aussi le

lot de plusieurs de ses frères. Menacée de mort elle-même, à plusieurs reprises, elle quitte son pays à la fin 1981.

Rigoberta Menchu est connue par sa lutte pour la défense des droits des

Indiens non seulement au Guatémala, mais dans le monde entier. Dirigeante

Maya-Quiché du Comité d’unité paysanne (CUC), elle a participé en 1983 à la

création de la «Réprésentation unitaire de l’opposition guatémaltèque» (RUOG), un organisme qui a dénoncé souvent les violations des droits de l’homme envers les Indiens. Rigoberta Menchu fait aussi partie du Groupe de travail sur les populations indiennes des Nations Unies. Pour son fervent engagement en faveur de la paix et des droits de l’homme, elle a reçu plusieurs prix internationaux dont celui de «l’éducation à la paix» de l’UNESCO

en 1990.

Rigoberta Menchù est devenue le symbole de l’indianité en Amérique latine. C’est à ce titre que l’Argentin Adolfo Pèrez Esquivel, Prix Nobel de la

paix 1980, a présenté sa candidature au Comité Nobel pour 1992 dans le cadre du 5e centenaire de la ’découverte’ de l’Amérique latine. Il cita à

cette occasion ce témoignage de Rigoberta Menchu: «Le combat que j’ai choisi de mener n’a de limites ni dans le temps ni dans l’espace. Seuls ceux

d’entre nous qui portent la cause dans leur coeur sont prêts à prendre tous

les risques.(…) Nous avons camouflé notre identité pour pouvoir mieux résister. (…) Alors a on dit et répété: pauvres indiens qui ne savent parler! cela a fait que d’autres parlent pour nous. C’est pourquoi j’ai décidé

d’apprendre l’espagnol (…)En ce temps qui est le nôtre, avec la patience

de nos ancêtres, nous gagnerons.»

Pour Rigoberta Menchù, expliquait le peintre argentin, «il ne s’agit pas

de prôner la lutte raciale et encore moins de refuser de reconnaître le

fait irréversible de l’existence de la population métisse. Ce qu’elle exige, par contre, c’est la reconnaissance de sa culture, de son caractère inaltérable et de la part de pouvoir qui lui revient de droit».

«De son univers indien et par la force des circonstances, Rigoberta Menchù s’est vue dans l’obligation en tant que victime, et en abandonnant son

travail de catéchiste, d’assumer le destin de son peuple et de devenir la

voix d’un peuple opprimé. Rigoberta a choisi l’arme de la parole comme moyen de combat», concluait Adolfo Perez Esquivel. (apic/kna/dial/mp)

16 octobre 1992 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
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