Poussée d’un islamisme pur et dur et heurts entre musulmans

Guinée Bissau: La justice autorise les activités d’une secte islamiste interdite

Bissau, 22 février 2005 (Apic) Une décision de la justice bissau-guinéenne, d’autoriser la reprise des activités de la secte islamiste des hamadya, interdite en 2002, a provoqué des heurts entre musulmans adverses dans le pays. Par ailleurs, le wahabisme et le chiisme gagnent du terrain.

Les hamadya, d’origine pakistanaise, ont été interdits en Guinée-Bissau en 2002 sur ordre de l’ex- président Coumba Yala. Il les accusait d’être une «menace à la sécurité publique» et avait ordonné l’expulsion de leurs responsables.

Lundi 21 février, le correspondant de Radio France Internationale (Rfi) à Bissau a rapporté qu’un tribunal a annulé la décision de l’ancien président Coumba Yala. Ce dernier avait été renversé par un coup d’état militaire en septembre 2003. Dans son jugement, le tribunal a indiqué que l’ex-chef d’Etat n’avait pas «respecté la procédure légale requise conduisant à l’expulsion» des animateurs de la secte.

Les musulmans des autres tendances (modérés, wahabistes et chiites) se sont opposés au retour et à la reprise des activités des hamadya. Du coup, il y a eu affrontement entre les deux parties, la semaine dernière à Bafata (est). Bilan: cinq blessés dont trois grièvement.

La secte islamique a construit de nombreuses écoles coraniques

Avant la crise de 2002, les hamadya étaient très actifs en Guinée-Bissau où ils comptaient quelque 35’000 membres. Ils s’étaient distingués dans des actions humanitaires, notamment dans les régions les plus défavorisées de l’intérieur du pays. Dans la province de Ohio (au nord), le mouvement a construit une trentaine d’écoles coraniques et des mosquées. Dans celle de Bafata, il a édifié une clinique médicale.

Le retour des fondamentalistes du hamadya intervient dans un contexte de poussée islamiste en Guinée-Bissau où les musulmans représentent 35%. Les musulmans wahabites et chiites, venus de la Guinée-Conakry voisine, à l’est, sont désormais plus nombreux.

Certains d’entre eux, de l’ethnie peuhl, essentiellement commerçants, ont été formés dans les pays arabes du golfe. Ils imposent un comportement islamique pur et dur. A Bissau la capitale, on voit maintenant de plus en plus de femmes voilées et d’hommes barbus dans les rues.

Le gouvernement bissau-guinéen s’est dit conscient du problème des hamadya. Le président de la république par intérim et le premier ministre ont lancé des appels au calme. A leur demande, une commission d’enquête sur les affrontements de la semaine dernière a été mise sur pied. (apic/ibc/vb)

22 février 2005 | 00:00
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture: env. 2 min.
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