Plus de vingt blessés
Guinée: Troubles ethnico-religieux dans le sud du pays
Conakry, 24 octobre 2005 (Apic) Plus de vingt personnes ont été blessées dont quinze grièvement, au cours d’affrontements violents ethnico-religieux à Nzérékoré, dans le sud de la Guinée Conakry. Selon la presse locale, les troubles ont opposé durant plusieurs jours musulmans et chrétiens, du mercredi 19 au vendredi 21 octobre
Selon des sources locales, les incidents ont débuté vendredi quand des musulmans de l’ethnie Konianké, à l’heure d’une prière musulmane, ont demandé à des chrétiens appartenant à l’ethnie Guerzé, qui fêtaient un évènement dans le quartier populaire Zégbéla Togba, de baisser le volume de leur musique.
Ces derniers ont refusé au motif que le Muezzin (religieux musulman qui appelle à la prière) du quartier les réveille tous les jours très tôt pour l’appel à la prière musulmane au son de haut-parleurs installés sur le minaret d’une mosquée, a précisé la source.
Après la prière, les musulmans se sont livrés à des actes de vandalisme contre les chrétiens. Des coups de feu ont été entendus à la tombée de la nuit, selon la même source, et des fidèles musulmans ont saccagé un débit de boisson de vin de palme, une vidéothèque et le local de sonorisation de la fête des Guerzé.
Les forces de sécurité ont procédé à des interpellations, a-t-on indiqué de source policière. Le calme était revenu dans la région dimanche, mais le gouverneur de N’Zérékoré, le lieutenant-colonel Lamine Bangoura, et le préfet de la ville, le commandant Algassimou Barry, ont décrété un couvre-feu, a-t-on précisé.
Le lieutenant-colonel Bangoura, gouverneur de la région administrative de Nzérékoré, a minimisé ces incidents. Il a évoqué une «incompréhension entre deux groupes». «Ce n’est pas un problème de religion, ni ethnique», a-t-il estimé lundi sur les ondes de la Bbc.
La tension entre les communautés guersé et conganké remonte à plusieurs siècles. Les autochtones guersés sont des propriétaires terriens. Leurs parcelles leur ont été arrachées vers le 18e siècle, sur ordre de l’almamy Samory Touré, un ancien puissant roi musulman guinéen qui a introduit l’islam en Afrique de l’Ouest tropicale (Guinée Conakry, Sierra- Léone, Côte-d’Ivoire, entre autres).
Les guersés ont pu récupéré une partie de leurs champs tout en laissant contre leur gré, le reste aux musulmans. Depuis, un conflit latent oppose les deux camps.
L’année dernière, plusieurs dizaines de personnes des deux communautés ont été tuées dans la même ville de Nzérékoré, à la suite d’une banale histoire d’imam frôlé par une bicyclette sans freins, a rappelé pour sa part, le correspondant de la radio francophone panafricaine, «Africa n°1». (apic/ibc/pr)