Canada: Décès du Père oblat Jean Monbourquette
Il avait réconcilié la psychologie et la spiritualité
Ottawa, 30 août 2011 (Apic) Le Père Jean Monbourquette est décédé dimanche 28 août 2011 à Ottawa, à l’âge de 78 ans. Auteur de nombreux ouvrages consacrés au développement personnel, conférencier très apprécié, le religieux oblat canadien a été un des premiers à rapprocher l’approche psychologie et l’approche spirituelle.
Jean Monbourquette, né à Iberville en 1933, au Québec, est entré en 1954 dans la Congrégation des Oblats de Marie Immaculée où il fut ordonné prêtre en 1958. Après avoir été professeur à l’École secondaire de l’Université d’Ottawa de 1959 à 1967, il devint vicaire dans la paroisse Notre-Dame de Hull. En 1975, après des études en psychologie à San Francisco, il enseigne au Centre Saint-Pierre de Montréal et à l’Institut de Pastorale de l’Université Saint-Paul d’Ottawa, jusqu’à sa retraite.
Celui qui voulait devenir «médecin des âmes» s’était formé à la psychologie en Californie. Il se passionna pour les méthodes nouvelles telle l’analyse transactionnelle, la programmation neuro-linguistique et la Gestalt-thérapie, mais aussi pour la pensée du psychanalyste Carl-Gustav Jung. Conseiller personnel, conjugal et familial, il développe une réflexion et une pratique autour desquelles il fonde des groupes de travail intitulés «Aimer, perdre, grandir».
Ses recherches portent sur les rapports de la psychologie et de la spiritualité, notamment sur la dynamique du deuil, l’accompagnement des mourants, le processus psycho-spirituel du pardon, l’estime de soi et la mission personnelle dans la vie. Il aborde ces questions pour tous les publics, non seulement dans ses cours et ses nombreux livres, mais aussi dans des conférences qui le mènent dans tout le monde francophone. Certains de ses livres ont été traduits dans une douzaine de langues dont le chinois et le japonais. Parmi ses ouvrages à succès, on peut citer «Comment pardonner», «Apprivoiser son ombre», «A chacun sa mission».
Lors d’une session pastorale à Matran, en Suisse, en 1998, Jean Monbourquette avait développé la notion du pardon chrétien : Le pardon chrétien a lui une autre richesse. Il inclut la dimension divine sans lequel il serait bien souvent au dessus des forces humaines. Il correspond au plan de Dieu sur nous. Vouloir pardonner immédiatement sur un pur acte de volonté est néanmoins très difficile et peu de gens en sont capables. Le pardon intégral qui permet de guérir les blessures nécessite de nombreuses étapes. Il chemine à travers notre émotivité blessée. C’est une conversion. Quand notre cœur est prêt, nous nous laissons toucher par le pardon de Dieu que nous pouvons à notre tour transmettre à notre offenseur dans un processus qui respecte à la fois la psychologie humaine et la spiritualité chrétienne.
Au lieu du pardon, on peut toujours choisir la vengeance qui procure une sorte de satisfaction provenant d’une «justice» dans la souffrance mutuelle. C’est un sentiment humain, mais Jésus ne l’admet pas. Il contient le risque d’engendrer une spirale de la violence. «Je veux faire souffrir l’offenseur autant qu’il m’a fait souffrir.» Mais la souffrance étant un sentiment subjectif, le risque de représailles et de contre-représailles est énorme.
Le pardon ne veut pas dire qu’il faut renoncer à réclamer justice, mais qu’il faut rejeter la violence pour l’obtenir. Face à cette difficulté du pardon, il faut aussi admettre que cette démarche ne dépend pas que de nos propres forces, mais qu’elle est un signe de la grâce de Dieu, relevait Jean Monbourquette. (apic/mp)