Laos: Feu vert des autorités pour l’ordination du Père Buntha Silaphet au vicariat de Luang Prabang
Il est le premier prêtre ordonné au vicariat depuis plus de 30 ans
Luang Prabang, 1er février 2011 (Apic) Après avoir retiré le 10 décembre dernier, à la dernière minute, leur autorisation pour l’ordination du Père Pierre Buntha Silaphet, les autorités laotiennes ont finalement accepté que le séminariste catholique, âgé de 34 ans, soit ordonné prêtre au titre du vicariat apostolique de Luang Prabang, a indiqué Eglises d’Asie (EDA), l’agence des missions étrangères de Paris (MEP), le 1er février.
L’ordination du Père Pierre Buntha Silaphet a eu lieu le 29 janvier dernier, à Thakhek, 800 km plus au sud de Luang Prabang, en présence d’une assemblée d’un millier de chrétiens, principalement des catholiques. Présidée par Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, évêque du vicariat apostolique de Paksé – le vicariat le plus méridional du pays (1) -, la messe d’ordination a donné au vicariat apostolique de Luang Prabang son premier prêtre depuis plus de trente ans.
Liberté religieuse sévèrement restreinte
En effet, après l’arrivé au pouvoir des communistes en 1975 et l’expulsion des missionnaires étrangers du pays, la liberté religieuse a été très sévèrement restreinte et les activités des Eglises étroitement surveillées. Pour le vicariat apostolique de Luang Prabang, qui couvre une vaste région montagneuse dans la partie nord du Laos, on ne comptait qu’un seul prêtre, Mgr Tito Banchong Thopayong, l’administrateur apostolique du vicariat. Ce dernier, qui a passé un total de neuf années en prison (en trois détentions successives), voit encore aujourd’hui sa liberté de mouvement limitée. Il lui est souvent difficile de rendre visite aux quelque 2’650 fidèles des communautés catholiques, réparties en six paroisses. Ce n’est que récemment, depuis l’installation il y a un an dans l’ancienne capitale royale de religieuses engagées auprès d’enfants handicapés, que le prêtre peut résider à Luang Prabang.
Le Père Buntha Silaphet vient donc épauler Mgr Tito Banchong Thopayong, mais, ainsi que l’indique une source proche de l’Eglise du Laos, il reste à vérifier si le Père Buntha Silaphet sera effectivement autorisé à exercer son ministère. Selon le témoignage d’un prêtre catholique recueilli par l’agence Ucanews, une vingtaine d’habitants de Phomvan, le village natal du prêtre nouvellement ordonné, ont été empêchés d’assister à la messe d’ordination du 29 janvier.
Fils d’agriculteurs
Originaire de Phomvan (province de Sayaboury), dans le nord du Laos, le Père Buntha appartient à l’ethnie K’hmu (2). Issu d’une famille d’agriculteurs, dernier de sept enfants, il a grandi dans un milieu évangélisé dans les années 1960 par le Père Piero Maria Bonometti, OMI. Il a étudié au grand séminaire Saint-Jean-Vianney de Thakhek (province de Khammouane), ainsi qu’aux Philippines, où il a passé un an pour apprendre l’anglais.
Au Laos, sur une population de six millions d’habitants, bouddhistes dans leur très grande majorité, on compte 43’000 catholiques, quinze prêtres et une centaine de religieuses.
Notes
(1) L’Eglise catholique au Laos est formée de quatre vicariats apostoliques: Luang Prabang, Vientiane, Savannakhet et Paksé.
(2) Les K’hmu (ou Khomu, Khmou, Kammu, Kuemu), de langue môn-khmer, forment la plus importante minorité ethnique du Laos (11% de la population). Ils seraient les premiers occupants du pays. Peu considérés par les Lao, ils vivent essentiellement dans les régions montagneuses du nord du pays. Le Père Pierre Buntha et Mgr Louis-Marie Ling Mangkhanekhoun, vicaire apostolique de Paksé, sont tous deux des K’hmu. (apic/eda/nd)