Jordanie: Le rapport américain sur la liberté religieuse critiqué par le Père Rifaat Bader
Il présente une fausse image du pays et ignore l’harmonie religieuse qui y prévaut
Amman, 23 novembre 2009 (Apic) Le dernier rapport annuel du Département d’Etat américain sur la liberté religieuse dans le monde (*), publié à Washington fin octobre, a été vivement critiqué par le Père Rifaat Bader, curé de la paroisse jordanienne de Naour. Le prêtre catholique estime que le chapitre concernant le Royaume de Jordanie présente une fausse image du pays et ignore la réalité jordanienne caractérisée par l’harmonie religieuse.
Le prêtre jordanien affirme que les allégations contenues dans le rapport du Département d’Etat qui parlent de discrimination et de restriction des droits des chrétiens en Jordanie «sont infondées et la coexistence positive (en Jordanie) est la meilleures réponse à ce rapport». Le Père Rifaat Bader appartient au Patriarcat latin de Jérusalem, dont le territoire inclut la Jordanie.
Le rapport 2009 sur la liberté religieuse dans le monde (Report on International Religious Freedom) note bien que la Constitution jordanienne stipule qu’il ne doit pas y avoir de discrimination sur la base de la religion. Mais il souligne par contre que l’application par le gouvernement de la loi islamique (la charia) porte atteinte à la liberté et aux droits religieux inscrits dans la Constitution, notamment en interdisant la conversion des musulmans et en discriminant les minorités religieuses dans certains domaines en lien avec le droit de la famille, notamment les lois sur l’héritage.
Discriminations légales contre les membres de groupes religieux non reconnus
Les membres des groupes religieux non reconnus font également face à des discriminations légales. Des citoyens suspectés de faire du prosélytisme en milieu musulman sont dans le collimateur des autorités, et quelques convertis au christianisme ont subi des pressions pour retourner à l’islam, note le rapport américain.
Pour le Père Bader, les allégations de ce rapport font référence à l’expulsion de la Jordanie de certains membres de groupes chrétiens américains venus dans le pays «sous le couvert d’activités humanitaires» et qui en fait se sont comportés de façon suspecte et illégale. Le prêtre jordanien accuse le rapport du Département d’Etat américain d’avoir des motivations politiques plutôt que de viser à chercher la vérité sur la situation des droits de l’homme en Jordanie.
Lors de la présentation du rapport, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton avait indiqué que les Etats-Unis s’élèveraient toujours contre les discriminations basées sur la religion et contre les persécutions, mais qu’ils n’étaient pas d’accord avec la restriction de la liberté d’expression sous prétexte de punir ou d’interdire les discours offensants contre la religion.
Le rapport, commandé par le Congrès américain, et qui couvre 189 pays, critique vivement les pays où les religions sont soumises à des contrôles stricts. Ce sont souvent des pays où les droits de l’homme ne sont pas respectés, comme l’Iran et la Corée du Nord. Le rapport loue en revanche les progrès faits en faveur de la bonne entente religieuse en Jordanie et salue le fait que le gouvernement jordanien joue un rôle important en promouvant le dialogue interreligieux et l’harmonie. Il mentionne les efforts faits lors de la visite du pape Benoît XVI en Jordanie en mai dernier. Il note aussi une amélioration au Vietnam, à Cuba et dans plusieurs Etats d’Asie Centrale. (*) 2009 Report on International Religious Freedom, State Department, Washington. (apic/com/cns/be)