Commencé en 2021, le procès de 'l'immeuble de Londres' est proche de son épilogue | © Vatican Media
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Immeuble de Londres: le verdict final attendu à la mi-décembre

Le verdict final du procès de l’affaire dite ‘de l’immeuble de Londres’ devrait être délivré au milieu du mois de décembre 2023, a annoncé le juge du Tribunal du Vatican Giuseppe Pignatone, lors de la 75e audience du procès, le 8 novembre. Lors de cette brève audience, la défense du courtier italien Gianluigi Torzi a critiqué l’enquête «chaotique» du promoteur de justice.

Le juge Giuseppe Pignatone a annoncé les dernières étapes du procès, qui devrait finalement se conclure deux ans et demi après son lancement, le 27 juillet 2021. La matinée du 11 décembre sera consacrée au réquisitoire final du promoteur de justice Alessandro Diddi. L’après-midi permettra aux parties civiles – la secrétairerie d’État, l’Autorité de surveillance et d’information financière (ASIF), l’Institut des œuvres de religion (IOR), l’Administration du patrimoine du siège apostolique (APSA) et le témoin Mgr Alberto Perlasca – de s’exprimer une dernière fois.

Une audience est enfin planifiée le 12 décembre pour les plaidoiries finales de la défense des dix accusés. Le juge Pignatone a annoncé que le tribunal rendrait son verdict entre le 13 et le 15 décembre. Un programme «non négociable, car nous touchons au but», a-t-il insisté.

Méthodes d’interrogatoire «agressives»?

La défense de Gianluigi Torzi a débuté sa plaidoirie le 8 novembre. Le courtier italien est mis en cause pour détournement de fonds, corruption, fraude aggravée, blanchiment d’argent et extorsion, dans le cadre des transactions financières entourant la gestion d’un immeuble londonien qui appartenait à la Secrétairerie d’État. Le promoteur de justice a requis à son encontre sept ans et six mois de réclusion, une interdiction perpétuelle de l’exercice de la charge publique et 9000 euros d’amende notamment.

Matteo Santamaria, l’avocat de Gianluigi Torzi, a critiqué durement le réquisitoire du promoteur Alessandro Diddi. Selon lui, l’enquête de ce dernier serait quelque peu «chaotique» étant partie de «suppositions erronées» pour ensuite tenter de les démontrer. Matteo Santamaria a attaqué les «méthodes d’interrogatoire très agressives» du promoteur ainsi que les «questions préjudiciables» posées à son client, en particulier lorsque celui fut incarcéré pendant dix jours au Vatican en juin 2020. Un épisode «douloureux», a-t-il insisté.

«Gonflement» de commission?

La plaidoirie de l’avocat a ensuite contesté méthodiquement la thèse du promoteur, qui reproche à Gianluigi Torzi d’avoir gonflé artificiellement un versement effectué à l’homme d’affaires Raffaele Mincione en novembre 2018. Gianluigi Torzi avait été missionné par le Saint-Siège pour reprendre le contrôle de l’immeuble londonien, dont la gestion était jusqu’alors confiée à Raffaele Mincione. La somme de 40 millions d’euros alors versée a été qualifiée, chiffres à l’appui, «d’appropriée» par l’avocat de Gianluigi Torzi.

Matteo Santamaria a aussi dénoncé la déposition «inquiétante» de l’architecte Luciano Capaldo et laissé entendre qu’il devrait siéger sur le banc des accusés. Ce dernier, entendu comme témoin, a été le gestionnaire de l’immeuble après Gianluigi Torzi à partir de juillet 2019. Le second avocat de Gianluigi Torzi, Marco Franco, doit conclure la plaidoirie le 21 novembre prochain, en abordant la question de l’extorsion dont est accusé son client. Les audiences des 9 et 10 novembre seront consacrées à la plaidoirie de la défense de l’homme d’affaires Enrico Crasso. (cath.ch/imedia/cd/ic/rz)

Le procès dit de ‘l’Immeuble de Londres’ est l’aboutissement de plus de deux ans d’une enquête menée par le Vatican concernant l’achat par la Secrétairerie d’État d’un immeuble à Londres pour un montant de 350 millions d’euros entre 2014 et 2018. Le Vatican maintient que la transaction était problématique et conçue pour escroquer des millions d’euros à la Secrétairerie d’État. L’investissement, initié en 2013, a été financé avec l’argent du fonds de gestion du Denier de Saint-Pierre, soit les dons des fidèles. Les accusés prétendent que leurs actions étaient légales et que les autorités du Vatican étaient au courant.
Depuis 2021, le Vatican intente une action en justice contre les personnes impliquées dans la transaction de Londres – et d’autres personnes accusées de délits financiers – au nom des parties lésées: le Saint-Siège, la Secrétairerie d’État et l’IOR (communément appelée la «banque du Vatican»).
Il s’agit du plus grand procès de l’ère moderne pour des délits financiers au Vatican, avec 10 accusés (dont l’avocat suisse René Brülhart et le cardinal italien Angelo Becciu) et une longue liste de chefs d’accusation, parmi lesquels le détournement de fonds, le blanchiment d’argent, l’abus de fonction, l’extorsion et la fraude (à noter que tous les accusés ne sont pas concernés par tous les chefs d’accusation). C’est également la première fois qu’un cardinal est jugé par des magistrats laïcs au tribunal du Vatican.
Avant d’être destitué, en novembre 2020, le cardinal Becciu était le deuxième fonctionnaire de la Secrétairerie d’État du Vatican, le puissant département curial au centre de l’enquête sur les malversations financières. Il a toujours nié tout acte répréhensible.

Toutes les accusations ne sont pas strictement liées à cette transaction. Le cardinal Becciu est soupçonné d’avoir envoyé de l’argent du Vatican à une organisation caritative dirigée par son frère, en Sardaigne. Dans ce cadre, il aurait payé une autre accusée du procès, Cecilia Marogna, pour établir des dossiers compromettants sur des membres du personnel du Vatican. RZ

Commencé en 2021, le procès de 'l'immeuble de Londres' est proche de son épilogue | © Vatican Media
9 novembre 2023 | 15:22
par I.MEDIA
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