La nouvelle salle du tribunal de la Cité du Vatican | © Vatican Media
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Immeuble de Londres : Mgr Carlino n'a fait qu'obéir à Mgr Peña Parra

«On ne peut pas crucifier un fonctionnaire qui a fait son devoir», a affirmé la défense de l’ancien fonctionnaire de la secrétairerie d’État Mgr Mauro Carlino, lors de la 78e audience du procès de l’affaire dite ›de l’immeuble de Londres’, qui s’est déroulée le 20 novembre 2023 au Vatican. Affirmant que le prélat n’a fait que suivre les ordres donnés par sa hiérarchie, elle a demandé l’acquittement de toutes les charges qui pèsent contre lui.

Entre 2011 et 2019, Mgr Carlino a été secrétaire du substitut de la secrétairerie d’État, servant le futur cardinal Angelo Becciu puis Mgr Edgar Peña Parra. Aujourd’hui simple curé dans les Pouilles, il est accusé d’avoir participé à une extorsion de 15 millions d’euros au Saint-Siège en 2019. Le promoteur de justice Alessandro Diddi a requis à son encontre cinq ans et quatre mois de réclusion, une interdiction perpétuelle de l’exercice de la charge publique et 8.000 euros d’amende.

En janvier 2019, le substitut Mgr Peña Parra avait demandé à Mgr Carlino de l’aider à négocier avec le courtier Gianluigi Torzi pour reprendre le contrôle de l’immeuble de 60 Sloane Avenue, que ce dernier s’était arrogé – malhonnêtement, selon le promoteur de justice – à l’insu de la secrétairerie d’État quelques semaines plus tôt. Sa mission s’est conclue par le paiement de 15 millions d’euros à M. Torzi en mai 2019 – une extorsion dont il serait complice selon le promoteur.

Cependant, Mgr Peña Parra, lors de l’audience du 16 mars dernier, avait déclaré que Mgr Carlino avait « fait son devoir avec compétence et loyauté ». Des mots soulignés avec insistance par Me Salvino Mondello, avocat de Mgr Carlino, lors de sa plaidoirie.

Selon l’avocat, le témoignage de Mgr Peña Parra aurait dû être « la pierre tombale de toute accusation », déplorant que le promoteur de justice s’appuie sur une « idée préconçue et préjudiciable » dans le but de « frapper les gens à tout prix ». Critiquant la nature « mystificatrice » de l’accusation, il a insisté sur l’absence de «la moindre preuve» contre Mgr Carlino, affirmant au contraire que ce dernier avait agi avec un « esprit de sacrifice » dans cette affaire.

En effet, l’avocat a retracé jour par jour le déroulement de l’affaire entre janvier et mai 2019 pour montrer non seulement que tout ce qu’avait entrepris Mgr Carlino était connu de son supérieur, Mgr Peña Parra. Mais aussi que c’est bien ce dernier et le pape en personne qui avaient pris la décision de payer Gianluigi Torzi pour reprendre le contrôle de l’immeuble. Le promoteur estime pour sa part que le Saint-Siège a payé beaucoup plus que ce qu’avait prévu le pape.

Tenu par le secret pontifical

L’avocat a également souligné que les questions économiques étaient placées sous le secret pontifical depuis la publication en 2016 d’un rescrit ›ex audientia› – avalisé par le pontife – signé par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, ce qui aurait empêché Mgr Carlino de dénoncer une extorsion même s’il l’avait voulu. Ce rescrit a été levé à la fin de l’année 2020 par le pape François.

Me Mondello a demandé au tribunal de ne pas faire interpréter la « décision d’État douloureuse, dramatique, compliquée » que son client a aider à prendre sur ordre de sa hiérarchie « comme une action illégale menée par un fonctionnaire de second rang ». Haussant le ton, il l’a martelé : son client « n’a pas profité, n’a pas bénéficié » de son action, en témoigne son compte courant où aucun actif ne peut être lié à cette affaire.

La prochaine audience se tient le 21 novembre, avec la fin de la plaidoirie des avocats de Gianluigi Torzi. Elle sera suivie, le 22 novembre, de la plaidoirie de la défense du cardinal Angelo Becciu. (cath.ch/imedia/ic/cd/mp)

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21 novembre 2023 | 11:39
par I.MEDIA
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