Inde: Appel de l’Alliance réformée mondiale contre la mondialisation
Ne pas se contenter d’une «guerre de mots»
Bangalore, 26 juillet 2000 (APIC) Choan-Sen Song, président de l’Alliance réformée mondiale (ARM), a lancé un appel aux Eglises, les exhortant à agir contre la mondialisation et à ne pas se contenter d’une «guerre de mots».
La mondialisation et ses effets négatifs, en particulier sur la population des pays en développement, ont à plusieurs reprises été dénoncés par les Eglises et organisations qui s’y rattachent, aussi bien dans les pays industrialisés de l’Europe occidentale et d’Amérique du Nord que dans les pays en développement d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Dans son allocution d’ouverture, le président de l’ARM, le professeur Choan-Sen Song, a souligné devant les 70 délégués qui assistaient au Comité exécutif de l’organisation (21 – 29 juillet), que la mondialisation était «la poursuite implacable de politiques entièrement dictées par la domination économique dans cette période de l’après-guerre froide».
Le professeur Song, théologien presbytérien originaire de Taiwan, président de l’ARM depuis 1997, a rappelé la déclaration faite par l’ARM la même année sur l’injustice économique, et ajouté: «Le monde en est arrivé à ne pas prendre au pied de la lettre les confessions et déclarations faites par les communautés chrétiennes et à considérer que lorsque nous, les chrétiens, disons quelque chose, nous ne le pensons pas sérieusement».
«La plupart des Eglises membres de l’Alliance et de nombreuses Eglises d’autres confessions et traditions sont profondément compromises dans l’injustice économique et la destruction de l’environnement provoquées par l’expansion continuelle des industries et des économies de leur nation», a poursuivi le professeur Song. «En de nombreux cas, les Eglises profitent même de ce que le 23e Assemblée générale a dénoncé comme injustice économique et destruction de l’environnement».
«Pour rendre encore les choses plus difficiles», a-t-il poursuivi, de nombreux chrétiens et Eglises ne sont pas «les victimes involontaires de la culture de cupidité et de violence engendrée par la mondialisation de l’économie, mais, bon gré mal gré, ils en font partie».
Déplorant les effets sur les êtres humains de la mondialisation de l’économie, le professeur Song a déclaré que «nous courons le risque de voir l’humanité déshumanisée, privée de sa spiritualité».
«Avoir le courage de dire non»
Le moment est venu pour les membres de l’ARM, a-t-il poursuivi, «d’avoir le courage de dire `non’ à ce que nous avons fait depuis des années, et de dire `oui’ à ce que nous n’avons jamais osé faire». Ceci devait être la préoccupation centrale des 215 Eglises de l’ARM et des ses 75 millions de membres.
Interviewé par le correspondant d’ENI après son allocution, le professeur Song a dit: «C’est une question fondamentale pour l’Alliance, car elle affecte notre crédibilité. Tant que nous ne pratiquerons pas ce que nous prêchons, nous n’avons aucune crédibilité. Il ne suffit pas de faire une déclaration dans laquelle nous dénonçons la mondialisation et continuer de la soutenir et d’en profiter». Il y a des Eglises dans le Nord qui investissent dans des multinationales – agents de la mondialisation. Des chrétiens sont parmi ceux qui préconisent une mondialisation de l’économie». (apic/eni/aa/ba)